mercredi 31 octobre 2007

Salut à tous ,
Or donc, nous nous sommes quittés, dans le dernier message, à Gallipoli, ville très sympa et authentique du talon de la botte ! Le mauvais temps faisait rage dehors , et nous on était bien à l’abri dans un coin de ce grand port de pêche et de commerce, derrière ce voilier suédois , et Ragnvald et Brita sont vite devenus nos amis. Mais nous y sommes restés 8jours, because la bourasca, ce qui est une longue escale….(Ragnvald a passé 10ans à construire tout l’intérieur en bois de leur bateau, superbe et fou !! comme notre Michel Marmotte !)
Chaque matin vers 9h, un petit bateau de pêche, le San Cosimo Damiano, 12m de long, s’amarre derrière nous après sa nuit de travail, avec son équipage composé des 4 frères Buccarella, Fernando le patron, Franco, Luigi et Gino. Chaque matin, sans un jour d’arrêt, sauf en cas de gros mauvais temps, ils sont là, pour décharger le maigre butin d’une nuit de pêche, et le vendre en 5 minutes aux clients qui les attendent. Et aussitôt ils débarquent leurs 5kms de filets, ( oui , 5kms !), à la main , en les démêlant et en repérant les zones déchirées, pour les ravauder aussitôt(avec quelle adresse et rapidité !) et les recharger, sur le bateau, bien rangés, prêts pour la nuit suivante.
Le deuxième matin, j’ai proposé, timidement, mon aide pour démêler les filets : on est deux, face à face, à tirer sur les bords du filet, en l’alignant bien, en faisant un tas régulier sur le sol. D’abord surpris, ils ont accepté mon coup de main en souriant et plaisantant puis celle de Sylvie (gros succès populaire !)! Faut reconnaître que c’est un sacré boulot, qu’ils font à toute vitesse et il a fallut leurs encouragements et toute notre attention pour garder la cadence, mais ils étaient ravis. La communication était difficile, mais Sylvie se débrouille de mieux en mieux, et avec les mains et des sourires on y arrive ! Les clients, sur le quai, étaient aussi tout étonnés de voir les « francese » au boulot avec Fernando et ses frères. Un gros poulpe a récompensé notre travail (dans le froid et la pluie !). Lequel poulpe, a pris une bonne tannée pour l’attendrir, et, de fait, il fut délicieux. Puis Fernando a tenu à nous inviter chez lui pour déjeuner le lendemain dimanche midi ! Malgré notre gène, impossible de refuser.
Le lendemain, les habitudes étaient prises, et ma place aux filets réservée. Un gâteau au chocolat de Sylvie a été fort apprécié. Malgré la dureté de leur travail, ils sont toujours à rigoler, à plaisanter… quel dommage de ne pas parler l’italien, ou plutôt leur dialecte ! Et Franco nous a préparé un super sandwich : un petit pain rond, bien arrosé d’huile d’olive et garni de morceaux de seiche crue ! (oui crue !) Un peu d’hésitation à la première bouchée… eh bien c’est fameux, ferme et légèrement croquant, mais il faut que la seiche frétille encore ! ou presque ! A l’heure dite, ils viennent nous chercher en voiture car il pleut des cordes. Ce déjeuner chez Fernando, restera un moment de convivialité qu’on n’oubliera pas. On est accueilli par Rosaria sa femme, et par Frederica, Maria-Estrella et Serena ses filles, de 23 à 14 ans… les petits plats ont été mis dans les grands …. Et on arrive à se raconter nos vies…et on passe un moment très agréable. On n’oubliera pas leur accueil, leur simplicité et leur gentillesse….
