samedi 13 décembre 2008

Quitter la Grêce...

Salut à tous,

En descendant maintenant vers le Sud , Wadi Rum arrive dans les îles du Dodécanèse. « Dodeca » : douze ! En fait elles sont 13 ou 14, égrenées le long de la côte turque, et elles ne sont grecques que depuis… 1948 ! Hé oui, voilà seulement 50 ans que les Italiens les ont rendues. Ils y étaient depuis 1912. Avant, bien sûr, les Ottomans, qui avaient fini par prendre le dessus sur les Chevaliers de St Jean, installés à Rhodes et dans toute la région, de 1300 à 1522…

Et on va s’arrêter là, car ici aussi les envahisseurs de tous bords se sont succédés depuis la nuit des temps. Sans parler des pirates qui ont écumé le coin…c'est-à-dire que s’ils surprenaient un village, les hommes étaient passés par les armes ( blanches) et les femmes et les enfants emmenés en esclavage !
Navigation sous génois seul, vent arrière, de Samos à Arki où Wadi Rum arrive par force 7. Toute petite île tranquille. Plus pour longtemps. Les nouveaux envahisseurs sont les touristes…


Patmos, 11 milles à l’Ouest. Patmos, bien sûr c’est l’Apocalypse de St Jean. C’est ici, dans une grotte, que Jean le disciple préféré du Christ, a dicté, à la fin de sa vie, (vers 90) ce texte…impressionnant. Je cherche un qualificatif. Parce que c’était l’occasion de le lire. Alors, j’ai ouvert la Bible qui est à bord (grâce à toi, Dominique de Balane V) et j’ai lu l’Apocalypse de St Jean…ça vous étonne ! Moi aussi !
Donc, au sommet de la colline, le monastère en pierres grises, massif, austère, solide, une véritable forteresse, et, tout autour les maisons blanches de la Chora, aux ruelles étroites. Magnifique.
Evidemment, c’est très visité, par les pèlerins et par les touristes, alors les marchands du temple sont là…


Wadi Rum est cul au quai, comme les autres bateaux. Le soir le temps se dégrade. Il se met à pleuvoir, de plus en plus fort. Le vent monte, des éclairs…encore un orage. On s’équipe en pécheurs bretons et on s’apprête à veiller toute la nuit. Il est environ minuit. Devant nous un voilier a dérapé : son ancre n’a pas résisté aux rafales de vent, et sous les trombes d’eau, son équipage (ils sont deux) essaie de remouiller (remettre l’ancre) en vain. Il décide de venir se mettre le long du quai, il y a juste la place. De loin, dans la nuit, je devine leur manoeuvre, quand je vois l’équipier, voulant sauter sur le quai, tomber à l’eau. Le temps de haler Wadi Rum vers le quai (on l’avait éloigné par sécurité !), je me précipite pour tendre une main secourable à la personne qui barbote sans pouvoir remonter sur le quai. C’est la femme du skipper. Heureusement, ne la voyant plus , dans l’obscurité et sous la pluie battante, il a eu le réflexe de s’éloigner, pour ne pas l’écraser entre le quai et la coque. Bref, on l’a sort de l’eau, avec l’aide d’un autre navigateur, et on aide le mari à s’amarrer. A 2h du matin, tout se calme… on peut aller se coucher. Non, vraiment, on n’aime pas du tout les orages !
Cap à l’Est, ressortez vos cartes… Lipso, l’île où Ulysse sur la route du retour, après la prise de Troie, serait tombé dans les bras de la nymphe Calypso ! (facile : ca…lypso !). Dans le petit village, on a compté plus de 15 églises ou chapelles, toutes blanches, aux toits en dôme bleus. Trait très( !) marquant de la Grèce : l’omniprésence de la religion partout, avec tous ces lieux de culte, innombrables, et les popes, partout, barbus, cheveux longs rassemblés en chignons, plus ou moins propres, en soutanes noires…Une église orthodoxe très puissante et influente…et très riche.
Toujours plus Sud : Leros. Le port de pêche de Pandeli ou 3 ou 4 voiliers peuvent se faufiler, dominé par…? Une citadelle byzantine très (trop) reconstruite, et par 6 moulins à vent ! C’est beau, et de là-haut, vue imprenable sur l’île. Plaisir, le soir, à la tombée du jour, d’observer le va et vient des barques des pêcheurs … en sirotant un verre d’ouzo bien frais, peinards dans le cockpit. Anecdote : Jules César, jeune, a été capturé sur Léros par des pirates qui réclament 20 sesterces de rançon. Jules, vexé d’être si peu considéré, augmente lui-même le prix de sa liberté à 50 sesterces ! Et pendant ses 40 jours de captivité promet les pires représailles à ses geôliers. De fait, libéré après versement de sa rançon, il monte aussitôt une expédition, les capture et les fait crucifier ! Déjà un caractère d’empereur le jeune Jules.


