Salut à tous,
En descendant maintenant vers le Sud , Wadi Rum arrive dans les îles du Dodécanèse. « Dodeca » : douze ! En fait elles sont 13 ou 14, égrenées le long de la côte turque, et elles ne sont grecques que depuis… 1948 ! Hé oui, voilà seulement 50 ans que les Italiens les ont rendues. Ils y étaient depuis 1912. Avant, bien sûr, les Ottomans, qui avaient fini par prendre le dessus sur les Chevaliers de St Jean, installés à Rhodes et dans toute la région, de 1300 à 1522…
Et on va s’arrêter là, car ici aussi les envahisseurs de tous bords se sont succédés depuis la nuit des temps. Sans parler des pirates qui ont écumé le coin…c'est-à-dire que s’ils surprenaient un village, les hommes étaient passés par les armes ( blanches) et les femmes et les enfants emmenés en esclavage !
Navigation sous génois seul, vent arrière, de Samos à Arki où Wadi Rum arrive par force 7. Toute petite île tranquille. Plus pour longtemps. Les nouveaux envahisseurs sont les touristes…
Patmos, 11 milles à l’Ouest. Patmos, bien sûr c’est l’Apocalypse de St Jean. C’est ici, dans une grotte, que Jean le disciple préféré du Christ, a dicté, à la fin de sa vie, (vers 90) ce texte…impressionnant. Je cherche un qualificatif. Parce que c’était l’occasion de le lire. Alors, j’ai ouvert la Bible qui est à bord (grâce à toi, Dominique de Balane V) et j’ai lu l’Apocalypse de St Jean…ça vous étonne ! Moi aussi !
Donc, au sommet de la colline, le monastère en pierres grises, massif, austère, solide, une véritable forteresse, et, tout autour les maisons blanches de la Chora, aux ruelles étroites. Magnifique.
Evidemment, c’est très visité, par les pèlerins et par les touristes, alors les marchands du temple sont là…
Wadi Rum est cul au quai, comme les autres bateaux. Le soir le temps se dégrade. Il se met à pleuvoir, de plus en plus fort. Le vent monte, des éclairs…encore un orage. On s’équipe en pécheurs bretons et on s’apprête à veiller toute la nuit. Il est environ minuit. Devant nous un voilier a dérapé : son ancre n’a pas résisté aux rafales de vent, et sous les trombes d’eau, son équipage (ils sont deux) essaie de remouiller (remettre l’ancre) en vain. Il décide de venir se mettre le long du quai, il y a juste la place. De loin, dans la nuit, je devine leur manoeuvre, quand je vois l’équipier, voulant sauter sur le quai, tomber à l’eau. Le temps de haler Wadi Rum vers le quai (on l’avait éloigné par sécurité !), je me précipite pour tendre une main secourable à la personne qui barbote sans pouvoir remonter sur le quai. C’est la femme du skipper. Heureusement, ne la voyant plus , dans l’obscurité et sous la pluie battante, il a eu le réflexe de s’éloigner, pour ne pas l’écraser entre le quai et la coque. Bref, on l’a sort de l’eau, avec l’aide d’un autre navigateur, et on aide le mari à s’amarrer. A 2h du matin, tout se calme… on peut aller se coucher. Non, vraiment, on n’aime pas du tout les orages !
Cap à l’Est, ressortez vos cartes… Lipso, l’île où Ulysse sur la route du retour, après la prise de Troie, serait tombé dans les bras de la nymphe Calypso ! (facile : ca…lypso !). Dans le petit village, on a compté plus de 15 églises ou chapelles, toutes blanches, aux toits en dôme bleus. Trait très( !) marquant de la Grèce : l’omniprésence de la religion partout, avec tous ces lieux de culte, innombrables, et les popes, partout, barbus, cheveux longs rassemblés en chignons, plus ou moins propres, en soutanes noires…Une église orthodoxe très puissante et influente…et très riche.
Toujours plus Sud : Leros. Le port de pêche de Pandeli ou 3 ou 4 voiliers peuvent se faufiler, dominé par…? Une citadelle byzantine très (trop) reconstruite, et par 6 moulins à vent ! C’est beau, et de là-haut, vue imprenable sur l’île. Plaisir, le soir, à la tombée du jour, d’observer le va et vient des barques des pêcheurs … en sirotant un verre d’ouzo bien frais, peinards dans le cockpit. Anecdote : Jules César, jeune, a été capturé sur Léros par des pirates qui réclament 20 sesterces de rançon. Jules, vexé d’être si peu considéré, augmente lui-même le prix de sa liberté à 50 sesterces ! Et pendant ses 40 jours de captivité promet les pires représailles à ses geôliers. De fait, libéré après versement de sa rançon, il monte aussitôt une expédition, les capture et les fait crucifier ! Déjà un caractère d’empereur le jeune Jules.
Encore plus Sud : Kalimnos, l’île des pêcheurs d’éponges. Après une escale dans la belle calanque de Vathi, Wadi Rum se retrouve dans le grand port de Kalimnos…une activité incessante : les ferries, les paquebots de croisières, les bateaux de pêche, les vedettes des gardes côtes, les voiliers, les caïques et les « goulettes » turques (superbes caïques en bois). Kalimnos restera une de « nos » belles îles grâce à Mano et Annie. Rencontre fortuite dans une taverna. Mano (Emmanuel) est français et grec : son père, kalimniote, se sauve à 19 ans, sur le bateau familial, pour échapper à la misère et tente sa chance en France… un passage par la Tunisie pour pêcher les éponges… Bref, une belle histoire d’émigration et d’intégration réussie. Et Mano, le fiston de l’émigré grec a gardé ses racines, sa langue et l’amour de son île où il revient, avec Annie, plusieurs mois par an! Alors vous imaginez le guide formidable que nous avons eu. Guide et chauffeur, car ils nous ont conduit, dans le vieux 4x4, du nord au sud de l’île ! Découverte, aussi, à Kalimnos de la vie terrible des pécheurs d’éponge, des milliers de victimes par ignorance des règles de plongée, et découverte de leurs coutumes «explosives » : à chaque départ des campagnes de pêche aux éponges, ils font sauter des centaines de bâtons de dynamite dans la montagne ! Une chapelle toute blanche là-haut dans la montagne : 4 jeunes ont explosés avec leur dynamite !!