Enfin, au bout de 8jours, le temps s’améliore et nous quittons Gallipoli, à l’aube juste après nos copains suédois. Cap au SE, pour une navigation qui doit nous amener directement à Preveza en Grèce ; 2 jours et une nuit sont prévus. « Comme d’hab » moteur obligatoire : vent nul ! Au bout d’une heure de route on tombe sur Fernando et ses frères en pêche au large ….derniers grands gestes pour se dire adieu…moment d’émotion ! Et Wadi Rum continue son chemin.
La nuit suivante est superbe, pleine lune qui éclaire magnifiquement une mer d’huile avec une légère longue houle…et l’aube prend son quart quand la lune se couche. Et là, en 2heures, le vent monte de plus en plus jusqu’à 22nds (force 6), en levant une mer affreuse, courte, cassante et devinez quoi ? le vent est de face ! On tire des bords, grand voile à 1 ris et génois réduit, mais ces bords sont carrés, c'est-à-dire que Wadi Rum ne gagne rien vers sa destination dans cette mer hachée et dure ! A midi, il faut se rendre à l’évidence, on ne sera pas à Preveza ce soir et je n’ose pas m’appuyer au moteur, la jauge de gas-oil est au plus bas….la mort dans l’âme, demi-tour pour rejoindre, au portant, le joli petit port de Gaios, dans l’île de Paxos ! Ce n’est pas un drame, mais on souhaitait tellement arriver à notre dernière étape ! Nouvelle leçon de patience et d’humilité.. C’est la mer qui décide, toujours ! Mais cette sacrée Méditerranée nous aura fait des vacheries jusqu’au bout !
C’est donc le lendemain soir qu’on touche Preveza. On est vendredi 26 octobre c’est la fin de notre périple . Ca va faire 5 mois et demi de vagabondage et 4000 milles parcourus…. Et à Préveza , nouvelle page d’histoire : rappelez vous , en 44 avant JC , Jules César, le copain d’Astérix, est assassiné, s’ensuit une belle pagaille, ou plutôt une guerre civile qui oppose Octave à Antoine, le petit copain de Cléopâtre l’égyptienne, qui veulent tous les deux être maître de Rome et de ses immenses territoires et c’est ici qu’ils ont réglé définitivement leurs affaires : les galères d’Antoine et de Cléopâtre, son alliée, ont pris une bonne raclée par celles d’Octave, plus malin . Et là, voyant la catastrophe, Cléopâtre se sauve, sur son bateau, avec son bellâtre d’Antoine, qui, courageusement, laisse ses marins à leur triste sort… Je ne sais pas la fin d’Antoine, mais on sait tous que Cléopâtre s’est suicidée (pour quelle raison ?) en se laissant piquer par un sale serpent venimeux… Dès notre retour je replonge dans cette histoire passionnante !
Et ce retour, vous tous qui suivaient Wadi Rum depuis le début, hé bien , c’est bientôt ! On l’a sorti de l’eau aujourd’hui, et dernière vacherie, un courant violent l’a flanqué sur le ponton en béton, lui faisant une belle cabosse…qu’on va réparer, don’t worry ! Et il va passer l’hiver, tristounet, dans un immense parking à bateau, attendant le printemps ! Et nous, une nuit de bus pour Athènes ( non non, je ne parle plus d’histoire !) sans prendre de quart ! Et Olympic Airways nous ramène cheu nous ! Ouf… on laisse décanter et on fera, peut-être, un petit bilan…. Et à ce sujet, on aimerait avoir votre avis sincère (vous n’oserez pas !) sur ce verbiage qui nous rassemble tous les 15 jours ! Allez, courage ! Lâchez vous ! En tout cas, moi j’ai découvert le plaisir de partager notre virée avec vous tous, par écrit, et c’était très très sympa, comme celui d’avoir des petits mots de vous ! A très bientôt, on vous embrasse JJ et S