Encore plus Sud : Kalimnos, l’île des pêcheurs d’éponges. Après une escale dans la belle calanque de Vathi, Wadi Rum se retrouve dans le grand port de Kalimnos…une activité incessante : les ferries, les paquebots de croisières, les bateaux de pêche, les vedettes des gardes côtes, les voiliers, les caïques et les « goulettes » turques (superbes caïques en bois). Kalimnos restera une de « nos » belles îles grâce à Mano et Annie. Rencontre fortuite dans une taverna. Mano (Emmanuel) est français et grec : son père, kalimniote, se sauve à 19 ans, sur le bateau familial, pour échapper à la misère et tente sa chance en France… un passage par la Tunisie pour pêcher les éponges… Bref, une belle histoire d’émigration et d’intégration réussie. Et Mano, le fiston de l’émigré grec a gardé ses racines, sa langue et l’amour de son île où il revient, avec Annie, plusieurs mois par an! Alors vous imaginez le guide formidable que nous avons eu. Guide et chauffeur, car ils nous ont conduit, dans le vieux 4x4, du nord au sud de l’île ! Découverte, aussi, à Kalimnos de la vie terrible des pécheurs d’éponge, des milliers de victimes par ignorance des règles de plongée, et découverte de leurs coutumes «explosives » : à chaque départ des campagnes de pêche aux éponges, ils font sauter des centaines de bâtons de dynamite dans la montagne ! Une chapelle toute blanche là-haut dans la montagne : 4 jeunes ont explosés avec leur dynamite !!


Un mauvais souvenir pourtant. Une mauvaise manœuvre du skipper voisin et Sylvie pour protéger Wadi Rum se fait écraser la main entre les 2 bateaux ! Ca pisse le sang ! Le pouce est tout bleu ! Très joli ! On a craint une fracture de la main. Mais non, elle est solide, Sylvie. Mais handicapée pendant longtemps. Wadi Rum y laisse un chandelier !
Kos. Vous suivez toujours. On continue vers le Sud. Kos : un autre décor. Un joli port au pied de la…citadelle des Chevaliers de St Jean. Des palmiers, des fleurs, des tavernas et des bars partout, au milieu de restes archéologiques répartis dans la ville. Un tourisme maximum. Le platane sous lequel Hippocrate aurait enseigné la médecine. Mosquées et minarets qui annoncent la Turquie si proche. Plus loin l’Asklépion, le site d’Esculape, dans les bois, dominant la mer Egée : superbe, même s’il ne reste pas grand-chose.
Et surtout, retrouvailles sur le quai avec des équipages amis. Plaisir de se retrouver, de se découvrir, comme ceux de la Mutine…

Au Sud de Kos , Nisiros. Une île volcan. Superbe. Un cratère, une caldeira plutôt, immense, avec 3 autres à coté, une forte odeur de soufre, des fumerolles brûlantes qui sortent de terre, les couleurs jaunes, oranges, rouges, brunes, noires, des roches volcaniques, sous un ciel nuageux et gris qui efface les sommets autour de nous, tous seuls, au fond du cratère… presque angoissant ! Y a pas de doute, le Diable n’est pas loin ! Heureusement, on est si bien dans ce petit port, sans touristes, seulement quelques voiliers. Tiens la Mutine est là ! Dominique et Marie-Do nous aident à préparer notre arrivée en Turquie avec plein de conseils. Notre petit scooter nous permet de crapahuter partout sur cette île authentique. Une autre de « nos » belles îles .

