Kalimera, salut à tous,
Au moment où je vous écrit, Wadi Rum roule d’un bord sur l’autre dans une houle de travers pas très agréable, le ciel est gris et bas, les nuages lourds de menaces, et Sylvie, de veille dans le cockpit, bien couverte, au bord de la nausée… le moteur ronronne, faute de vent et le déssalateur est en panne ! Et, ça y est, il pleut ! Et c’est même un bon grain, bien serré ! Y avait longtemps ! Au moins ça va rincer le bateau à l’eau douce, ce qui est rarissime ici, on ne lave pas les bateaux à l’eau du robinet ! L’eau, c’est pour boire ! Vous voyez, c’est pas tous les jours génial !
Nous avons donc quitté Missilonghi le 29 mai, et laissé nos copains de Téata Blue reprendre leur route vers l’Est et le canal de Corinthe. Le soir même, "Wadi Rum " avait rendez-vous avec "Kosmos " et son équipage rochelais, à Kastos, petite île très agréable à coté de Kalamos. Soirée très amicale avec Gilles et Marite et leur équipière galloise Ined.
Puis c’est " La Marie Colette " qu’on retrouve à Sami en Céphalonie… Oui, oui, les ceusses qui sont attentifs l’ont remarqué, on y a déjà fait escale. J-Pierre et Laurence nous avaient accueillis à Preveza à notre arrivée en octobre 2007. Joie des retrouvailles !
Nous revoilà donc en Céphalonie, c’est l’occasion de vous raconter un autre fait de guerre tragique. 1943, 2° guerre mondiale. L’Italie alliée de l’Allemagne a envahi la Grèce, et en particulier, une division de chasseurs alpins de 9000 hommes occupe Céphalonie. Trop mollement au gré des nazis, et même, le maréchal italien Badoglio signe un armistice avec les Alliés ! Trahison, bien sûr, pour les allemands qui attaquent les italiens avec leurs stukas et leurs panzers et déciment la division alpine. Les survivants, 350 officiers et 4700 soldats se rendent. Sur l’ordre particulier d’Hitler, ils sont tous fusillés en masse !! 34 s’en sortent, aidés par la population grecque. No comment ! Rappelez-vous, " ils " avaient fait le coup déjà avec l’armée polonaise ! Cette histoire pas gaie du tout est relatée dans le film assez récent : " la mandoline du capitaine Corelli ", tourné ici, sur place. Sombre passé, qui rappelle que l’homme est un chien… capable du pire, et cela, quelque soit l’époque !
Voyons notre actualité plus souriante. Comment vit on en Grèce ? (elle m’emmerde cette houle, j’arrive même plus à taper sur le clavier ! Tout valdingue dans le carré !) On vit à l’heure GMT : Greek Maybe Time ! (et non Greenwitch Meridian Time, pour ceux qui avait oublié, qui d’ailleurs, s’appelle maintenant UTC, universal time coordonnated !) Et c’est vrai qu’il est impossible de compter sur eux ! Mais ils sont vraiment très gentils et serviables ! Les tavernes, y en a partout, avec des menus très standards. C’est bon mais toujours pareil ! Viandes et poissons et poulpes, calamars ou seiches grillés le plus souvent, frites ou riz (basta !) Quant à la moussaka, c’est pour les touristes, alors c’est la loterie ! (très " pas bon " quand ça sort du congèle !) Les prix ? Ah, mon bon monsieur, ça a bien augmenté, merci l’Europe, la nôtre, pas la fille du roi Agenor dont Zeus tomba Zamoureux ! (Ah la mythologie grecque ! J’en aurai des trucs à vous raconter loin des oreilles chastes !) Bref pour un petit gaster simple compter entre 10 et 15 euros ! L’après-midi tout est mort, tout est fermé, c’est la sieste, sacro sainte, sauf les grandes surfaces, désertes où ne traînent que les touristes. (bon, je vais prendre l’air… j’ai mal… au… cœur… houps ! attention aux renards ! Non je rigole… quoique !) Puis tout s’anime à nouveau à partir de 17-18h… Les cafés se remplissent… On s’assoit seul ou avec des amis, ou en famille pour boire de tout, comme chez nous, mais surtout du café, des cafés plutôt : expresso italien, cappuccino, café grec (surtout ne commandez pas un café turc ! mais c’est le même !) avec le marc au fond, à laisser reposer longtemps, et le café frappé (nescafé monté en mousse au mixer servi glacé dans un grand verre, avec plein de glaçons (j’avoue que j’aime bien ça ! c’est très désaltérant !). Un verre d’eau fraîche accompagne toujours les cafés, et on peut rester des heures avec un seul café… Eux, les grecs dînent très tard… donc, dans les tavernes, première tournée pour les touristes, ensuite les locaux ! Et l’ " ouzo " national, notre pastis sans la réglisse, se prend en apéro, plus ou moins dilué, ou en digestif ! Eux le prennent souvent pur, avec un grand verre d’eau à coté ! Bref, tout est bien sympa, et on s’adapte, somme toute, facilement ! D’ailleurs les cales de Wadi Rum sont pleines d’Ouzo, y a pas de rhum ici !