jeudi 25 octobre 2007


Bientôt la Grèce !

Voila 5 jours qu’on attend à Gallipoli que le temps s’améliore, mais aujourd’hui c’est encore de l’W force 8… heureusement nos voisins suédois sont sympas et on passe de longs moments ensemble.
Et nous avons liés des liens amicaux très forts avec un patron pêcheur qui nous reçu chez lui pour déjeuner dimanche.. On vous racontera.. Comme tu dis , Yves, c’est moins idyllique qu’en plein été , mais au moins y a plus de touristes et tout est plus authentique !
Enfin le temps se calme ...on largue demain pour route directe Preveza
On devrait être de retour dans 10 à 15j.. alors à bientôt….

jeudi 18 octobre 2007

J’aimerais tant voir Syracuse……

Salut à tous,

Toujours plus Sud pour retrouver Emilie à Catane. Juste avant, escale très agréable à Acitrezza, petit port de pêche tranquille qui n’a l’air de rien et pourtant c’est là qu’Ulysse a eu maille à partir avec le Cyclope.
…..Cet horrible Cyclope avait capturé Ulysse et son équipage, avait déjà dévoré six de ses compagnons avant qu’Ulysse ne lui crève son œil unique et réussisse à se sauver avec ses copains….Fou de douleur et de colère, le Cyclope, maintenant aveugle, a envoyé d’énormes rochers en mer, pour tenter d’écraser, en vain, les fuyards…..Ces rochers, pinacles volcaniques, sont toujours là, à l’entrée du port ! Comme à chaque fois qu’Ulysse est dans le coin , on pense à « Spirou » et à son équipage…..
Mais aussi, c’est à Acitrezza que Visconti a tourné un film-documentaire poignant sur la dure vie des pêcheurs misérables d’ici : « La terre tremble », avec uniquement les gens du village comme acteurs !
A Catania, étape de 2 jours à la marina conseillée par les amis, pour accueillir Emilie….et journée mémorable en attaquant l’Etna par sa face Sud et en montant jusqu’au cratère principal en activité, à 3300 m….. Crapahut d’une journée dans un décor impressionnant de laves refroidies, de scories, de lapillis, où le noir domine, avec les fumerolles de souffre qui vous dégagent, ou plutôt vous agressent les bronches, et des fumées blanches de vapeur d’eau qui sortent du sol brûlant… Certes, pas d’explosions, ni de laves en fusion ( et heureusement !), mais des moments inoubliables dans ces paysages lunaires ! Et mes vieux genoux ne sont pas prêts d’oublier !
Le lendemain, ballade dans le marché coloré, animé, grouillant de vie, au milieu des cris et de la foule…et en profiter pour acheter quelques tranches d’espadon et se régaler comme jamais avec du poisson !
« J’aimerais tant voir Syracuse…… », et il a bien raison, Henri Salvador, car Syracuse vaut le voyage : son théâtre grec, creusé dans le calcaire, le plus beau en dehors de la Grèce, son amphithéâtre romain (reprenez vos définitions de théâtre et amphithéâtre…vous aurez des surprises !), ses latomies (carrières servant de prison) où la vie ne devait pas être des plus gaies pour les prisonniers….sa vieille ville, ses ruelles, ses monuments…..Oui, Syracuse est un enchantement !
Et pour revenir aux réalités marines, encore une histoire de mouillage rock’n roll à vous mettre sous la dent! A Syracuse, on accoste à la Méditerranéenne, c'est-à-dire qu’on est perpendiculaire au quai (nez ou cul au quai), et pour rester dans cette position perpendiculaire, on a, au préalable, mouillé une ancre à quelques distances du quai, sur laquelle on s’accroche bien, tous les bateaux étant alignés les uns à coté des autres…… mais voila que le vent monte sérieusement, (25 nds) évidemment il est minuit, et une vedette italienne (encore !!...) dérape sur son ancre, commence par venir s’appuyer sur son voisin, un voilier américain, et voulant se dégager au moteur, drague avec son ancre le mouillage de l’américain, qui, à son tour libre de l’arrière, vient bousculer le petit voilier qui est à coté de nous et qui s’appuie sur Wadi Rum….le principe des dominos qui tombent les uns sur les autres….. mais WR est bien ancré, et résiste vaillamment à la charge imposée……mais le pauvre skipper de la vedette, paniqué et seul à la manœuvre , laisse son bateau venir contre l’arrière de WR, avec le risque majeur, ou d’embarquer aussi, notre ligne de mouillage avec son ancre qui racle toujours le fond, ou carrément de la couper (câblot textile !) avec son hélice….. 1/2h de lutte pour qu’il ne touche pas notre arrière, en le suppliant (en gueulant !) d’aller se dépatouiller de tout ce qu’il a ramassé plus loin…..mais la barrière de la langue et le stress de ce pauvre gars ne simplifient pas les choses….. en fin de compte il s’éloigne, et notre mouillage tient !! Et chacun de remettre de l’ordre dans sa position….. Le tout, sous les yeux ravis des promeneurs sur le quai, au spectacle pour de vrai !