Puis ce fut Tilos. Une île sans rien d’exceptionnel et pourtant encore une belle escale. Un village un peu trop neuf et un peu béton, et un peu trop british, mais grâce aux Anglais le village revit…alors ! Tilos est célèbre pour ces éléphants nains. Ils sont arrivés, normaux, il y a des milliers d’années, à la nage. Puis, problème d’alimentation et de consanguinité, ils sont devenus de plus en plus petits. Et, un jour, il y a 7000 ans, ils sont tous morts au moment de l’éruption volcanique de Santorin, alors qu’ils étaient réfugiés dans une grotte… C’étaient les derniers d’Europe ! Notre scooter nous a conduit vers un village déserté par ses habitants il y a 50 ans …pour des raisons pas claires : manque d’eau ( ?). Inquiétant cet endroit envahi par les chèvres… les arbres ont poussé dans les ruines des maisons… le vent souffle sur les pierres chauffées par le soleil. Seules les deux églises sont entretenues et « fonctionnent ».

Enfin, Symi. Une île très touristique. Et pour cause, ici aussi c’est très beau. Un port bien protégé et des maisons aux couleurs pastel qui grimpent sur les collines et falaises alentour. Heureusement c’est plus calme en ce moment, hors saison. Un crapahute vers quelques murailles en ruine tout en haut. Mais il faudra revenir, pour s’imprégner de l’ambiance ! Un jour d’escale c’et trop court.

Et Rhodes, la grandiose, la superbe, l’historique s’écrieront les connaisseurs ! Une autre fois ! Le bateau a rendez-vous pour se reposer un peu, pour se faire un peu réparer, un peu entretenir, un peu câliner. Il l’a bien mérité !
Et Wadi Rum largue ses amarres une dernière fois pour cette saison. A l’aube, mer d’huile, un long sillage qui laisse Simi, derrière, encore endormie, dans les couleurs douces de l’aurore. Cap sur Marmaris, sur la Turquie, vers un nouveau monde qui nous intrigue, nous inquiète un peu et nous attire.
Dernière navigation. Une bande de dauphins vient s’amuser devant l’étrave, comme jamais, pour se faire pardonner d’avoir été si peu là pendant ces 2300 milles parcourus dans les eaux grecques.
Le pavillon grec, à croix et bandes bleues et blanches est amené. Le rouge, vif, à croissant et étoile est envoyé.
Dans l’après-midi, arrivée à Yat Marina, du fond du golfe de Marmaris. Marina immense, une forêt de mats, une organisation rodée, on attend son tour pour que le zodiac vienne vous placer. « Kalithéa » nous accueille et donne les clefs pour vivre dans la marina et à Marmaris.
Il nous reste tout à découvrir et à comprendre de ce grand pays…la Turquie.
Ce sera pour l’année prochaine, Inch’Allah !
Et le travail d’hivernage de Wadi Rum se met en route. Avec le moteur qui commence par avaler les ailettes du rouet de pompe à eau ! Grâce à « Bingo », qui me donne les infos et la témérité d’oser, je vais chercher les morceaux de caoutchouc dans l’échangeur ! Moi-même, svp ! « Roch-hir » est de la partie et me donne aussi son assistance technique. « Balboa » arrive lui aussi pour hiverner. Nous retrouvons ainsi plein d’amis et en découvrons d’autres avec beaucoup de plaisir. Comme « Maru of France » qui connaît si bien cette région et est une véritable mine de tuyaux… Donc une vie sociale très riche et bien agréable !
Voila, cette belle virée en Grêce se termine. Nous avons été très heureux de partager avec vous tous, ces moments de … bonheur, tout simplement !
Si vous êtes d’accord on recommence l’année prochaine.
Promis, j’essaie de chiader un peu plus la mise en page et la qualité des photos.
Quand vous recevrez ce dernier message nous serons déjà sur le point de rejoindre la France…et plein de trucs pas très marrants. Mais on a un sac rempli d’Histoire, d’histoires, et de photos, de quoi affronter la crise et l’hiver !
On vous embrasse tous, affectueusement
Sylvie, Jean-Jacques et Wadi Rum

De Skyros à Psara

Salut à tous, Kalispera (c’est le soir)

