mardi 15 juillet 2008

Nauplie,Spetses, Hydra, Poros...

Yassas à tous qui suivez les péripéties de Wadi Rum autour du Péloponèse…
Et ça continue, avec chaque jour, sa petite histoire.
Nous avons quitté Monemvassia, avec l’impression " portuaire " que le vent serait clément… las… dès que Wadi Rum a montré son nez de l’autre coté de ce Gibraltar local, il prit, comme d’hab, 25nds de vent de face ! 5 heures de moteur et de shaker eurent raison de la patience de l’équipage qui se réfugia dans la petite baie de Kiparissi.
Et là, la récompense. Une crique abritée du vent, une chapelle toute petite et toute blanche, pour nous protéger, un décor de maquis et de pins d’Alep, des cigales qui chantaient (c’est normal, elles chantent tout l’été avant que la bise…), de l’eau claire et un quai pour nous tout seuls…
Un moment superbe, troublé quelques heures par un gros motor-boat, plein de russes riches et bruyants (probablement maffieux), qui eurent la bonne idée de déguerpir avant la nuit. Et nous avons retrouvé notre solitude… royale. Solitude partagée avec un essaim de guêpes qui quitta quand même le bateau chassé par les tortillons anti-bestioles !
Puis un vent favorable, si, si ! nous poussa gentiment vers Porto Cheli (ou Keli). Plaisir de naviguer au portant sur une mer plate, avec Wadi Rum heureux d’allonger la foulée… on avait oublié ! Pour retrouver dans ce mouillage tranquille Stéphane et Bernadette, sur "Sagittaire " avec qui nous naviguons depuis Elafonissos. (Stéphane Carlier a vendu des camions à Alain Tinel !! Comprenne qui pourra ! Nouvelle preuve, en tout cas, que notre monde est minuscule !)
Nauplie, Nafplio, première capitale du tout jeune état grec en 1828, avant qu’Athènes ne reprenne sa place. Très jolie petite ville avec son quartier vénitien, aux petites ruelles, et bien sûr, avec ses tavernas et échoppes et cafés et marchands de glace et fiacres pour touristes, mais aussi sa citadelle imprenable construite pour Venise par Lassalle, ingénieur français, qui, acheté par les turcs, a livré les plans de sa forteresse, le salopard, et la place est tombée sous la coupe des Ottomans ! Mais aussi avec son église des Francs, ancienne mosquée devenue église catholique (tiens ! c’est la première rencontrée), avec son fort turc sur un îlot… 2ème ville visitée de Grèce après Athènes… C’est mérité… Et pour les grecs, c’est la ville de l’amour… Alors !
Puis l’île de Spetses… l’île de la Bouboulina, héroïne de la Guerre d’Indépendance… Elle est née dans une prison à Constantinople, fille d’un capitaine corsaire grec condamné à mort par les turcs et dont la femme avait droit de visite… à 16 ans la Bouboulina se marie avec un capitaine de Spetses, qui meurt, coulé dans son bateau, attaqué par les Turcs… elle se remarie avec un autre capitaine qui, lui aussi, meurt en mer en combattant les Turcs… alors, elle ne les aime pas beaucoup les Ottomans, et comme elle est riche, après ses héritages, elle transforme sa flotte de commerce en flotte de guerre et, à la tête de ses navires, pistolets à la ceinture, elle livre une guerre maritime sans merci, contre l’envahisseur !
Elle meurt, dans un règlement de compte, d’une balle en pleine tête, car son fils, avait séduit et abandonné une fille d’une autre grande famille d’armateur… pauvre petit c.. ! La Bouboulina n’aura pas connu la Grèce libre !
Autre épisode de cette guerre de libération… Vous vous souvenez des Philhéllènes, les européens qui avaient embrassé la cause grecque… parmi eux , le neveu de Napoléon, Paul-Marie Bonaparte, meurt dans l’explosion accidentelle d’un pistolet. Son corps est ramené à Spetses, et conservé 5 ans dans un baril d’huile d’olive ! A défaut de chambre froide… !
En plus de son rôle historique, le port de Spetses est un endroit bien sympa et donc, proximité d’Athènes oblige, très touristique… pas de voitures mais des centaines de scooters à louer et quelques fiacres romantiques… Mais quand même une vraie vie locale avec ses pêcheurs, ses chantiers qui réparent les caïques et ses taxiboats qui vont à fond dans le port, levant un ressac désagréable… Départ un peu rock’roll quand la chaîne de " Sagittaire " ramène une ancre énorme, qui n’est pas la sienne (probablement datant de la guerre d’indépendance !). JJ doit plonger pour mettre de l’ordre là-dedans !
Escale repos et authentiquement grecque à Ermioni… c'est-à-dire sans touriste ! (comme nous !)
Puis le choc ! Non, non, pas une collision, le choc visuel, social, auditif, touristico-tropézien… Hydra ! Le plus beau (petit) port de Grèce ! Possible. Et même vrai, c’est superbe ce village qui monte à l’assaut des montagnes qui entourent le port ! Avec, là aussi, escaliers, ruelles, maisons blanches ou de pierres, bougainvillées, lauriers, jasmins, avec les ânes et mulets qui portent tout, car ici, pas de voitures , mais pas non plus de 2 roues… Alors c’est le vrai St Trop grec ! Hallucinant ! Un trafic maritime fou : les ferries de toute taille qui déchargent en permanence leur cargaison de touristes et qui foncent en chercher d’autres, les taxiboats, à fond, comme toujours, le cargo-citerne qui ravitaille en eau, chaque jour, la petite cité, les petits voiliers comme nous, un peu perdus et affolés comme un piéton place de la Concorde, et, et surtout, les big yachts des plus riches que riches qui remplissent le port tous les soirs, et débarquent la jet-set dans les restos et cafés du port… WR et son bateau-copain (Sagittaire) ont eu la chance de se faufiler et de trouver une place… Alors on est au spectacle de ce monde de fous, dans un décor magnifique, dans un vacarme de moteur permanent.
Mais n’oublions pas le glorieux passé d’Hydra ! Comme à Spetses, sa voisine, les armateurs ont pris une part décisive dans l’indépendance de la Grèce, dès 1821, en attaquant et portant un coup fatal à la flotte turque. Ici, ce sont des héros nationaux. En particulier, Miaoulis a mis au point la technique des brûlots : envoyer des vieux bateaux bourrés d’explosifs au contact des bâtiments ennemis et allumer la mèche… résultat garanti. Mais il fallait des équipages réduits et audacieux, qui se sauvaient en chaloupe juste avant que ça pète !
Et dans le port d’Hydra le cirque quotidien des voiliers et des autres bateaux, qui, chaque fois qu’ils relèvent leur ancre remonte l’ancre du voisin, ou une chaîne, ou une amarre… avec souvent bien du mal pour s’en débarrasser ! Evidemment, Sagittaire et Wadi Rum n’ont pas échappé à la règle… chacun remonte la chaîne d’un autre… mais on connaît maintenant la manœuvre, et on renvoie dans le fond du port ce qui n’est pas à nous !
Nous voilà au quai de Poros, coin qui semble bien sympa aussi. On s’approche peu à peu du rendez-vous avec ma petite sœur MN et sa copine Hélène qui viennent naviguer avec nous, très bientôt. Super ! On va refaire ensemble tout ce trajet d’Egine à Nauplie, en s’enfonçant un peu dans les terres… On vous racontera !
A bientôt, Yassas !

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