Retour à Acitrezza, et nous conduisons, assez tristounets, notre Emilie à l’aéroport à Catane…..
Nous attendons ici une météo plus favorable pour aller vers l’Est, en compagnie de Tommy et Lotte sur leur bateau « June » qui porte un beau et grand pavillon rouge barré d’une croix blanche. Ils sont danois, et naviguent depuis 11 ans en Méditerranée, avec seulement 3 retours brefs au pays…. ! Ils parlent français et sont très sympas, et le temps passe tranquillement. Lui, grand gaillard blond de 70 ans, solide et souriant, belle gueule de Viking, elle, gérant tout sur le bateau, comme une fourmi, tous les deux plein d’expérience!
Enfin, au 4°jour, à 3h du matin, sous un ciel étoilé superbe, mais avec encore des éclairs à l’horizon, nous avons quitté silencieusement ce petit port sympa, non sans avoir quand même réveillé notre ami Tommy qui nous salue du quai….Cap au NE vers la semelle de la botte calabraise…..le moteur fonctionne toute cette longue journée, comme d’habitude, vent trop faible ou de face. Rocella Ionica puis Le Castella…. Avec un beau château aragonais très (trop ?) retapé, sur un îlot. Il n’a pas empêché, le fameux pirate algérien Barberousse, en 1536, de le prendre, de le brûler, et d’emmener les femmes et les enfants en esclavage…..les hommes étant probablement passés par les armes ! On ne plaisantait pas à cette époque, et les pirates ravageaient toute la Méditerranée, c’était une menace majeure permanente partout.
Là, on est bloqué par un coup de Nord de 7 avec des rafales à 8 qui font gîter le bateau sur place ! Ce vent s’appelle ici la Tramontana, et le Grecale (le Grec) quand il passe à l’Est. D’ailleurs la température est descendue brusquement à 14° le matin…on se les caille ! Les polaires sont de sortie, comme les bermudas à manches longues ! Bref, c’est l’automne ici aussi, malgré le soleil. On passera 4 jours à Le Castella à attendre une météo favorable. Temps mis à profit pour réviser une nouvelle fois le dessal qui « disjoncte », pour nettoyer le bateau et bricoler diversement.
Une nuit, Charles, notre voisin gallois qui navigue en solo sur un voilier de 9m, vient demander de l’aide à 5h du matin…. Sous le vent fort, un bateau de promenade a rompu une amarre et est en train de taper sur les rochers, ainsi que la vedette qu’il a à couple…. C’est le bruit des 2 bateaux cognant sur les rocs qui a alerté notre ami…. Et nous voila tous les trois , dans le froid de la nuit, à ramarrer les embarcations en goguette ….Vous voyez, même dans un port abrité, il y a du spectacle !
Enfin, le mardi 16 octobre on reprend le large, malgré une mer encore agitée et houleuse, mais sans vent ! Escale à Ciro Marina …. Pauvre Calabre, c’est vraiment le sud du sud de notre Europe…. A Ciro , la communauté européenne a permis de construire un port magnifique, il y a moins de 10 ans . Il est déjà en ruine…..Eclairé par d’immenses lampadaires genre terrain de foot, qui devraient faire le jour au milieu de la nuit…un seul projecteur (sur 6) d’un seul lampadaire (sur 5) fonctionne…leur béton semble être uniquement de sable et tout s’effrite déjà….tous les circuits électriques sont éventrés ….un seul point d’eau (avec fuite chronique)… Quelle désolation ! Y a du boulot !
A l’aube Wadi Rum quitte son quai délabré pour traverser le golfe de Tarente, réputé pour ces coups de tabac violents. La météo est satisfaisante, on ne traîne pas : toujours vent faible de face, et « mare mosso » c'est-à-dire agitée …cap sur Gallipoli ! On est dans le talon de la botte. Gallipoli est une vieille ville que nous trouvons presque aussi belle que Syracuse , bien qu’elle aie beaucoup moins de beaux monuments, mais elle est plus populaire et plus authentique.
Nous sommes le long du quai, derrière un voilier suédois….mais sur le quai des pêcheurs, et au retour de notre ballade en ville , un chalutier s’est garé juste derrière nous, et on constate qu’il a donné un coup à nos panneaux solaires,, il y a peu de dégâts, mais c’est désagréable. (Il faut reconnaître que Wadi Rum n’est sûrement pas à sa place !)
C’est d’ici que nous envoyons ce message, le dernier aussi dense, car nous voila à la fin de notre 5° mois de vagabondage…. Et la vie n’est plus aussi agréable : les jours sont bien plus courts, il fait plus froid, la météo devient hivernale et plus sévère …. Encore une escale italienne, puis les eaux territoriales grecques avec Corfou puis Preveza où Wadi Rum passera l’hiver. Mais on vous racontera bientôt ce dernier épisode
On vous embrasse tous JJ et S