Wadi Rum quitte Skyros, par une belle aube annonçant une belle journée ensoleillée, comme d’hab ! ça c’est pour vous remonter ou vous abattre le moral ! Pour l’équipage de WR, nous deux, c’est aussi une belle journée de navigation : cap au Sud-Est, on traverse à nouveau la mer Egée, vers Psara, petite île juste à l’Ouest de Chios.(Reprenez votre carte !) Le meltem souffle à 4 puis 5, du NE . Parfait ! Wadi Rum aime ça, malgré la mer qui se creuse un peu. Nous aussi.
Psara, caillou pelé. Petit port avec juste un autre voilier au milieu des petites barques de pêche. Ici encore de mauvais souvenirs avec les Turcs. Dès 1822, (la guerre de libération du joug turc) Psara, comme Hydra et Spetsies, avait mis sa flotte et ses marins au service de la cause grecque, et les dégâts infligés aux bateaux turcs commençaient à être importants, toujours avec la technique du brûlot (bateau bourré d’explosifs qu’on faisait sauter au contact du bateau ennemi). Mais le mauvais temps a empêché tout débarquement turc avant 1824. Mais un jour 14000 janissaires ont débarqué : tout le monde a été massacré ! 200 rescapés se sont sauvés pour fonder Nea-Psara sur l’île d’Eubée. Psara ne s’en est jamais relevée. C’est une île quasi désertique. Je garderai cependant le souvenir charmant de « la » jolie garde-côte venue nous contrôler dans son bel uniforme blanc, qu’elle remplissait si bien ! (« On peut se mettre en appétit dans la rue, si on mange à la maison !! » proverbe …quercinois !)

Souricette se joue toujours de la tapette !
Le 5 septembre nous voilà à Marmaro sur Chios, au Nord de l’île. On est le seul voilier ! Le meltem monte , contents d’être à l’abri, bien amarrés.
Souricette se moque de nous ! Ses crottes se multiplient dans le bateau, comme autant de provocations !
Oinoussa : petite île juste au NE de Chios. Presque déserte, mais très riche ! C’est l’île d’origine de bon nombre d’armateurs grecs qui vivent à Londres ou à New-York et qui viennent en vacances quelques jours par an. Le port est superbe, leurs maisons semblent très cossues à l’intérieur, mais discrètes de l’extèrieur. Beaucoup d’autres maisons du village sont en ruine ! Drôle d’impression. En plus, on est hors saison, « ils » sont repartis, tout est mort. « Ils » ont crée un beau musée sur la marine marchande (bien sûr !) plein de belles maquettes de cargos, mais aussi de bâtiments de guerre de l’époque napoléonienne construites par les prisonniers de guerre français dans les geôles anglaises.



Après 8 jours et 8 nuits, Souricette se fait prendre. Tristesse quand même pour cette petite bestiole … son corps a été immergé selon le rituel des marins…

De nouveau WR se trouve sur l’île de Chios, il faut prononcer Hios, avec « H » aspiré, sinon les grecs ne comprennent vraiment pas ! Ici aussi lourd passif avec les turcs. Dès le début de la révolte grecque, en 1822, le sultan décide de châtier les Chiotes ( prononcer Kiotes ! svp !) qui s’étaient soulevés. 30 000 sont massacrés, le double réduit en esclavage…pas de détail ! Entre autre, dans le petit village d’Anavastos, aux maisons accrochées au piton rocheux, les habitants, à l’arrivée des turcs, ont préféré se jeter dans le vide du haut du Kastro qui domine le patelin. Ils étaient plus de 500 ! Depuis c’est un village fantôme. C’est cette répression sanglante qui déclencha, en Europe, le mouvement des Philhellènes, parmi les intellectuels, Hugo, Delacroix, Byron… qui allait entraîner l’engagement militaire de l’Angleterre, de la France et de la Russie aux cotés des Grecs, et en fin de compte, faire pencher la victoire en faveur de la Grèce !

En plus, tremblement de terre terrible en 1881 ! L’île mettra longtemps à se remettre de tous ces évènements.
Heureusement, Chios a d’autres choses à faire valoir. D’abord Homère y serait né ! Ensuite, les paysages sont magnifiques, avec des villages agréables, des citadelles, des monastères, des plages. Et, surtout, une spécialité étonnante, le mastic ! Le mastic est la sève d’un arbuste, le lentisque, (genre de pistachier), récoltée par incision de l’écorce (comme nos pins pour la résine !). Cette sève, durcie à l’air, rentre dans la composition d’une foultitude de produits cosmétologiques et aussi de pâtisseries et de bonbons et autres loukoums…hautement appréciés par les sultans turcs. Conséquence : au moment des massacres de 1822, les villages producteurs de mastic ont été un peu épargnés ! Fallait garder les gens compétents dans ce domaine. Ces villages ont une architecture spéciale pour se protéger des attaques des pirates et font un peu penser à nos bastides du sud-ouest.