Un mauvais souvenir pourtant. Une mauvaise manœuvre du skipper voisin et Sylvie pour protéger Wadi Rum se fait écraser la main entre les 2 bateaux ! Ca pisse le sang ! Le pouce est tout bleu ! Très joli ! On a craint une fracture de la main. Mais non, elle est solide, Sylvie. Mais handicapée pendant longtemps. Wadi Rum y laisse un chandelier !
Kos. Vous suivez toujours. On continue vers le Sud. Kos : un autre décor. Un joli port au pied de la…citadelle des Chevaliers de St Jean. Des palmiers, des fleurs, des tavernas et des bars partout, au milieu de restes archéologiques répartis dans la ville. Un tourisme maximum. Le platane sous lequel Hippocrate aurait enseigné la médecine. Mosquées et minarets qui annoncent la Turquie si proche. Plus loin l’Asklépion, le site d’Esculape, dans les bois, dominant la mer Egée : superbe, même s’il ne reste pas grand-chose.
Et surtout, retrouvailles sur le quai avec des équipages amis. Plaisir de se retrouver, de se découvrir, comme ceux de la Mutine…
Au Sud de Kos , Nisiros. Une île volcan. Superbe. Un cratère, une caldeira plutôt, immense, avec 3 autres à coté, une forte odeur de soufre, des fumerolles brûlantes qui sortent de terre, les couleurs jaunes, oranges, rouges, brunes, noires, des roches volcaniques, sous un ciel nuageux et gris qui efface les sommets autour de nous, tous seuls, au fond du cratère… presque angoissant ! Y a pas de doute, le Diable n’est pas loin ! Heureusement, on est si bien dans ce petit port, sans touristes, seulement quelques voiliers. Tiens la Mutine est là ! Dominique et Marie-Do nous aident à préparer notre arrivée en Turquie avec plein de conseils. Notre petit scooter nous permet de crapahuter partout sur cette île authentique. Une autre de « nos » belles îles .
Puis ce fut Tilos. Une île sans rien d’exceptionnel et pourtant encore une belle escale. Un village un peu trop neuf et un peu béton, et un peu trop british, mais grâce aux Anglais le village revit…alors ! Tilos est célèbre pour ces éléphants nains. Ils sont arrivés, normaux, il y a des milliers d’années, à la nage. Puis, problème d’alimentation et de consanguinité, ils sont devenus de plus en plus petits. Et, un jour, il y a 7000 ans, ils sont tous morts au moment de l’éruption volcanique de Santorin, alors qu’ils étaient réfugiés dans une grotte… C’étaient les derniers d’Europe ! Notre scooter nous a conduit vers un village déserté par ses habitants il y a 50 ans …pour des raisons pas claires : manque d’eau ( ?). Inquiétant cet endroit envahi par les chèvres… les arbres ont poussé dans les ruines des maisons… le vent souffle sur les pierres chauffées par le soleil. Seules les deux églises sont entretenues et « fonctionnent ».
Enfin, Symi. Une île très touristique. Et pour cause, ici aussi c’est très beau. Un port bien protégé et des maisons aux couleurs pastel qui grimpent sur les collines et falaises alentour. Heureusement c’est plus calme en ce moment, hors saison. Un crapahute vers quelques murailles en ruine tout en haut. Mais il faudra revenir, pour s’imprégner de l’ambiance ! Un jour d’escale c’et trop court.
Et Rhodes, la grandiose, la superbe, l’historique s’écrieront les connaisseurs ! Une autre fois ! Le bateau a rendez-vous pour se reposer un peu, pour se faire un peu réparer, un peu entretenir, un peu câliner. Il l’a bien mérité !
Et Wadi Rum largue ses amarres une dernière fois pour cette saison. A l’aube, mer d’huile, un long sillage qui laisse Simi, derrière, encore endormie, dans les couleurs douces de l’aurore. Cap sur Marmaris, sur la Turquie, vers un nouveau monde qui nous intrigue, nous inquiète un peu et nous attire.
Dernière navigation. Une bande de dauphins vient s’amuser devant l’étrave, comme jamais, pour se faire pardonner d’avoir été si peu là pendant ces 2300 milles parcourus dans les eaux grecques.
Le pavillon grec, à croix et bandes bleues et blanches est amené. Le rouge, vif, à croissant et étoile est envoyé.
Dans l’après-midi, arrivée à Yat Marina, du fond du golfe de Marmaris. Marina immense, une forêt de mats, une organisation rodée, on attend son tour pour que le zodiac vienne vous placer. « Kalithéa » nous accueille et donne les clefs pour vivre dans la marina et à Marmaris.
Il nous reste tout à découvrir et à comprendre de ce grand pays…la Turquie.
Ce sera pour l’année prochaine, Inch’Allah !
Et le travail d’hivernage de Wadi Rum se met en route. Avec le moteur qui commence par avaler les ailettes du rouet de pompe à eau ! Grâce à « Bingo », qui me donne les infos et la témérité d’oser, je vais chercher les morceaux de caoutchouc dans l’échangeur ! Moi-même, svp ! « Roch-hir » est de la partie et me donne aussi son assistance technique. « Balboa » arrive lui aussi pour hiverner. Nous retrouvons ainsi plein d’amis et en découvrons d’autres avec beaucoup de plaisir. Comme « Maru of France » qui connaît si bien cette région et est une véritable mine de tuyaux… Donc une vie sociale très riche et bien agréable !
Voila, cette belle virée en Grêce se termine. Nous avons été très heureux de partager avec vous tous, ces moments de … bonheur, tout simplement !
Si vous êtes d’accord on recommence l’année prochaine.
Promis, j’essaie de chiader un peu plus la mise en page et la qualité des photos.
Quand vous recevrez ce dernier message nous serons déjà sur le point de rejoindre la France…et plein de trucs pas très marrants. Mais on a un sac rempli d’Histoire, d’histoires, et de photos, de quoi affronter la crise et l’hiver !