lundi 1 octobre 2007

Du Vésuve à l'Etna

Salut à tous,

Connaissez- vous Amalfi ? Avez-vous seulement entendu ce nom d’Amalfi ?... «Non ! » comme nous, avant que notre copain Enzo, le «romain », ne nous en parle. Hé bien, sachez que c’est une superbe escale, une de nos plus belles en Italie. Dans un décor de falaises abruptes, la petite ville d’Amalfi se blottit dans le vallon qui descend des montagnes. Ce fut une ville au passé maritime glorieux, aussi puissante et riche que Gênes ou Venise, au 11° siècle surtout, dont les règles maritimes furent en vigueur pendant des siècles. Elle est parcourue de ruelles étroites, qui ne sont pratiquement que des escaliers le plus souvent en tunnel entre et sous les maisons … une cathédrale superbe, riche du temps de sa splendeur, très marquée par l’influence orientale de Constantinople, un cimetière HLM, accroché à la falaise, les cercueils sont portés à dos d’homme , et il faut gravir des centaines de marches… et un port sympa pour faire escale, avec Anielo Esposito, gentil et serviable comme ormeggiatori ( on pourrait traduire par « amarreur ». Le plus souvent ils gèrent les ports avec un comportement véritablement maffieux). En plus, un certain Flavio Gioia, a ramené de Chine la boussole, au 14° siècle, et l’a perfectionnée….un marin doit savoir ça !

Amalfi, base de départ idéale pour visiter Pompéi au pied du Vésuve. Debout à 5h20 (qui a dit qu’on se la coulait douce ?) pour prendre le bus pour Sorrento qui suit la splendide côte amalfitaine puis le train qui nous dépose devant les ruines de cette ville ensevelie sous les cendres d’une énorme éruption du volcan. C’était en 79 après JC…. Pompéi : très impressionnant cette ville comme figée depuis 2000 ans ! On vous racontera ces villas romaines des puissants de l’époque, ces minoteries-boulangeries, ces auberges à chaque coin de rue, ces rues, justement, très encaissées, avec d’étonnants passages pour piétons, ces temples, ce forum….bref une ville entière, où tout s’est arrêté, brutalement ! Témoignage poignant et passionnant!

Le lendemain est consacré à la réparation des dégâts de Capri…. Donc pas mal de temps en tête de mât, hé oui mon vieux Marc , 5 aller-retours là-haut, pour le vieux singe, ( avec, pour rendre l’exercice plus rigolo, le ressac des ferries qui me fait valdinguer…..) pour réparer le bloc « feux » , et poser une antenne neuve (en fait c’était bien celle de la VHF !), mais pas de pièces pour l’anémomètre …. Nous estimerons le vent empiriquement…Heureusement que j’avais installé des échelons de mât !! Dans cette affaire nous avons la chance incroyable que le bloc «feux» soit tombé pile, dans le cockpit….Car, ici, très peu de shipchandlers, et mal achalandés.

Séquence Vidéo-gag : essayant de quitter WR sans l’aide de la planche (de salut) passerelle , ji tombi dans l’eau du port, par nature déjà fétide, mais quand on sait que WR était amarré à 20m de la station carburant, qui irise joliment l’eau, et que la vedette voisine venait de dégazer ses eaux noires ( le bac à m…., pour ceux qui savent pas !)( ouais, ouais carrément dans le port !)… ! Sylvie m’a interdit l’accès au bateau avant un décapage total .. !

La halte suivante : mouillage devant le port de San Marco de Castellabate ….mais déménagement imposé, à la tombée de la nuit par la Guardia Costiera…. (Franchement, juste pour nous emm…. ! Qu’à cela ne tienne, on mouille devant la plage, un peu plus rouleur !

Puis Scario dans le Golfo di Policastro, joli petit village ; Là , l’ormeggiatori est du genre maffieux !

Puis cap sur le Stromboli ! Et on a suivi les conseils de Dominique de Balane, d’Yves d’Isis, des Ganzies, des Miclo….Nav de nuit pour arriver au Stromboli by night et assister au spectacle du volcan crachant sa coulée de lave en fusion…..Hélas , hélas, Mr Stromboli est en grève ! Probablement des problèmes avec Vulcain , le patron !..... Donc spectacle minable et décevant, à peine un vague rougeoiement épisodique, là-haut dans le cratère……Tant pis, on repassera ! Et l’aube nous trouve au mouillage à Porto di Levante sur l’île de Vulcano, qui sent le soufre depuis le large. D’ailleurs on ira respirer ces fumerolles directement à la source, en grimpant là-haut, comme vous tous qui êtes passés par là, au sommet du cratère…Beau crapahut, et un peu angoissant de se dire que ça peut péter à tout moment ! Toujours sur tes traces, Yves d’Isis, le ferry nous débarque à Lipari, patelin tout à fait fréquentable hors saison : les pontons attendent le chaland, et accueilleraient WR pour 30 euros , au lieu du double, au moins , en saison. Bien sûr, musée superbe ! Et panini-bière au diapason !