Bref, une île variée , passionnante, où nous avons passé de bonnes journées… à propos , le mastic, pour l’avoir goûté en bonbons et biscuits, pas terrible , à notre avis !

Et vogue Wadi Rum, plein Sud vers Icaria. Et le meltem prévu et souhaité est absent. Pour une fois qu’il aurait été utile ! Icaria, bien sûr à cause d’Icare qui se serait abîmé en mer, ici, la cire de ses ailes ayant fondu…ect…ect…Revisez Minos, le Minautore, Dédale et son fils Icare, les premiers hommes volants. Une île bien sympa , à l’écart du tourisme, authentique, visitée sur un petit scooter, sur des routes très rustiques très mal indiquées, encore plus mal que d’habitude (et uniquement en grec !). Donc, on s’est perdu dans la montagne ! Un hameau désert de 3 maisons dans un coin sauvage. On ose à peine frapper à une porte ! Et là, un miracle ! Une jeune fille apparaît, d’une beauté… aux yeux clairs…aux cheveux blonds… un ange, qui parle anglais et qui nous remet dans le droit chemin ! On croit avoir rêvé… JJ surtout…( note du comité de lecture).


Cap à l’Est vers Samos. Là, on est tout près de la Turquie. 1,2Km .Une île montagneuse, 2ème sommet de la mer Egée (1440m)
Port de Pythagorion , au sud . Devinez qui est né là ? Mais aussi Epicure, mais aussi Aristarque… ah, celui-là, on le connaît moins, il avait supposé que la Terre tournait autour du Soleil, bien avant Copernic. Mais aussi un certain Polycrate, tyran éclairé qui apporta la prospérité à Samos au 6° siècle avant JC grâce à une jetée importante pour protéger le port, première pour l’époque, un aqueduc souterrain de plus d’un kilomètre, et un temple magnifique à Hera (femme et sœur de Zeus). A part une colonne, et encore, pas entière, tout est au niveau « zéro ». Un peu décevant.
Samos, c’est une belle île, très, très touristique. Un aéroport. Des charters en quantité, qui amènent des flots de germaniques, venus se griller sur les plages, très belles (les plages, pas les germaniques, plutôt âgées et boursouflées), et consommer le vin doux réputé d’ici, le « Samos » !
Wadi Rum est cul au quai à Pythagorion, devant les cafés, et la fête bat son plein toute la nuit…boules Quiès obligatoires. Et un beau scooter de 125 cm3 (on s’enhardit !) nous permet de découvrir cette île qui mérite sa réputation.

Encore pour le moral, le vôtre, je rappelle le soleil omniprésent (malgré une averse hier, tiens !) les eaux turquoises…quoique de plus en plus fraîches et les paysages montagneux avec les vignes en terrasses, avec les pins, les châtaigniers, les figuiers, citronniers, eucalyptus, avec partout des petites chapelles blanches au toit bleu, dominant les criques aux eaux cristallines…
Bientôt, cap au Sud encore vers les îles du Dodécanèse pour être à Maramaris en Turquie pour le 14 octobre. WR sortira de l’eau.
Coup d’œil sur la vie grecque. Les restaurants, ici, sont les tavernas, je vous en ai déjà parlé. Gargotes simples et bon enfant, aux tables et chaises peintes de couleurs gaies, aux nappes à carreaux le plus souvent. Dès que l’on est assis, cette jolie nappe est couverte d’une nappe en papier plastifiée en dessous. Pour débarrasser, facile : on tape les assiettes sur la tranche sur la nappe en papier plastique pour les vider des restes, rassemblés donc au milieu, on fait un baluchon en prenant les 4 coins de la nappe, et hop à la poubelle, le plus souvent juste à coté sous votre nez ! Au suivant…une nappe neuve en papier plastique…
Salut à tous, Kali nita (bonne nuit !)
On vous embrasse JJ S