On vous embrasse tous, affectueusement
Sylvie, Jean-Jacques et Wadi Rum
samedi 13 décembre 2008
De Skyros à Psara
Salut à tous, Kalispera (c’est le soir)
Wadi Rum quitte Skyros, par une belle aube annonçant une belle journée ensoleillée, comme d’hab ! ça c’est pour vous remonter ou vous abattre le moral ! Pour l’équipage de WR, nous deux, c’est aussi une belle journée de navigation : cap au Sud-Est, on traverse à nouveau la mer Egée, vers Psara, petite île juste à l’Ouest de Chios.(Reprenez votre carte !) Le meltem souffle à 4 puis 5, du NE . Parfait ! Wadi Rum aime ça, malgré la mer qui se creuse un peu. Nous aussi.
Psara, caillou pelé. Petit port avec juste un autre voilier au milieu des petites barques de pêche. Ici encore de mauvais souvenirs avec les Turcs. Dès 1822, (la guerre de libération du joug turc) Psara, comme Hydra et Spetsies, avait mis sa flotte et ses marins au service de la cause grecque, et les dégâts infligés aux bateaux turcs commençaient à être importants, toujours avec la technique du brûlot (bateau bourré d’explosifs qu’on faisait sauter au contact du bateau ennemi). Mais le mauvais temps a empêché tout débarquement turc avant 1824. Mais un jour 14000 janissaires ont débarqué : tout le monde a été massacré ! 200 rescapés se sont sauvés pour fonder Nea-Psara sur l’île d’Eubée. Psara ne s’en est jamais relevée. C’est une île quasi désertique. Je garderai cependant le souvenir charmant de « la » jolie garde-côte venue nous contrôler dans son bel uniforme blanc, qu’elle remplissait si bien ! (« On peut se mettre en appétit dans la rue, si on mange à la maison !! » proverbe …quercinois !)
Souricette se joue toujours de la tapette !
Le 5 septembre nous voilà à Marmaro sur Chios, au Nord de l’île. On est le seul voilier ! Le meltem monte , contents d’être à l’abri, bien amarrés.
Souricette se moque de nous ! Ses crottes se multiplient dans le bateau, comme autant de provocations !
Oinoussa : petite île juste au NE de Chios. Presque déserte, mais très riche ! C’est l’île d’origine de bon nombre d’armateurs grecs qui vivent à Londres ou à New-York et qui viennent en vacances quelques jours par an. Le port est superbe, leurs maisons semblent très cossues à l’intérieur, mais discrètes de l’extèrieur. Beaucoup d’autres maisons du village sont en ruine ! Drôle d’impression. En plus, on est hors saison, « ils » sont repartis, tout est mort. « Ils » ont crée un beau musée sur la marine marchande (bien sûr !) plein de belles maquettes de cargos, mais aussi de bâtiments de guerre de l’époque napoléonienne construites par les prisonniers de guerre français dans les geôles anglaises.
Après 8 jours et 8 nuits, Souricette se fait prendre. Tristesse quand même pour cette petite bestiole … son corps a été immergé selon le rituel des marins…
De nouveau WR se trouve sur l’île de Chios, il faut prononcer Hios, avec « H » aspiré, sinon les grecs ne comprennent vraiment pas ! Ici aussi lourd passif avec les turcs. Dès le début de la révolte grecque, en 1822, le sultan décide de châtier les Chiotes ( prononcer Kiotes ! svp !) qui s’étaient soulevés. 30 000 sont massacrés, le double réduit en esclavage…pas de détail ! Entre autre, dans le petit village d’Anavastos, aux maisons accrochées au piton rocheux, les habitants, à l’arrivée des turcs, ont préféré se jeter dans le vide du haut du Kastro qui domine le patelin. Ils étaient plus de 500 ! Depuis c’est un village fantôme. C’est cette répression sanglante qui déclencha, en Europe, le mouvement des Philhellènes, parmi les intellectuels, Hugo, Delacroix, Byron… qui allait entraîner l’engagement militaire de l’Angleterre, de la France et de la Russie aux cotés des Grecs, et en fin de compte, faire pencher la victoire en faveur de la Grèce !
En plus, tremblement de terre terrible en 1881 ! L’île mettra longtemps à se remettre de tous ces évènements.
Heureusement, Chios a d’autres choses à faire valoir. D’abord Homère y serait né ! Ensuite, les paysages sont magnifiques, avec des villages agréables, des citadelles, des monastères, des plages. Et, surtout, une spécialité étonnante, le mastic ! Le mastic est la sève d’un arbuste, le lentisque, (genre de pistachier), récoltée par incision de l’écorce (comme nos pins pour la résine !). Cette sève, durcie à l’air, rentre dans la composition d’une foultitude de produits cosmétologiques et aussi de pâtisseries et de bonbons et autres loukoums…hautement appréciés par les sultans turcs. Conséquence : au moment des massacres de 1822, les villages producteurs de mastic ont été un peu épargnés ! Fallait garder les gens compétents dans ce domaine. Ces villages ont une architecture spéciale pour se protéger des attaques des pirates et font un peu penser à nos bastides du sud-ouest.
Bref, une île variée , passionnante, où nous avons passé de bonnes journées… à propos , le mastic, pour l’avoir goûté en bonbons et biscuits, pas terrible , à notre avis !
Et vogue Wadi Rum, plein Sud vers Icaria. Et le meltem prévu et souhaité est absent. Pour une fois qu’il aurait été utile ! Icaria, bien sûr à cause d’Icare qui se serait abîmé en mer, ici, la cire de ses ailes ayant fondu…ect…ect…Revisez Minos, le Minautore, Dédale et son fils Icare, les premiers hommes volants. Une île bien sympa , à l’écart du tourisme, authentique, visitée sur un petit scooter, sur des routes très rustiques très mal indiquées, encore plus mal que d’habitude (et uniquement en grec !). Donc, on s’est perdu dans la montagne ! Un hameau désert de 3 maisons dans un coin sauvage. On ose à peine frapper à une porte ! Et là, un miracle ! Une jeune fille apparaît, d’une beauté… aux yeux clairs…aux cheveux blonds… un ange, qui parle anglais et qui nous remet dans le droit chemin ! On croit avoir rêvé… JJ surtout…( note du comité de lecture).
