samedi 13 décembre 2008

De Skyros à Psara

Salut à tous, Kalispera (c’est le soir)

Wadi Rum quitte Skyros, par une belle aube annonçant une belle journée ensoleillée, comme d’hab ! ça c’est pour vous remonter ou vous abattre le moral ! Pour l’équipage de WR, nous deux, c’est aussi une belle journée de navigation : cap au Sud-Est, on traverse à nouveau la mer Egée, vers Psara, petite île juste à l’Ouest de Chios.(Reprenez votre carte !) Le meltem souffle à 4 puis 5, du NE . Parfait ! Wadi Rum aime ça, malgré la mer qui se creuse un peu. Nous aussi.
Psara, caillou pelé. Petit port avec juste un autre voilier au milieu des petites barques de pêche. Ici encore de mauvais souvenirs avec les Turcs. Dès 1822, (la guerre de libération du joug turc) Psara, comme Hydra et Spetsies, avait mis sa flotte et ses marins au service de la cause grecque, et les dégâts infligés aux bateaux turcs commençaient à être importants, toujours avec la technique du brûlot (bateau bourré d’explosifs qu’on faisait sauter au contact du bateau ennemi). Mais le mauvais temps a empêché tout débarquement turc avant 1824. Mais un jour 14000 janissaires ont débarqué : tout le monde a été massacré ! 200 rescapés se sont sauvés pour fonder Nea-Psara sur l’île d’Eubée. Psara ne s’en est jamais relevée. C’est une île quasi désertique. Je garderai cependant le souvenir charmant de « la » jolie garde-côte venue nous contrôler dans son bel uniforme blanc, qu’elle remplissait si bien ! (« On peut se mettre en appétit dans la rue, si on mange à la maison !! » proverbe …quercinois !)

Souricette se joue toujours de la tapette !
Le 5 septembre nous voilà à Marmaro sur Chios, au Nord de l’île. On est le seul voilier ! Le meltem monte , contents d’être à l’abri, bien amarrés.
Souricette se moque de nous ! Ses crottes se multiplient dans le bateau, comme autant de provocations !
Oinoussa : petite île juste au NE de Chios. Presque déserte, mais très riche ! C’est l’île d’origine de bon nombre d’armateurs grecs qui vivent à Londres ou à New-York et qui viennent en vacances quelques jours par an. Le port est superbe, leurs maisons semblent très cossues à l’intérieur, mais discrètes de l’extèrieur. Beaucoup d’autres maisons du village sont en ruine ! Drôle d’impression. En plus, on est hors saison, « ils » sont repartis, tout est mort. « Ils » ont crée un beau musée sur la marine marchande (bien sûr !) plein de belles maquettes de cargos, mais aussi de bâtiments de guerre de l’époque napoléonienne construites par les prisonniers de guerre français dans les geôles anglaises.



Après 8 jours et 8 nuits, Souricette se fait prendre. Tristesse quand même pour cette petite bestiole … son corps a été immergé selon le rituel des marins…

De nouveau WR se trouve sur l’île de Chios, il faut prononcer Hios, avec « H » aspiré, sinon les grecs ne comprennent vraiment pas ! Ici aussi lourd passif avec les turcs. Dès le début de la révolte grecque, en 1822, le sultan décide de châtier les Chiotes ( prononcer Kiotes ! svp !) qui s’étaient soulevés. 30 000 sont massacrés, le double réduit en esclavage…pas de détail ! Entre autre, dans le petit village d’Anavastos, aux maisons accrochées au piton rocheux, les habitants, à l’arrivée des turcs, ont préféré se jeter dans le vide du haut du Kastro qui domine le patelin. Ils étaient plus de 500 ! Depuis c’est un village fantôme. C’est cette répression sanglante qui déclencha, en Europe, le mouvement des Philhellènes, parmi les intellectuels, Hugo, Delacroix, Byron… qui allait entraîner l’engagement militaire de l’Angleterre, de la France et de la Russie aux cotés des Grecs, et en fin de compte, faire pencher la victoire en faveur de la Grèce !