ïle Pelagos

Kalimera à tous,

Wadi Rum a retrouvé son équipage de base, et, un peu de calme, après le départ des Lobry-Ségoufielle. Reprenez vos atlas, les amis, faut suivre le périple de votre bateau favori !
Mouillage forain sauvage et paisible dans le sud de l’île Pelagos ou Panagia, selon les cartes, avec des biquettes en liberté dans la brousse caillouteuse. Puis cap au 0° pour monter en Chalcidique. Cette fois, on est là-haut dans le Nord de la Grèce. C’est cette main bizarre à 3 doigts dirigés vers le Sud. Longue navigation au moteur, pas de vent ! Mais dans, ce coin là, il vaut mieux, car on l’aurait encore eu dans le nez. Escale à Porto Koufo, superbe port naturel, très bien abrité, mais sans aucun autre intérêt. Méfiez-vous, vous qui passerez par là, un jour, du « Captain » qui tient une taverne-épicerie, en haut de la colline…c’est une grande gueule et un pirate plutôt qu’un captain !
L’archipel des Diaphoros ! Superbe ! De petites îles avec de magnifiques petites plages, avec des rochers genre forêt de Fontainebleau, eau claire et chaude…On y serait bien resté un peu plus ! Ici les touristes ont radicalement changé ! D’abord pratiquement plus de voiliers de voyage, et on n’entend que parler « russe » ! Bulgares, roumains, serbes, croates… ce sont les voisins du dessus qui descendent…faune étrange, assez « basique », peuples à mieux connaître… !

Anachorète, gyrovaque, higoumène, archontaris, cenobite, idiorythmique, skites, simandre…non, non, ce n’est pas le capitaine Haddock en colère…mais le vocabulaire minimum à connaître pour commencer à comprendre quelque chose au mont Athos. Amusez vous avec votre dictionnaire !
Le tour du mont Athos, la Montagne Sainte pour les grecs. Défense d’accoster, défense de naviguer à moins de 500m de la côte, surtout s’il y a une femme à bord !! C’est qu’ils sont d’un intégrisme forcené, dans cet état dans l’état, véritable théocratie indépendante : pas de femelle, d’aucune espèce, sur le territoire, (sauf des poules !!) et ce, depuis plus de 1000 ans ! 10 étrangers par jour seulement ont le droit d’entrer, et il faut préparer son affaire longtemps à l’avance, avec demande d’autorisation, motifs… visiblement on est loin de l’Europe ! (Qui, pourtant, finance à coup de millions d’euros la reconstruction des monastères !)Sylvie a très mal accepté cette ségrégation et compte bien demander des explications au premier pope venu !
A propos de pope : surprenante vision que celle d’un grand zodiac rapide, comme ceux des Coast Guards, piloté, à fond, dans le port d’Ouranopolis, par un pope, sa calotte vissée sur la tête, barbe et soutane flottant au vent…
Donc, tour de cette péninsule sacrée, longue journée de navigation moteur, pour découvrir, de loin, ces étonnants monastères accrochés aux montagnes. Certains font beaucoup penser aux monastères tibétains, perchés sur leurs rochers.
Mouillage, le soir, en territoire interdit, dans une crique d’une sauvagitude totale… Sylvie craignant à tout instant de voir surgir des popes agressifs anti-femelle…
40 milles à l’Est, Wadi Rum aborde l’île de Thassos. Belle île ronde et montagneuse. Célèbre pour ses carrières de marbre,(passionnant site archéologique d’extraction de marbre en bord de mer) elle eut son heure de gloire et de puissance, dans l’Antiquité, grâce, à ses mines d’or, avant, évidemment, d’être envahie et colonisée par tous ceux qui passèrent par là. Ici aussi tourisme à forte dominance slave !
Puis 60 milles au Sud, l’île de Lemnos. Vous suivez ! Mirina, joli port dominé, encore et toujours, par les murs d’une citadelle, édifiée depuis la nuit des temps, améliorée par les vénitiens, les génois, puis les turcs…Lemnos est poursuivie par les histoires d’odeur ! D’abord, c’est Philoctète, un copain d’Achille, sur la route de Troie, qui, blessé à la jambe, voit la blessure s’infecter et ça pue tellement que ses petits camarades l’abandonne là, dans une grotte…Merci les copains !
C’est aussi les femmes de Lemnos qui refusent d’honorer la belle Aphrodite, femme d’Héphaïstos (Vulcain), protecteur de l’île, parce qu’elle le trompe effrontément, le pauv’ gars. Mécontente, la belle déesse inflige à ces femmes d’émettre d’insupportables odeurs qui font fuir leurs hommes ! Furieuses, elles tuent tous les hommes de l’île qui les rejettent ! Hé oui, les gars, faut savoir faire un minimum d’efforts ! Du coup, quand Jason et les argonautes sont passés par là, sur la route de la Toison d’Or, ils sont restés 2 ans pour câliner ces femmes insatisfaites, et repeupler l’île !
Lemnos, ça rappelle aussi, plus dramatiquement, l’épisode sanglant de l’échec de l’expédition des Dardanelles. Le corps expéditionnaire franco-anglais s’étant rassemblé dans la baie de Moudros, avant de tenter par la mer d’abord, puis par des débarquements terrestres de forcer le passage vers Istanbul, pour contraindre les Turcs à la paix et ouvrir un nouveau front ! C’était en 1915 ! Echec total ! Les Turcs (et les Allemands) n’ont pas lâché un pouce de terrain. Pertes alliées : 100 000 morts ! Pour rien ! C’était une idée de Churchill. Un sobre et poignant cimetière militaire rappelle la mort de tous ces pauvres types, dont beaucoup d’australiens et de néo-zélandais…Toujours la guerre !
Puis cap au SW, pour revenir vers les Sporades dites du Nord. Belle navigation à la voile : un bon 6 beaufort nous pousse dans les fesses du début à la fin du jour… quel bonheur, y avait longtemps que Wadi Rum n’avait pas caracolé comme ça !
Et on retrouve à Skopelos nos amis Yves-Jean et Françoise ! Avec eux on découvre de nouveaux aspects de cette île vraiment belle…des monastères…Glossa, village perché sur sa montagne…plages aux eaux limpides…Puis Alonissos, l’île d’à coté. Là, ça se gâte ! Le temps, pas l’ambiance ! Il pleut des cordes toute la journée… Vous, vous n’êtes pas surpris, en France, mais nous, si ! 1er jour de pluie depuis plus de 4 mois de navigation ! Au moins le bateau est rincé à l’eau douce et la terre aride se gorge d’eau, ça ruisselle de partout…