Cap à l’Est vers Samos. Là, on est tout près de la Turquie. 1,2Km .Une île montagneuse, 2ème sommet de la mer Egée (1440m)
Port de Pythagorion , au sud . Devinez qui est né là ? Mais aussi Epicure, mais aussi Aristarque… ah, celui-là, on le connaît moins, il avait supposé que la Terre tournait autour du Soleil, bien avant Copernic. Mais aussi un certain Polycrate, tyran éclairé qui apporta la prospérité à Samos au 6° siècle avant JC grâce à une jetée importante pour protéger le port, première pour l’époque, un aqueduc souterrain de plus d’un kilomètre, et un temple magnifique à Hera (femme et sœur de Zeus). A part une colonne, et encore, pas entière, tout est au niveau « zéro ». Un peu décevant.
Samos, c’est une belle île, très, très touristique. Un aéroport. Des charters en quantité, qui amènent des flots de germaniques, venus se griller sur les plages, très belles (les plages, pas les germaniques, plutôt âgées et boursouflées), et consommer le vin doux réputé d’ici, le « Samos » !
Wadi Rum est cul au quai à Pythagorion, devant les cafés, et la fête bat son plein toute la nuit…boules Quiès obligatoires. Et un beau scooter de 125 cm3 (on s’enhardit !) nous permet de découvrir cette île qui mérite sa réputation.
Encore pour le moral, le vôtre, je rappelle le soleil omniprésent (malgré une averse hier, tiens !) les eaux turquoises…quoique de plus en plus fraîches et les paysages montagneux avec les vignes en terrasses, avec les pins, les châtaigniers, les figuiers, citronniers, eucalyptus, avec partout des petites chapelles blanches au toit bleu, dominant les criques aux eaux cristallines…
Bientôt, cap au Sud encore vers les îles du Dodécanèse pour être à Maramaris en Turquie pour le 14 octobre. WR sortira de l’eau.
Coup d’œil sur la vie grecque. Les restaurants, ici, sont les tavernas, je vous en ai déjà parlé. Gargotes simples et bon enfant, aux tables et chaises peintes de couleurs gaies, aux nappes à carreaux le plus souvent. Dès que l’on est assis, cette jolie nappe est couverte d’une nappe en papier plastifiée en dessous. Pour débarrasser, facile : on tape les assiettes sur la tranche sur la nappe en papier plastique pour les vider des restes, rassemblés donc au milieu, on fait un baluchon en prenant les 4 coins de la nappe, et hop à la poubelle, le plus souvent juste à coté sous votre nez ! Au suivant…une nappe neuve en papier plastique…
Salut à tous, Kali nita (bonne nuit !)
On vous embrasse JJ S
Wadi Rum quitte Skyros, par une belle aube annonçant une belle journée ensoleillée, comme d’hab ! ça c’est pour vous remonter ou vous abattre le moral ! Pour l’équipage de WR, nous deux, c’est aussi une belle journée de navigation : cap au Sud-Est, on traverse à nouveau la mer Egée, vers Psara, petite île juste à l’Ouest de Chios.(Reprenez votre carte !) Le meltem souffle à 4 puis 5, du NE . Parfait ! Wadi Rum aime ça, malgré la mer qui se creuse un peu. Nous aussi.
Psara, caillou pelé. Petit port avec juste un autre voilier au milieu des petites barques de pêche. Ici encore de mauvais souvenirs avec les Turcs. Dès 1822, (la guerre de libération du joug turc) Psara, comme Hydra et Spetsies, avait mis sa flotte et ses marins au service de la cause grecque, et les dégâts infligés aux bateaux turcs commençaient à être importants, toujours avec la technique du brûlot (bateau bourré d’explosifs qu’on faisait sauter au contact du bateau ennemi). Mais le mauvais temps a empêché tout débarquement turc avant 1824. Mais un jour 14000 janissaires ont débarqué : tout le monde a été massacré ! 200 rescapés se sont sauvés pour fonder Nea-Psara sur l’île d’Eubée. Psara ne s’en est jamais relevée. C’est une île quasi désertique. Je garderai cependant le souvenir charmant de « la » jolie garde-côte venue nous contrôler dans son bel uniforme blanc, qu’elle remplissait si bien ! (« On peut se mettre en appétit dans la rue, si on mange à la maison !! » proverbe …quercinois !)
Souricette se joue toujours de la tapette !
Le 5 septembre nous voilà à Marmaro sur Chios, au Nord de l’île. On est le seul voilier ! Le meltem monte , contents d’être à l’abri, bien amarrés.
Souricette se moque de nous ! Ses crottes se multiplient dans le bateau, comme autant de provocations !
Oinoussa : petite île juste au NE de Chios. Presque déserte, mais très riche ! C’est l’île d’origine de bon nombre d’armateurs grecs qui vivent à Londres ou à New-York et qui viennent en vacances quelques jours par an. Le port est superbe, leurs maisons semblent très cossues à l’intérieur, mais discrètes de l’extèrieur. Beaucoup d’autres maisons du village sont en ruine ! Drôle d’impression. En plus, on est hors saison, « ils » sont repartis, tout est mort. « Ils » ont crée un beau musée sur la marine marchande (bien sûr !) plein de belles maquettes de cargos, mais aussi de bâtiments de guerre de l’époque napoléonienne construites par les prisonniers de guerre français dans les geôles anglaises.
