lundi 1 septembre 2008

Volos, les Lobry, la Tempête...

Salut à tous, Yassas,
Voilà, voilà, ça vient !... Je sais, 3 semaines sans news, et vous vous imaginez Wadi Rum par le fond… un écueil, une tempête, des sirènes qui auraient séduit le capitaine, les barbaresques qui nous auraient enlevés… que nenni !
Seulement 15 jours passés en famille avec Wadi Rum plein comme un œuf puisque nous étions 7 à bord !! Mais ça s’est très bien passé, chacun se pliant de bonne grâce aux règles de la vie du bord, et acceptant cette vie spartiate et rude imposée par le captain ! Mais aussi plus une minute pour relater…
Voilà, voilà, ça arrive !
Donc, rendez-vous avec la tribu à Volos. 3ème port de commerce grec, détruit il y a 50 ans par un tremblement de terre. Peu d’intérêt globalement. Mais quand même, c’est d’ici que partit Jason, conquérir la Toison d’Or, à bord de son bateau, l’Argos, avec ses 50 copains, les argonautes, bien sûr ! Encore une belle histoire, heureusement il a eu un bon coup de main de la sorcière Médée…

Mais Volos, c’est le point de départ idéal pour faire un tour dans le Pélion : une des plus belles et des plus surprenantes régions de Grèce… parce qu’on ne se croirait pas en Grèce : un côté Lozère ou Cantal avec ces montagnes, ces toits en lauzes, ces forêts de châtaigniers, un côté Normandie en pente raide avec des arbres fruitiers en quantité, un côté Provence par son maquis, ses oliviers et son côté vacances par ses belles, superbes, plages au bord de la mer Egée (du Nord) aux eaux turquoises (vraiment !!) ; et un côté place de village bien de chez nous, ombragée par des platanes centenaires… extra pour boire un petit café frappé, au frais !

Mais Volos, ça permet, aussi, d’aller faire un tour dans les Météores ! Là aussi, quel décor ! Encore une fois les moines font la preuve de leur goût (bon) pour les situations hautes et originales… et, ici, de leur aptitude à l’alpinisme… car il leur a fallu de l’audace, dès le 11ème siècle, pour escalader ces pitons de grés, et y monter les pierres, le mortier, les poutres, et enfin les cloches pour y construire ces monastères-nid d’aigles vertigineux ! Là haut, ils étaient peinards et plus près de Dieu ! Et, pendant longtemps, l’ascenseur était un simple filet de chanvre, dans lequel le moine se recroquevillait, priant très fort, pendant que les copains là-haut le montaient avec un cabestan de marin ! Evidemment, c’est très beau, donc très visité, et les autocars de touristes font la queue sur ces petites routes sinueuses ; et nous aussi, bien sûr, sous un cagnard inoubliable… Inoubliable aussi l’épisode pick-pocket vécu par Sylvie, surprenant un gros gaillard (non grec ! plutôt bazané, hé oui !) la main dans son sac… heureusement pas de vol, mais aussi pas de preuve pour que ma colère puisse se déchaîner (certains d’entre vous savent combien je peux être violent, des fois … !)(Mais enfin, il était quand même très gros et très fort).

Eh oui… jupe et chemisier pudique… on n’est pas à la plage, mais dans un monastère… les hommes pantalon à manches longues ! Un peu de tenue !