On rentre dans l’après-midi, heureux de voir, du ferry, que WR attend sagement au mouillage. Dans ces pays où le vent peut monter brutalement en « bourrasca », on n’aime pas trop le laisser seul. Alors je double toujours le mouillage ! ( J’ai une Brake, Yves P, cousine très proche d’une Delta ou d’une Spade !) . Pardon , vous autres, c’est un peu technique !

Toujours Sud, cap sur la Sicile ! Mouillage superbe et protégé, derrière un immense banc de sable , genre lagune, genre Ars en Ré sans les marées, à Tindari.

Puis on s’engage dans le fameux détroit de Messine (pour pécher la rascasse…. !), avec Charybde et Scylla….Relisez Homère !Tu avais raison , Yves P, à Messine, Marina di Nettuno, ressac incessant, presque intenable, MAIS accueil sympa et sanitaires neufs. (pour quand même 60 euros, sans l’eau ,le gaz, ni l’électricité !). Messine : peu d’intérêt !

Et retour à Tindari pour attendre, tranquilles , et en remettant le bateau en état, l’arrivée d’Emilie, notre « petite », à Catane ! Voila 10 mois que nous ne l’avons pas vue , depuis sa virée à Cuba ! Très très beaucoup grand plaisir énorme !

En fait de tranquillité, on est servi ! Zone d’instabilité météo importante : orages brutaux avec des rafales à 40 nds avec des pluies violentes. Chaque nuit, on est debout ! Pire que les gardes « véto » ! Mais on en apprend toujours plus sur le mouillage : en ce moment , WR a ses 60 m de chaine et 15-20 m de câblot sur sa « brake » seule et étale parfaitement pour le moment, malgré un fond de sable grossier et de gravier . Cette nuit, à 3h, le vent est monté en quelques secondes à 40nds en hurlant, un cata « ami » a dérapé, venant sur nous, et l’équipage , épuisé, a mis un moment à réagir…. Puis a tout bien contrôlé ! Le vent était suffisamment fort, pour retourner plusieurs fois notre annexe (sans moteur !), qui faisait la crêpe…. Les pagaies se sont fait la malle !

Ces mouillages sont l’occasion de faire des rencontres humaines passionnantes ; il y a Michel et Françoise qui ont tout largué et vivent sur leur cata « Teata blu » qui est maintenant leur unique lieu de vie….. John et Angela, australiens, qui ont acheté leur bateau, ici en Sicile, et qui vont retourner à Melbourne par Panama, puis le Pacifique……et il y a Dan, avec ses équipiers Georges et Jean-Claude qui emmènent leur cata (très spartiate !) à….. Mayotte !! Par Suez, mer Rouge, Océan Indien….. Vous voyez, des projets costauds et des gens très attachants !

Le temps est toujours contre nous, avec une succession de coups de vent pénibles qui nous bloquent à Tindari.

Faudra bien qu’on décolle pour retrouver Emilie à Catane ! Et on a décollé, en effet, hier, le 29 septembre, et WR a fait le tour des copains au mouillage, pour un au revoir, avec un gros pincement au cœur…..

Et nous voila à Riposto….au pied de l’Etna…pourvu qu’il ne s’énerve pas celui là !

Il faut vous dire aussi que notre rythme de vie a changé ! Comme pour vous, à 19h ,il fait nuit….alors on se couche très tôt, et on se lève à l’aube pour « rallonger » nos journées….et l’heure de l’apéro a été avancée à 18h30 !

Il faut vous dire encore que, faute de trouver un « ship » apte à me vendre une hélice d’anémomètre, tel Mac Gyver, et en pensant à mon pote Lionel, avec un fond de boite en plastique, renforcé par une mine de crayon à bille, avec force colle néoprène et petits renforts en fil inox, j’ai fabriqué et fixé au rotor, cette nouvelle pale…..et ça me donne à nouveau la vitesse du vent ! (mais pas la direction, mais il suffit de lever le nez sur la girouette…) Donc les dégâts de Capri, en tête de mat, sont pratiquement réparés. Applaudissements fournis !

A bientôt, tous , avec notre affection ou notre amitié……