Après 8 jours et 8 nuits, Souricette se fait prendre. Tristesse quand même pour cette petite bestiole … son corps a été immergé selon le rituel des marins…
De nouveau WR se trouve sur l’île de Chios, il faut prononcer Hios, avec « H » aspiré, sinon les grecs ne comprennent vraiment pas ! Ici aussi lourd passif avec les turcs. Dès le début de la révolte grecque, en 1822, le sultan décide de châtier les Chiotes ( prononcer Kiotes ! svp !) qui s’étaient soulevés. 30 000 sont massacrés, le double réduit en esclavage…pas de détail ! Entre autre, dans le petit village d’Anavastos, aux maisons accrochées au piton rocheux, les habitants, à l’arrivée des turcs, ont préféré se jeter dans le vide du haut du Kastro qui domine le patelin. Ils étaient plus de 500 ! Depuis c’est un village fantôme. C’est cette répression sanglante qui déclencha, en Europe, le mouvement des Philhellènes, parmi les intellectuels, Hugo, Delacroix, Byron… qui allait entraîner l’engagement militaire de l’Angleterre, de la France et de la Russie aux cotés des Grecs, et en fin de compte, faire pencher la victoire en faveur de la Grèce !
En plus, tremblement de terre terrible en 1881 ! L’île mettra longtemps à se remettre de tous ces évènements.
Heureusement, Chios a d’autres choses à faire valoir. D’abord Homère y serait né ! Ensuite, les paysages sont magnifiques, avec des villages agréables, des citadelles, des monastères, des plages. Et, surtout, une spécialité étonnante, le mastic ! Le mastic est la sève d’un arbuste, le lentisque, (genre de pistachier), récoltée par incision de l’écorce (comme nos pins pour la résine !). Cette sève, durcie à l’air, rentre dans la composition d’une foultitude de produits cosmétologiques et aussi de pâtisseries et de bonbons et autres loukoums…hautement appréciés par les sultans turcs. Conséquence : au moment des massacres de 1822, les villages producteurs de mastic ont été un peu épargnés ! Fallait garder les gens compétents dans ce domaine. Ces villages ont une architecture spéciale pour se protéger des attaques des pirates et font un peu penser à nos bastides du sud-ouest.
Bref, une île variée , passionnante, où nous avons passé de bonnes journées… à propos , le mastic, pour l’avoir goûté en bonbons et biscuits, pas terrible , à notre avis !
Et vogue Wadi Rum, plein Sud vers Icaria. Et le meltem prévu et souhaité est absent. Pour une fois qu’il aurait été utile ! Icaria, bien sûr à cause d’Icare qui se serait abîmé en mer, ici, la cire de ses ailes ayant fondu…ect…ect…Revisez Minos, le Minautore, Dédale et son fils Icare, les premiers hommes volants. Une île bien sympa , à l’écart du tourisme, authentique, visitée sur un petit scooter, sur des routes très rustiques très mal indiquées, encore plus mal que d’habitude (et uniquement en grec !). Donc, on s’est perdu dans la montagne ! Un hameau désert de 3 maisons dans un coin sauvage. On ose à peine frapper à une porte ! Et là, un miracle ! Une jeune fille apparaît, d’une beauté… aux yeux clairs…aux cheveux blonds… un ange, qui parle anglais et qui nous remet dans le droit chemin ! On croit avoir rêvé… JJ surtout…( note du comité de lecture).
Cap à l’Est vers Samos. Là, on est tout près de la Turquie. 1,2Km .Une île montagneuse, 2ème sommet de la mer Egée (1440m)
Port de Pythagorion , au sud . Devinez qui est né là ? Mais aussi Epicure, mais aussi Aristarque… ah, celui-là, on le connaît moins, il avait supposé que la Terre tournait autour du Soleil, bien avant Copernic. Mais aussi un certain Polycrate, tyran éclairé qui apporta la prospérité à Samos au 6° siècle avant JC grâce à une jetée importante pour protéger le port, première pour l’époque, un aqueduc souterrain de plus d’un kilomètre, et un temple magnifique à Hera (femme et sœur de Zeus). A part une colonne, et encore, pas entière, tout est au niveau « zéro ». Un peu décevant.
Samos, c’est une belle île, très, très touristique. Un aéroport. Des charters en quantité, qui amènent des flots de germaniques, venus se griller sur les plages, très belles (les plages, pas les germaniques, plutôt âgées et boursouflées), et consommer le vin doux réputé d’ici, le « Samos » !
Wadi Rum est cul au quai à Pythagorion, devant les cafés, et la fête bat son plein toute la nuit…boules Quiès obligatoires. Et un beau scooter de 125 cm3 (on s’enhardit !) nous permet de découvrir cette île qui mérite sa réputation.
Encore pour le moral, le vôtre, je rappelle le soleil omniprésent (malgré une averse hier, tiens !) les eaux turquoises…quoique de plus en plus fraîches et les paysages montagneux avec les vignes en terrasses, avec les pins, les châtaigniers, les figuiers, citronniers, eucalyptus, avec partout des petites chapelles blanches au toit bleu, dominant les criques aux eaux cristallines…
Bientôt, cap au Sud encore vers les îles du Dodécanèse pour être à Maramaris en Turquie pour le 14 octobre. WR sortira de l’eau.
Coup d’œil sur la vie grecque. Les restaurants, ici, sont les tavernas, je vous en ai déjà parlé. Gargotes simples et bon enfant, aux tables et chaises peintes de couleurs gaies, aux nappes à carreaux le plus souvent. Dès que l’on est assis, cette jolie nappe est couverte d’une nappe en papier plastifiée en dessous. Pour débarrasser, facile : on tape les assiettes sur la tranche sur la nappe en papier plastique pour les vider des restes, rassemblés donc au milieu, on fait un baluchon en prenant les 4 coins de la nappe, et hop à la poubelle, le plus souvent juste à coté sous votre nez ! Au suivant…une nappe neuve en papier plastique…
Salut à tous, Kali nita (bonne nuit !)
On vous embrasse JJ S
ïle Pelagos
Kalimera à tous,
Wadi Rum a retrouvé son équipage de base, et, un peu de calme, après le départ des Lobry-Ségoufielle. Reprenez vos atlas, les amis, faut suivre le périple de votre bateau favori !