En plus, tremblement de terre terrible en 1881 ! L’île mettra longtemps à se remettre de tous ces évènements.
Heureusement, Chios a d’autres choses à faire valoir. D’abord Homère y serait né ! Ensuite, les paysages sont magnifiques, avec des villages agréables, des citadelles, des monastères, des plages. Et, surtout, une spécialité étonnante, le mastic ! Le mastic est la sève d’un arbuste, le lentisque, (genre de pistachier), récoltée par incision de l’écorce (comme nos pins pour la résine !). Cette sève, durcie à l’air, rentre dans la composition d’une foultitude de produits cosmétologiques et aussi de pâtisseries et de bonbons et autres loukoums…hautement appréciés par les sultans turcs. Conséquence : au moment des massacres de 1822, les villages producteurs de mastic ont été un peu épargnés ! Fallait garder les gens compétents dans ce domaine. Ces villages ont une architecture spéciale pour se protéger des attaques des pirates et font un peu penser à nos bastides du sud-ouest.

Bref, une île variée , passionnante, où nous avons passé de bonnes journées… à propos , le mastic, pour l’avoir goûté en bonbons et biscuits, pas terrible , à notre avis !

Et vogue Wadi Rum, plein Sud vers Icaria. Et le meltem prévu et souhaité est absent. Pour une fois qu’il aurait été utile ! Icaria, bien sûr à cause d’Icare qui se serait abîmé en mer, ici, la cire de ses ailes ayant fondu…ect…ect…Revisez Minos, le Minautore, Dédale et son fils Icare, les premiers hommes volants. Une île bien sympa , à l’écart du tourisme, authentique, visitée sur un petit scooter, sur des routes très rustiques très mal indiquées, encore plus mal que d’habitude (et uniquement en grec !). Donc, on s’est perdu dans la montagne ! Un hameau désert de 3 maisons dans un coin sauvage. On ose à peine frapper à une porte ! Et là, un miracle ! Une jeune fille apparaît, d’une beauté… aux yeux clairs…aux cheveux blonds… un ange, qui parle anglais et qui nous remet dans le droit chemin ! On croit avoir rêvé… JJ surtout…( note du comité de lecture).


Cap à l’Est vers Samos. Là, on est tout près de la Turquie. 1,2Km .Une île montagneuse, 2ème sommet de la mer Egée (1440m)
Port de Pythagorion , au sud . Devinez qui est né là ? Mais aussi Epicure, mais aussi Aristarque… ah, celui-là, on le connaît moins, il avait supposé que la Terre tournait autour du Soleil, bien avant Copernic. Mais aussi un certain Polycrate, tyran éclairé qui apporta la prospérité à Samos au 6° siècle avant JC grâce à une jetée importante pour protéger le port, première pour l’époque, un aqueduc souterrain de plus d’un kilomètre, et un temple magnifique à Hera (femme et sœur de Zeus). A part une colonne, et encore, pas entière, tout est au niveau « zéro ». Un peu décevant.
Samos, c’est une belle île, très, très touristique. Un aéroport. Des charters en quantité, qui amènent des flots de germaniques, venus se griller sur les plages, très belles (les plages, pas les germaniques, plutôt âgées et boursouflées), et consommer le vin doux réputé d’ici, le « Samos » !
Wadi Rum est cul au quai à Pythagorion, devant les cafés, et la fête bat son plein toute la nuit…boules Quiès obligatoires. Et un beau scooter de 125 cm3 (on s’enhardit !) nous permet de découvrir cette île qui mérite sa réputation.

Encore pour le moral, le vôtre, je rappelle le soleil omniprésent (malgré une averse hier, tiens !) les eaux turquoises…quoique de plus en plus fraîches et les paysages montagneux avec les vignes en terrasses, avec les pins, les châtaigniers, les figuiers, citronniers, eucalyptus, avec partout des petites chapelles blanches au toit bleu, dominant les criques aux eaux cristallines…
Bientôt, cap au Sud encore vers les îles du Dodécanèse pour être à Maramaris en Turquie pour le 14 octobre. WR sortira de l’eau.
Coup d’œil sur la vie grecque. Les restaurants, ici, sont les tavernas, je vous en ai déjà parlé. Gargotes simples et bon enfant, aux tables et chaises peintes de couleurs gaies, aux nappes à carreaux le plus souvent. Dès que l’on est assis, cette jolie nappe est couverte d’une nappe en papier plastifiée en dessous. Pour débarrasser, facile : on tape les assiettes sur la tranche sur la nappe en papier plastique pour les vider des restes, rassemblés donc au milieu, on fait un baluchon en prenant les 4 coins de la nappe, et hop à la poubelle, le plus souvent juste à coté sous votre nez ! Au suivant…une nappe neuve en papier plastique…
Salut à tous, Kali nita (bonne nuit !)
On vous embrasse JJ S

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