Enfin Wadi Rum reprit la mer. Cap sur les Sporades du Nord. Ca aussi c’est très sympa. Skiatos, un petit Mykonos parait-il, très très touristique, avec, comme indiqué par Yves d’Isis, des décibels à la tonne toute la nuit… Pour la première fois j’ai bouché mes oreilles avec des boules dites « Quies »… hé ben, ça marche !
Escale à Agnondas, sur l’île de Skopelos. Une anse un peu profonde et étroite. Un quai d’un seul côté, envahi de pneumatiques semi-rigides de camping côtier, italiens pour la plupart, et grecs. 3 ou 4 voiliers, dont WR, parmi ces petits bateaux. En fin d’après-midi, le ciel devient jaunâtre, sale, bizarre, inquiétant… Personne ne semble y prêter attention… Puis le ciel devient noir sur tout le SW… cette fois pas de doute, ça va arriver. Et « ça » arrive en quelques secondes… une tornade de vent soudaine, emporte la poussière, le sable, les gravillons, les graviers et tout ce qui peut voler… le bateau en est couvert… on en a plein les yeux. En un instant, les gens du coin, qui ont compris, sautent dans leurs pneumatiques et larguent les amarres, laissant à terre femmes, enfants et chiens… Le vent monte à 45nds… dernier chiffre vu par Alain… des trombes d’eau s’abattent sur nous… le tonnerre craque… les éclairs illuminent le crépuscule… et une houle brutale, soudaine et creuse projette les bateaux sur le quai.
C’est un bordel indescriptible. Au milieu de l’anse les zodiacs sont face aux vagues, mais la plupart restent là, sur la zone de mouillage, nous empêchant, nous, les voiliers, de nous barrer, car ils sont sur nos ancres… Beaucoup ont leurs mouillages emmêlés… Alain et Sylvie protègent l’arrière du bateau qui heurte le quai sans arrêt, avant qu’on ait le temps de s’éloigner du quai, en larguant sur l’arrière et en reprenant sur le mouillage… mais en même temps je dois protéger WR d’un voilier américain en difficultés énormes sur notre gauche (son mouillage ne tient pas, et le vent le rabat sur nous !) Nous sommes séparés, un moment, par un pneumatique qui nous sert de pare-battage… mais il se sauve lui aussi, évidemment, sans d’ailleurs que je ne le vois !!... maintenant le face à face, ou plutôt le bord à bord est inévitable… ça hurle de partout… On éloigne encore WR du quai, mais on ne peut toujours pas se sauver avec tous ces bateaux juste devant nous ! Et l’américain nous arrive dessus… 2 ou 3 fois les mats se télescopent… les débris volent… Soudain l’américain décolle du quai, à fond, (heureusement pour nous !) sans contrôler sa vitesse, arrachant ses aussières arrière, laissant son skipper sur le quai, et allant se heurter aux zodiacs au milieu…
Ouf, un souci de moins (sorry, my friend !)… malgré le bordel au milieu, on décide de se tirer de là, car la houle augmente encore… de plus une autorité locale nous incite à partir… on s’explique clairement avec Sylvie qui prend la barre, moi je serai au mouillage à remonter la chaîne… car après, on ne pourra pas s‘entendre avec la pluie en trombe et le vent… Avec Alain et Michelle qui larguent, Sylvie qui slalome entre les zodiacs, et moi qui remonte le mouillage sans se prendre dans d’autre chaîne (coup de pot inouï !), on finit par quitter ce putain de port !! Dehors malgré le vent (qui s’est beaucoup calmé) malgré la houle (bien là) malgré la pluie (plus calme aussi) ça parait déjà presque idyllique… J’oubliais : pendant tout ce cirque la foudre tombait sur les collines alentour, (Michelle a vu un éclair s’éparpiller en une multitude de petits éclats en arrivant au sol !!) Mais on n’entendait pas et on ne voyait pas … on avait trop à faire !
La nuit est tombée… un mille plus loin, une crique, quelques bateaux au mouillage, presque pas de houle… on mouille… ça tient… c’est calme… OUF !! Au total, ça a duré presque 2 heures, et la période « chaude » 1/2h !
L’équipage s’est très bien comporté. Il a gardé son sang-froid. Personne n’a fait de bêtises ! Personne ne s’est blessé (Sylvie quelques splendides bleus !) Bravo ! Un bon Ouzo là-dessus, ou un punch, un bon casse croûte, et chacun a revécu « son » événement, en le racontant aux autres… et on dort comme des bienheureux !
Le lendemain, à Skopelos, je monte là-haut faire le bilan, je connais le chemin ! Juste la girouette explosée… tout le reste (mes réparations de l’année dernière !) a tenu ! Miracle ! Par contre l’échelle de bain qui était dans l’eau, et le régulateur d’allure sont pas mal cabossés… On s’en tire à bon compte…

Skopélos, la 2ème île des Sporades, beaucoup plus sympa que Skiatos, avec un port, « Skopelos », très agréable, avec ses églises sur la falaise et dans le bourg bien en pente, ses tavernas le long du port, ses petites boutiques… Petit dépannage d’un joli RM 10, pavillon français, « Yggdrasil » en avarie moteur au milieu du port… WR lui envoie ses sauveteurs bretons en annexe… Connaissance de son équipage, Michel et Thérèse avec lequel on se découvre pas mal d’atomes crochus… bons moments de convivialité !