Mouillage forain sauvage et paisible dans le sud de l’île Pelagos ou Panagia, selon les cartes, avec des biquettes en liberté dans la brousse caillouteuse. Puis cap au 0° pour monter en Chalcidique. Cette fois, on est là-haut dans le Nord de la Grèce. C’est cette main bizarre à 3 doigts dirigés vers le Sud. Longue navigation au moteur, pas de vent ! Mais dans, ce coin là, il vaut mieux, car on l’aurait encore eu dans le nez. Escale à Porto Koufo, superbe port naturel, très bien abrité, mais sans aucun autre intérêt. Méfiez-vous, vous qui passerez par là, un jour, du « Captain » qui tient une taverne-épicerie, en haut de la colline…c’est une grande gueule et un pirate plutôt qu’un captain !
L’archipel des Diaphoros ! Superbe ! De petites îles avec de magnifiques petites plages, avec des rochers genre forêt de Fontainebleau, eau claire et chaude…On y serait bien resté un peu plus ! Ici les touristes ont radicalement changé ! D’abord pratiquement plus de voiliers de voyage, et on n’entend que parler « russe » ! Bulgares, roumains, serbes, croates… ce sont les voisins du dessus qui descendent…faune étrange, assez « basique », peuples à mieux connaître… !
Anachorète, gyrovaque, higoumène, archontaris, cenobite, idiorythmique, skites, simandre…non, non, ce n’est pas le capitaine Haddock en colère…mais le vocabulaire minimum à connaître pour commencer à comprendre quelque chose au mont Athos. Amusez vous avec votre dictionnaire !
Le tour du mont Athos, la Montagne Sainte pour les grecs. Défense d’accoster, défense de naviguer à moins de 500m de la côte, surtout s’il y a une femme à bord !! C’est qu’ils sont d’un intégrisme forcené, dans cet état dans l’état, véritable théocratie indépendante : pas de femelle, d’aucune espèce, sur le territoire, (sauf des poules !!) et ce, depuis plus de 1000 ans ! 10 étrangers par jour seulement ont le droit d’entrer, et il faut préparer son affaire longtemps à l’avance, avec demande d’autorisation, motifs… visiblement on est loin de l’Europe ! (Qui, pourtant, finance à coup de millions d’euros la reconstruction des monastères !)Sylvie a très mal accepté cette ségrégation et compte bien demander des explications au premier pope venu !
A propos de pope : surprenante vision que celle d’un grand zodiac rapide, comme ceux des Coast Guards, piloté, à fond, dans le port d’Ouranopolis, par un pope, sa calotte vissée sur la tête, barbe et soutane flottant au vent…
Donc, tour de cette péninsule sacrée, longue journée de navigation moteur, pour découvrir, de loin, ces étonnants monastères accrochés aux montagnes. Certains font beaucoup penser aux monastères tibétains, perchés sur leurs rochers.
Mouillage, le soir, en territoire interdit, dans une crique d’une sauvagitude totale… Sylvie craignant à tout instant de voir surgir des popes agressifs anti-femelle…
40 milles à l’Est, Wadi Rum aborde l’île de Thassos. Belle île ronde et montagneuse. Célèbre pour ses carrières de marbre,(passionnant site archéologique d’extraction de marbre en bord de mer) elle eut son heure de gloire et de puissance, dans l’Antiquité, grâce, à ses mines d’or, avant, évidemment, d’être envahie et colonisée par tous ceux qui passèrent par là. Ici aussi tourisme à forte dominance slave !
Puis 60 milles au Sud, l’île de Lemnos. Vous suivez ! Mirina, joli port dominé, encore et toujours, par les murs d’une citadelle, édifiée depuis la nuit des temps, améliorée par les vénitiens, les génois, puis les turcs…Lemnos est poursuivie par les histoires d’odeur ! D’abord, c’est Philoctète, un copain d’Achille, sur la route de Troie, qui, blessé à la jambe, voit la blessure s’infecter et ça pue tellement que ses petits camarades l’abandonne là, dans une grotte…Merci les copains !
C’est aussi les femmes de Lemnos qui refusent d’honorer la belle Aphrodite, femme d’Héphaïstos (Vulcain), protecteur de l’île, parce qu’elle le trompe effrontément, le pauv’ gars. Mécontente, la belle déesse inflige à ces femmes d’émettre d’insupportables odeurs qui font fuir leurs hommes ! Furieuses, elles tuent tous les hommes de l’île qui les rejettent ! Hé oui, les gars, faut savoir faire un minimum d’efforts ! Du coup, quand Jason et les argonautes sont passés par là, sur la route de la Toison d’Or, ils sont restés 2 ans pour câliner ces femmes insatisfaites, et repeupler l’île !
Lemnos, ça rappelle aussi, plus dramatiquement, l’épisode sanglant de l’échec de l’expédition des Dardanelles. Le corps expéditionnaire franco-anglais s’étant rassemblé dans la baie de Moudros, avant de tenter par la mer d’abord, puis par des débarquements terrestres de forcer le passage vers Istanbul, pour contraindre les Turcs à la paix et ouvrir un nouveau front ! C’était en 1915 ! Echec total ! Les Turcs (et les Allemands) n’ont pas lâché un pouce de terrain. Pertes alliées : 100 000 morts ! Pour rien ! C’était une idée de Churchill. Un sobre et poignant cimetière militaire rappelle la mort de tous ces pauvres types, dont beaucoup d’australiens et de néo-zélandais…Toujours la guerre !
Puis cap au SW, pour revenir vers les Sporades dites du Nord. Belle navigation à la voile : un bon 6 beaufort nous pousse dans les fesses du début à la fin du jour… quel bonheur, y avait longtemps que Wadi Rum n’avait pas caracolé comme ça !
Et on retrouve à Skopelos nos amis Yves-Jean et Françoise ! Avec eux on découvre de nouveaux aspects de cette île vraiment belle…des monastères…Glossa, village perché sur sa montagne…plages aux eaux limpides…Puis Alonissos, l’île d’à coté. Là, ça se gâte ! Le temps, pas l’ambiance ! Il pleut des cordes toute la journée… Vous, vous n’êtes pas surpris, en France, mais nous, si ! 1er jour de pluie depuis plus de 4 mois de navigation ! Au moins le bateau est rincé à l’eau douce et la terre aride se gorge d’eau, ça ruisselle de partout…
De nouveau notre mouillage sauvage avec nos amis sur Pelagos ! Ils découvrent le bonheur de ces moments là : le coucher du soleil, le firmament étoilé grec (ils ont pas mal bourlingué et connaissent d’autres cieux superbes !), l’aube tranquille et le départ de bonne heure : cap au sud, Skyros, vous suivez !