De nouveau notre mouillage sauvage avec nos amis sur Pelagos ! Ils découvrent le bonheur de ces moments là : le coucher du soleil, le firmament étoilé grec (ils ont pas mal bourlingué et connaissent d’autres cieux superbes !), l’aube tranquille et le départ de bonne heure : cap au sud, Skyros, vous suivez !
Mais ils découvrent aussi l’horreur ! Un passager clandestin à bord ! Sylvie l’a vu ! Un grand cri : une souris ! Ca confirme les grignotements suspects de nos fruits et légumes…on n’osait pas se l’avouer ! Branle-bas de combat ! Sylvie avait 2 tapettes en réserve ! Irremplaçable et prévoyante Sylvie ! On les graisse, les affûte, les fourbit et les garnit de fromage et de tomates…
Donc, cap sur Skyros . Dans ce sens là le meltem est un allié ; expérience de navigation musclée à la voile pour Françoise (grand-largue force 5, rafales à 6, mer agitée), qui se comporte stoïquement, partagée entre plaisir et nausée sous-jacente, jusqu’à Linaria ! Journée scooter pour visiter le village de Skyros. Petites maisons blanches cubiques à terrasses avec treilles et tonnelles comme dans les Cyclades (parait-il !), montant à l’assaut du piton rocheux couronné par…la citadelle, bien sûr ! Hélas, on ne visite plus : un tremblement de terre, en 2001, l’a trop fragilisée !

Le fromage et la tomate ont été chapardés par Souricette, sans que les tapettes ne fonctionnent …la finaude !! On réarme et on affine les réglages !
Et on les voit partir, nos copains, fièrement juchés sur le quad de location, vers de nouvelles aventures pendant que Wadi Rum repart vers l’Est : Skyros- Psara- Chios… vous suivez toujours ? Je sais, on zigzague ! C’est le bonheur de la liberté !

Vers 4h du matin, une tapette claque. Je bondis ! ( même pas peur !) Mais pas de souris ! On réarme et on réaffine ! Suspense insoutenable…la suite au prochain numéro !
Salut à tous, on vous embrasse, JJ et S sur WR

PS : branle-bas de combat : le branle était le hamac des marins de la Royale (la marine de guerre du roi) … ils installaient leur hamac prés de leur poste de combat, prés de leur canon ! Evidemment, il fallait dégager rapidement la place en cas d’alerte : mettre bas le branle et se préparer au combat ! Il y avait aussi le branle –bas de ménage ! Plus prosaïque, mais il fallait aussi nettoyer le bateau !
Ah, on en apprend des trucs avec Bergou !!