Salut à tous ,
Or donc, nous nous sommes quittés, dans le dernier message, à Gallipoli, ville très sympa et authentique du talon de la botte ! Le mauvais temps faisait rage dehors , et nous on était bien à l’abri dans un coin de ce grand port de pêche et de commerce, derrière ce voilier suédois , et Ragnvald et Brita sont vite devenus nos amis. Mais nous y sommes restés 8jours, because la bourasca, ce qui est une longue escale….(Ragnvald a passé 10ans à construire tout l’intérieur en bois de leur bateau, superbe et fou !! comme notre Michel Marmotte !)
Chaque matin vers 9h, un petit bateau de pêche, le San Cosimo Damiano, 12m de long, s’amarre derrière nous après sa nuit de travail, avec son équipage composé des 4 frères Buccarella, Fernando le patron, Franco, Luigi et Gino. Chaque matin, sans un jour d’arrêt, sauf en cas de gros mauvais temps, ils sont là, pour décharger le maigre butin d’une nuit de pêche, et le vendre en 5 minutes aux clients qui les attendent. Et aussitôt ils débarquent leurs 5kms de filets, ( oui , 5kms !), à la main , en les démêlant et en repérant les zones déchirées, pour les ravauder aussitôt(avec quelle adresse et rapidité !) et les recharger, sur le bateau, bien rangés, prêts pour la nuit suivante.
Le deuxième matin, j’ai proposé, timidement, mon aide pour démêler les filets : on est deux, face à face, à tirer sur les bords du filet, en l’alignant bien, en faisant un tas régulier sur le sol. D’abord surpris, ils ont accepté mon coup de main en souriant et plaisantant puis celle de Sylvie (gros succès populaire !)! Faut reconnaître que c’est un sacré boulot, qu’ils font à toute vitesse et il a fallut leurs encouragements et toute notre attention pour garder la cadence, mais ils étaient ravis. La communication était difficile, mais Sylvie se débrouille de mieux en mieux, et avec les mains et des sourires on y arrive ! Les clients, sur le quai, étaient aussi tout étonnés de voir les « francese » au boulot avec Fernando et ses frères. Un gros poulpe a récompensé notre travail (dans le froid et la pluie !). Lequel poulpe, a pris une bonne tannée pour l’attendrir, et, de fait, il fut délicieux. Puis Fernando a tenu à nous inviter chez lui pour déjeuner le lendemain dimanche midi ! Malgré notre gène, impossible de refuser.
Le lendemain, les habitudes étaient prises, et ma place aux filets réservée. Un gâteau au chocolat de Sylvie a été fort apprécié. Malgré la dureté de leur travail, ils sont toujours à rigoler, à plaisanter… quel dommage de ne pas parler l’italien, ou plutôt leur dialecte ! Et Franco nous a préparé un super sandwich : un petit pain rond, bien arrosé d’huile d’olive et garni de morceaux de seiche crue ! (oui crue !) Un peu d’hésitation à la première bouchée… eh bien c’est fameux, ferme et légèrement croquant, mais il faut que la seiche frétille encore ! ou presque ! A l’heure dite, ils viennent nous chercher en voiture car il pleut des cordes. Ce déjeuner chez Fernando, restera un moment de convivialité qu’on n’oubliera pas. On est accueilli par Rosaria sa femme, et par Frederica, Maria-Estrella et Serena ses filles, de 23 à 14 ans… les petits plats ont été mis dans les grands …. Et on arrive à se raconter nos vies…et on passe un moment très agréable. On n’oubliera pas leur accueil, leur simplicité et leur gentillesse….
Enfin, au bout de 8jours, le temps s’améliore et nous quittons Gallipoli, à l’aube juste après nos copains suédois. Cap au SE, pour une navigation qui doit nous amener directement à Preveza en Grèce ; 2 jours et une nuit sont prévus. « Comme d’hab » moteur obligatoire : vent nul ! Au bout d’une heure de route on tombe sur Fernando et ses frères en pêche au large ….derniers grands gestes pour se dire adieu…moment d’émotion ! Et Wadi Rum continue son chemin.
La nuit suivante est superbe, pleine lune qui éclaire magnifiquement une mer d’huile avec une légère longue houle…et l’aube prend son quart quand la lune se couche. Et là, en 2heures, le vent monte de plus en plus jusqu’à 22nds (force 6), en levant une mer affreuse, courte, cassante et devinez quoi ? le vent est de face ! On tire des bords, grand voile à 1 ris et génois réduit, mais ces bords sont carrés, c'est-à-dire que Wadi Rum ne gagne rien vers sa destination dans cette mer hachée et dure ! A midi, il faut se rendre à l’évidence, on ne sera pas à Preveza ce soir et je n’ose pas m’appuyer au moteur, la jauge de gas-oil est au plus bas….la mort dans l’âme, demi-tour pour rejoindre, au portant, le joli petit port de Gaios, dans l’île de Paxos ! Ce n’est pas un drame, mais on souhaitait tellement arriver à notre dernière étape ! Nouvelle leçon de patience et d’humilité.. C’est la mer qui décide, toujours ! Mais cette sacrée Méditerranée nous aura fait des vacheries jusqu’au bout !
C’est donc le lendemain soir qu’on touche Preveza. On est vendredi 26 octobre c’est la fin de notre périple . Ca va faire 5 mois et demi de vagabondage et 4000 milles parcourus…. Et à Préveza , nouvelle page d’histoire : rappelez vous , en 44 avant JC , Jules César, le copain d’Astérix, est assassiné, s’ensuit une belle pagaille, ou plutôt une guerre civile qui oppose Octave à Antoine, le petit copain de Cléopâtre l’égyptienne, qui veulent tous les deux être maître de Rome et de ses immenses territoires et c’est ici qu’ils ont réglé définitivement leurs affaires : les galères d’Antoine et de Cléopâtre, son alliée, ont pris une bonne raclée par celles d’Octave, plus malin . Et là, voyant la catastrophe, Cléopâtre se sauve, sur son bateau, avec son bellâtre d’Antoine, qui, courageusement, laisse ses marins à leur triste sort… Je ne sais pas la fin d’Antoine, mais on sait tous que Cléopâtre s’est suicidée (pour quelle raison ?) en se laissant piquer par un sale serpent venimeux… Dès notre retour je replonge dans cette histoire passionnante !
Et ce retour, vous tous qui suivaient Wadi Rum depuis le début, hé bien , c’est bientôt ! On l’a sorti de l’eau aujourd’hui, et dernière vacherie, un courant violent l’a flanqué sur le ponton en béton, lui faisant une belle cabosse…qu’on va réparer, don’t worry ! Et il va passer l’hiver, tristounet, dans un immense parking à bateau, attendant le printemps ! Et nous, une nuit de bus pour Athènes ( non non, je ne parle plus d’histoire !) sans prendre de quart ! Et Olympic Airways nous ramène cheu nous ! Ouf… on laisse décanter et on fera, peut-être, un petit bilan…. Et à ce sujet, on aimerait avoir votre avis sincère (vous n’oserez pas !) sur ce verbiage qui nous rassemble tous les 15 jours ! Allez, courage ! Lâchez vous ! En tout cas, moi j’ai découvert le plaisir de partager notre virée avec vous tous, par écrit, et c’était très très sympa, comme celui d’avoir des petits mots de vous ! A très bientôt, on vous embrasse JJ et S
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