Mais ils découvrent aussi l’horreur ! Un passager clandestin à bord ! Sylvie l’a vu ! Un grand cri : une souris ! Ca confirme les grignotements suspects de nos fruits et légumes…on n’osait pas se l’avouer ! Branle-bas de combat ! Sylvie avait 2 tapettes en réserve ! Irremplaçable et prévoyante Sylvie ! On les graisse, les affûte, les fourbit et les garnit de fromage et de tomates…
Donc, cap sur Skyros . Dans ce sens là le meltem est un allié ; expérience de navigation musclée à la voile pour Françoise (grand-largue force 5, rafales à 6, mer agitée), qui se comporte stoïquement, partagée entre plaisir et nausée sous-jacente, jusqu’à Linaria ! Journée scooter pour visiter le village de Skyros. Petites maisons blanches cubiques à terrasses avec treilles et tonnelles comme dans les Cyclades (parait-il !), montant à l’assaut du piton rocheux couronné par…la citadelle, bien sûr ! Hélas, on ne visite plus : un tremblement de terre, en 2001, l’a trop fragilisée !
Le fromage et la tomate ont été chapardés par Souricette, sans que les tapettes ne fonctionnent …la finaude !! On réarme et on affine les réglages !
Et on les voit partir, nos copains, fièrement juchés sur le quad de location, vers de nouvelles aventures pendant que Wadi Rum repart vers l’Est : Skyros- Psara- Chios… vous suivez toujours ? Je sais, on zigzague ! C’est le bonheur de la liberté !
Vers 4h du matin, une tapette claque. Je bondis ! ( même pas peur !) Mais pas de souris ! On réarme et on réaffine ! Suspense insoutenable…la suite au prochain numéro !
Salut à tous, on vous embrasse, JJ et S sur WR
PS : branle-bas de combat : le branle était le hamac des marins de la Royale (la marine de guerre du roi) … ils installaient leur hamac prés de leur poste de combat, prés de leur canon ! Evidemment, il fallait dégager rapidement la place en cas d’alerte : mettre bas le branle et se préparer au combat ! Il y avait aussi le branle –bas de ménage ! Plus prosaïque, mais il fallait aussi nettoyer le bateau !
Ah, on en apprend des trucs avec Bergou !!
Wadi Rum a retrouvé son équipage de base, et, un peu de calme, après le départ des Lobry-Ségoufielle. Reprenez vos atlas, les amis, faut suivre le périple de votre bateau favori !
Mouillage forain sauvage et paisible dans le sud de l’île Pelagos ou Panagia, selon les cartes, avec des biquettes en liberté dans la brousse caillouteuse. Puis cap au 0° pour monter en Chalcidique. Cette fois, on est là-haut dans le Nord de la Grèce. C’est cette main bizarre à 3 doigts dirigés vers le Sud. Longue navigation au moteur, pas de vent ! Mais dans, ce coin là, il vaut mieux, car on l’aurait encore eu dans le nez. Escale à Porto Koufo, superbe port naturel, très bien abrité, mais sans aucun autre intérêt. Méfiez-vous, vous qui passerez par là, un jour, du « Captain » qui tient une taverne-épicerie, en haut de la colline…c’est une grande gueule et un pirate plutôt qu’un captain !
L’archipel des Diaphoros ! Superbe ! De petites îles avec de magnifiques petites plages, avec des rochers genre forêt de Fontainebleau, eau claire et chaude…On y serait bien resté un peu plus ! Ici les touristes ont radicalement changé ! D’abord pratiquement plus de voiliers de voyage, et on n’entend que parler « russe » ! Bulgares, roumains, serbes, croates… ce sont les voisins du dessus qui descendent…faune étrange, assez « basique », peuples à mieux connaître… !
Anachorète, gyrovaque, higoumène, archontaris, cenobite, idiorythmique, skites, simandre…non, non, ce n’est pas le capitaine Haddock en colère…mais le vocabulaire minimum à connaître pour commencer à comprendre quelque chose au mont Athos. Amusez vous avec votre dictionnaire !
Le tour du mont Athos, la Montagne Sainte pour les grecs. Défense d’accoster, défense de naviguer à moins de 500m de la côte, surtout s’il y a une femme à bord !! C’est qu’ils sont d’un intégrisme forcené, dans cet état dans l’état, véritable théocratie indépendante : pas de femelle, d’aucune espèce, sur le territoire, (sauf des poules !!) et ce, depuis plus de 1000 ans ! 10 étrangers par jour seulement ont le droit d’entrer, et il faut préparer son affaire longtemps à l’avance, avec demande d’autorisation, motifs… visiblement on est loin de l’Europe ! (Qui, pourtant, finance à coup de millions d’euros la reconstruction des monastères !)Sylvie a très mal accepté cette ségrégation et compte bien demander des explications au premier pope venu !
A propos de pope : surprenante vision que celle d’un grand zodiac rapide, comme ceux des Coast Guards, piloté, à fond, dans le port d’Ouranopolis, par un pope, sa calotte vissée sur la tête, barbe et soutane flottant au vent…
Donc, tour de cette péninsule sacrée, longue journée de navigation moteur, pour découvrir, de loin, ces étonnants monastères accrochés aux montagnes. Certains font beaucoup penser aux monastères tibétains, perchés sur leurs rochers.
Mouillage, le soir, en territoire interdit, dans une crique d’une sauvagitude totale… Sylvie craignant à tout instant de voir surgir des popes agressifs anti-femelle…
40 milles à l’Est, Wadi Rum aborde l’île de Thassos. Belle île ronde et montagneuse. Célèbre pour ses carrières de marbre,(passionnant site archéologique d’extraction de marbre en bord de mer) elle eut son heure de gloire et de puissance, dans l’Antiquité, grâce, à ses mines d’or, avant, évidemment, d’être envahie et colonisée par tous ceux qui passèrent par là. Ici aussi tourisme à forte dominance slave !