Killini fut notre première escale sur le Péloponèse et les vieilles pierres de la citadelle sur la falaise, nous parlent de Guillaume de Villehardouin. Eh oui, un petit gars bien de chez nous, et même un champenois ! Les Croisés, dans les années 12OO passent par ici, le Peloponèse, trouvent le coin sympa et s’y installent ! Ca s’appelle la Morée. Et avant que les turcs nous chassent, on y restent 2 à 3 siècles, avec les Angevins de Naples et les Vénitiens ! Et je résume ! Bref, Killini, c’était Clarence La Superbe ! Grand port de commerce de l’époque ! Vous verrez, je vous reparlerai de ce Guillaume de Villehardouin qui a fait des forteresses partout dans ce coin ! Il avait comme copain Guillaume de Champlitte ! Il ne se doutait pas que je serai vétérinaire à Champlitte 800 ans après ! Moi non plus, d’ailleurs !
Escale à Zakinthos, l’ancienne Zante, la " fleur de l’Orient ". Très beaux paysages de falaises, découverts avec J-Pierre et Laurence… plage de ponte des tortues (Caretta Caretta) au sud… Pauvres tortues qui doivent partager le sable avec les parasols et les transats… pas facile de faire de la protection de la Nature quand le Pognon est roi ! On gardera le souvenir, désagréable d’une tentative de rackett de la part du responsable du port ! J’ai été " cafter " aux Coast Guards et on a récupéré nos 50 euros ! Petit salopard !
Katakolo, de nouveau sur le Peloponèse, pour suivre sur l’atlas ! Un petit autorail, genre TER, nous conduit à Olympie. Quelle surprise, les collines tout autour du site, sont calcinées ! On avait oublié que les incendies de l’année dernière avaient laissé ces traces de désolation. Ici, le décor est moins grandiose qu’à Delphes, mais l’histoire tout aussi passionnante ! Imaginez, les premiers JO, il y a 28OO ans ! Les cités grecques en guerre font la trêve pendant ces 8 jours d’épreuves sportives. Mais ça ne rigolait pas : 3 épreuves de sport de combat (entre autres course à pied, lancement du javelot, du disque, et course de char): lutte, pugilat et pancrace. Dans cette dernière épreuve, il est arrivé que le vainqueur désigné mourrait peu après… imaginez l’état du vaincu ! Bon, le public rigolait bien (le public, rien que des hommes, forcément les concurrents, que des hommes, étaient tous nus). Et toutes ces festivités, en l’honneur de Zeus. Comme c’était un peu beaucoup païen, l’empereur byzantin Théodose les interdit vers 400 après JC. Et vous connaissez la suite avec Pierre de Coubertin… Quelle année déjà ?
Et encore une bataille navale ! J’espère que vous y prenez goût ! Celle-ci est capitale pour la Grèce. La guerre d’indépendance a commencé en 1821, vous vous souvenez… révolte des Grecs contre les Turcs… répression sanglante… Missolonghi et son siège héroïque… En 1827, ça se présente très mal pour les Grecs ! Les Turcs restent maîtres du terrain et, les alliés (Angleterre, France, Russie) ont préparés une sorte d’autonomie de la Grèce sous contrôle de la Turquie !!! que les Grecs sont bien obligés d’accepter. Or, le 17 octobre 1827, toute la flotte turco-égyptienne est au mouillage, c'est-à-dire à l’ancre (très important pour la suite) dans la rade de Navarino (Pilos aujourd’hui !) Cette armée ottomane terrorise la région. Et passant par là, la flotte alliée avec des vaisseaux anglais, français et russes, se pointe dans la rade où la flotte turque est positionnée en arc de cercle, prête à faire feu. Les alliés n’ont pas l’intention d’engager le combat, ils veulent seulement impressionner les Turcs, d’autant qu’ils ont 2 fois moins de bateaux et de canons que les Ottomans. Et l’escadre alliée commence à entrer dans la rade, quand un artilleur turc, trop fébrile, ne résiste pas au stress et met le feu aux poudres (c’est le cas !) en tirant le premier coup de canon ! La riposte alliée est immédiate et sanglante, les bateaux turcs sont immobilisés sur leur ancre, les alliés sont manoeuvrants ! 4 heures de combat terrible : 6000 marins turcs tués, 174 alliés (seulement !) et pratiquement toute la flotte turque par le fond ! " Un déplorable malentendu " diront les anglais. En 1830 la Grèce sera indépendante et souveraine ! Après, quand même, que le corps expéditionnaire français ait chassé les Turcs du Péloponosése.
Et Wadi Rum est au mouillage dans cette rade… ça sent encore la poudre… me semble-t-il.
Je suis très déçu ! J’avais fait beaucoup d’efforts techniques, pour égayer ce texte avec quelques photos. A force de copier-coller, et surtout de recadrage et mise au format, j’étais content du résultat ! Hélas, ce matin, au cyber-café, impossible de vous l’envoyer… beaucoup trop lourd… j’arrivais à 17000 ko au lieu de 25-30 ! (Larry ! au secours ! si tu peux me dire comment alléger des photos… ou me redire comment utiliser le système de stockage de Gmail pour que Marie puisse piocher dedans et illustrer le blog… !) Sinon, tant pis, j’apprendrai cet hiver, pour être au top l’année prochaine .
A bientôt, tous ! Wadi Rum continue vers le Sud du Péloponèse.
On vous embrasse JJ S
mercredi 11 juin 2008
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