Puis on continue sur Alonissos, une 3ème île de l‘archipel… je ne vous détaille pas les mouillages tranquilles, aux eaux limpides, avec plein de petites méduses translucides, très gentilles, pas piquantes du tout (heureusement, sinon pas de baignade, tant elles sont nombreuses !)… Patitiri, son port principal, un peu la bousculade pour avoir une place à quai, c’est quand même la pleine saison des vacances, les motor-boats italiens sont là, en très grand nombre ! Et là-haut sur la montagne le vieux village, détruit lui aussi par le même tremblement de terre, mais reconstruit peu à peu, dans son style d’origine… très agréable, comme nos villages de Provence, perchés sur leur piton rocheux.
Mais pour monter là-haut, faut prendre le bus, et il y a plus de candidats au voyage que de places… alors là, c’est la guerre ! Les grecs sont fous, se ruent, se bousculent, écrasent les autres, femmes et enfants surtout, crient, vocifèrent, négocient avec le receveur et passent devant nous ! On reste sur le trottoir, mais pour le suivant, on a compris la règle du jeu : pas de cadeau, à personne !
Au retour, après un bon repas là-haut, c’est encore pire pour reprendre le bus… on croirait qu’ils défendent leur place dans une chaloupe de sauvetage pour évacuer un navire en train de sombrer… Vraiment, jamais vu ça avant !!

Puis un beau matin, de bonne heure, un ferry rapide est venu chercher nos équipiers d’un moment… 15 jours ça passe vite… et Wadi Rum a repris sa route encore plus au nord vers la Chalcidique, après avoir fait un mouillage sauvage (mais pas solitaire) dans l’île de Pelagos! On se rapproche d’ailleurs d’une des rares zones de Méditerranée où survit le phoque-moine (Monachus monachus)…
A la prochaine, chers tous, pour parler de ce Nord de la Grèce qu’on connaît très peu (nous en tous cas !)
Yassas !
Belle éclipse de lune… vous l’avez vu, vous, en métropole ?

Egine, Marie-Noelle et Hélène...


Salut à tous,
Hé bien, voila plus de 15 jours que le scribe a laissé tombé son stylet électronique, et vous tous aussi par la même occasion… faut dire qu’il était, et Sylvie également, très occupé par ailleurs… réception de Marie-Noelle, ma petite sœur, et d’Hélène, une amie, oblige !
Rendez-vous donné à Egine, la première île au Sud d’Athènes. Elles sont arrivées, pimpantes et rose pâle, de l’hydrofoil climatisé, (genre de gros insecte qui glisse sur l’eau à toute vitesse, sur des sortes de skis), vers 15h, en plein cagnard ! Il a fallu les ravitailler rapidement en eau fraîche, mais elles ont vaillamment supporté le dépaysement, la chaleur, et la rusticité de la vie à bord ! Mais ça valait le coup. Egine est un petit port bien joli, et le temple d’Aphaia, visité early in the morning, une merveille !

Et nous avons refait avec elles le trajet découvert avec vous la dernière fois, en sens inverse (évidemment !)
Donc re-Poros, avec un vent favorable, et un dîner fort sympa dans la taverna de Liz, charmante anglaise mariée à un grec tout sourire et surtout excellent cuistot. Une bonne moussaka, quand c’est bon, c’est vraiment bon !
Re Hydra, aussi beau que la première fois, mais cette fois beaucoup plus sportif ! Nous gravîmes, en effet, dès l’aube, un sentier muletier bien raide, pour atteindre le monastère du prophète Elie, à 500m d’altitude : vue imprenable grandiose, sérénité en sus !
Re-Hermioni, re-taverna, re-sympa.


Re-Spetsies… Marie-Noëlle et Hélène ont l’air bien contentes et nous, qu’elles le soient ! Re-Khoilada, la baie des Tortues… et MN en a compté une dizaine ! Re-taverna (ah, on n’a pas arrêté de bouffer !), petite taverna sans menu, on va dans la cuisine choisir dans les casseroles, et on nous en apporte bien plus que commandé, on n’arrive pas à finir, gavés de fritures, de calamars, de mézés ! et sans « addition »… 15 euros par personne… tout compris… invérifiable et somme toute royal !
Re-Nauplie, mais là, le grand jeu. Location d’une voiture et un matin à l’aube (toujours !) Epidaure et son théâtre pour nous tous seuls ! Grand moment !

Et autour, le sanctuaire d’Esculape… premier dispensaire inventé par l’homme pour soigner son semblable ! Et, dans la foulée, Mycènes, l’orgueilleuse cité d’Agamemnon (vous savez, le chef de la coalition grecque qui part venger l’honneur de Mélénas, dont la femme, la belle Hélène, est partie avec Paris le petit play-boyTroyen, lequel Agamemnon qui a sacrifié sa fille Iphigénie pour avoir des vents favorables, (carrément !), et qui s’est fait assassiner au retour de la guerre, par l’amant de sa femme Clytemnestre… et je résume, les amis, ils étaient assez radicaux et sanglants en ce temps là !) Bref, ces ruines impressionnantes : 2000 ans avant JC ! Du très très gros parpaing ! Au soir, encore une bonne taverna, les chaises dans la rue, les voitures au raz des fesses… Merci à MN et Hélène pour tous ces bons moments.
Seuls à nouveau, on revient dare-dare sur Athènes retrouver nos copains de Teata-Blue, sur un quai pirate gratuit (introuvable à Athènes où les marinas sont hors de prix et, de toutes façons saturées), dans une marina « olympique ». Là, rendez-vous avec Panagiotis, agent Dessalator, qui nous apprend, après test, que l’eau est valable pour le sanitaire, mais pas pour boire ! (sauf avec beaucoup d’ouzo !) ; pas de chance, et pas réparable… faudra ramener les membranes en France ! Donc, à partir de maintenant, chasse à l’eau potable, une corvée oubliée… ! Bref, y a pire !
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les coast-guards nous virent de notre quai gratuit, because les championnats du monde de 420 ! Ecoeurés, et dépités, on quitte Athènes sans avoir eu le temps de la visiter… on reviendra !
Et on commence notre itinéraire vers le Nord. Reprenez vos cartes : Athènes, puis SE vers le cap Sounion, salut respectueux au passage à Poseidon, dieu de la mer, le « nôtre », et à son temple ; virage à gauche vers le Nord, puis encore à gauche pour remonter entre l’Attique et Eubée, cap au NW.
Ah… ! Avant de quitter Athènes, je vous raconte la bataille navale de Salamine, devant Athènes pratiquement. (On en parlait encore, y a pas longtemps sur le ponton 41, à La Rochelle, avec Jean Benétaud…) En ce temps là, vers 480 avant JC, les Perses (l’Irak actuel) avait des vues sur la Grèce … Et Xerxes, leur roi, est arrivé devant Athènes avec une flotte tellement importante qu’il était sûr de gagner cette bataille contre les athéniens. Si sûr de sa victoire qu’il fit dresser son trône en argent, sur une colline, devant la mer, là où aurait lieu le « match », pour savourer la pâtée qu’il allait mettre aux grecs !
Mais Thémistocle, l’amiral grec, usa de ruse ! La flotte perse était parfaitement alignée, en ordre de bataille, impressionnante de puissance, entre l’île de Salamine et le continent. Thémistocle envoya quelques galères, apparemment mal équipées, mal armées, avec des équipages qui feignirent la panique et la fuite… et se sauvèrent en désordre ! Ce que voyant, les galères perses se ruèrent à la poursuite des fuyards, pour l’hallali… mais derrière le premier cap, toute la flotte grecque les attendait, prête au combat, avec courage et détermination et les mirent en pièce, sous l’œil ahuri et incrédule de Xerxes, qui rentra chez lui, honteux et confus !
Donc, Wadi Rum remonte entre Eubée (Evia) et le continent et mouille à Porto Rafti, tout près, (trop prés !) de Sylisa, le beau bateau américain de Jean-Claude et Geneviève, avec lesquels nous avons passé 2 jours bien sympas… à parler, bien sûr, beaucoup, pour finir par découvrir, entre autre point commun : Isis et toi, évidemment Yves P.!!
A propos, Yves, tes conseils nous sont toujours d’une grande utilité et tes appréciations indispensables… elles complètent l’Imray. Merci encore !
Passage non loin de la plaine de Marathon. Mais si, ça vous dit quelque chose ! Encore une tentative des Perses de conquérir Athènes, toujours en 480 avt JC. Les Perses, plus de 25000, les Grecs moins de 8000, et pourtant, encore une fois, grâce à leur habileté et leur courage, les Grecs rejettent l’ennemi à la mer, qui laisse plus de 6000 morts sur le terrain tandis que les Grecs dénombrent 192 tués. Grande et décisive victoire. Un brave soldat grec est chargé d’annoncer la victoire aux athéniens… il court… il court… crie la bonne nouvelle… et tombe mort d’épuisement ! Il avait parcouru 41 kms ! Marathon-Athènes. Vous avez saisi ?

Puis Kalkis, la ville-pont entre le continent et Eubée et le folklorique passage, en pleine nuit, de son fameux pont ouvrant… merci encore à Isis et Sylisa de leurs conseils avisés… de l’utilité, aussi, de savoir causer dans le poste, en anglais, un minimum !
Et, toujours dans le sillage d’Isis, Ay Yeoryios, et Orei… villages authentiques et très agréables.
Et Wadi Rum continue vers le Nord. En effet rendez-vous bientôt à Volos, pour embarquer ma 2° (et dernière !) petite sœur Michelle, et sa petite tribu (on sera quand même 7 à bord !! Chaud, chaud !) pour naviguer dans les Sporades du Nord.
On vous racontera ça le prochain coup !
A propos, il fait toujours beau et chaud, et le meltem, dans ce coin là, est à peu prés fréquentable… chuuut… pourvu que ça doure !!
Yassas, à bientôt.
JJ S