Puis 60 milles au Sud, l’île de Lemnos. Vous suivez ! Mirina, joli port dominé, encore et toujours, par les murs d’une citadelle, édifiée depuis la nuit des temps, améliorée par les vénitiens, les génois, puis les turcs…Lemnos est poursuivie par les histoires d’odeur ! D’abord, c’est Philoctète, un copain d’Achille, sur la route de Troie, qui, blessé à la jambe, voit la blessure s’infecter et ça pue tellement que ses petits camarades l’abandonne là, dans une grotte…Merci les copains !
C’est aussi les femmes de Lemnos qui refusent d’honorer la belle Aphrodite, femme d’Héphaïstos (Vulcain), protecteur de l’île, parce qu’elle le trompe effrontément, le pauv’ gars. Mécontente, la belle déesse inflige à ces femmes d’émettre d’insupportables odeurs qui font fuir leurs hommes ! Furieuses, elles tuent tous les hommes de l’île qui les rejettent ! Hé oui, les gars, faut savoir faire un minimum d’efforts ! Du coup, quand Jason et les argonautes sont passés par là, sur la route de la Toison d’Or, ils sont restés 2 ans pour câliner ces femmes insatisfaites, et repeupler l’île !
Lemnos, ça rappelle aussi, plus dramatiquement, l’épisode sanglant de l’échec de l’expédition des Dardanelles. Le corps expéditionnaire franco-anglais s’étant rassemblé dans la baie de Moudros, avant de tenter par la mer d’abord, puis par des débarquements terrestres de forcer le passage vers Istanbul, pour contraindre les Turcs à la paix et ouvrir un nouveau front ! C’était en 1915 ! Echec total ! Les Turcs (et les Allemands) n’ont pas lâché un pouce de terrain. Pertes alliées : 100 000 morts ! Pour rien ! C’était une idée de Churchill. Un sobre et poignant cimetière militaire rappelle la mort de tous ces pauvres types, dont beaucoup d’australiens et de néo-zélandais…Toujours la guerre !
Puis cap au SW, pour revenir vers les Sporades dites du Nord. Belle navigation à la voile : un bon 6 beaufort nous pousse dans les fesses du début à la fin du jour… quel bonheur, y avait longtemps que Wadi Rum n’avait pas caracolé comme ça !
Et on retrouve à Skopelos nos amis Yves-Jean et Françoise ! Avec eux on découvre de nouveaux aspects de cette île vraiment belle…des monastères…Glossa, village perché sur sa montagne…plages aux eaux limpides…Puis Alonissos, l’île d’à coté. Là, ça se gâte ! Le temps, pas l’ambiance ! Il pleut des cordes toute la journée… Vous, vous n’êtes pas surpris, en France, mais nous, si ! 1er jour de pluie depuis plus de 4 mois de navigation ! Au moins le bateau est rincé à l’eau douce et la terre aride se gorge d’eau, ça ruisselle de partout…
De nouveau notre mouillage sauvage avec nos amis sur Pelagos ! Ils découvrent le bonheur de ces moments là : le coucher du soleil, le firmament étoilé grec (ils ont pas mal bourlingué et connaissent d’autres cieux superbes !), l’aube tranquille et le départ de bonne heure : cap au sud, Skyros, vous suivez !
Mais ils découvrent aussi l’horreur ! Un passager clandestin à bord ! Sylvie l’a vu ! Un grand cri : une souris ! Ca confirme les grignotements suspects de nos fruits et légumes…on n’osait pas se l’avouer ! Branle-bas de combat ! Sylvie avait 2 tapettes en réserve ! Irremplaçable et prévoyante Sylvie ! On les graisse, les affûte, les fourbit et les garnit de fromage et de tomates…
Donc, cap sur Skyros . Dans ce sens là le meltem est un allié ; expérience de navigation musclée à la voile pour Françoise (grand-largue force 5, rafales à 6, mer agitée), qui se comporte stoïquement, partagée entre plaisir et nausée sous-jacente, jusqu’à Linaria ! Journée scooter pour visiter le village de Skyros. Petites maisons blanches cubiques à terrasses avec treilles et tonnelles comme dans les Cyclades (parait-il !), montant à l’assaut du piton rocheux couronné par…la citadelle, bien sûr ! Hélas, on ne visite plus : un tremblement de terre, en 2001, l’a trop fragilisée !
Le fromage et la tomate ont été chapardés par Souricette, sans que les tapettes ne fonctionnent …la finaude !! On réarme et on affine les réglages !
Et on les voit partir, nos copains, fièrement juchés sur le quad de location, vers de nouvelles aventures pendant que Wadi Rum repart vers l’Est : Skyros- Psara- Chios… vous suivez toujours ? Je sais, on zigzague ! C’est le bonheur de la liberté !
Vers 4h du matin, une tapette claque. Je bondis ! ( même pas peur !) Mais pas de souris ! On réarme et on réaffine ! Suspense insoutenable…la suite au prochain numéro !
Salut à tous, on vous embrasse, JJ et S sur WR
PS : branle-bas de combat : le branle était le hamac des marins de la Royale (la marine de guerre du roi) … ils installaient leur hamac prés de leur poste de combat, prés de leur canon ! Evidemment, il fallait dégager rapidement la place en cas d’alerte : mettre bas le branle et se préparer au combat ! Il y avait aussi le branle –bas de ménage ! Plus prosaïque, mais il fallait aussi nettoyer le bateau !
Ah, on en apprend des trucs avec Bergou !!
lundi 1 septembre 2008
Volos, les Lobry, la Tempête...
Salut à tous, Yassas,
Voilà, voilà, ça vient !... Je sais, 3 semaines sans news, et vous vous imaginez Wadi Rum par le fond… un écueil, une tempête, des sirènes qui auraient séduit le capitaine, les barbaresques qui nous auraient enlevés… que nenni !
Seulement 15 jours passés en famille avec Wadi Rum plein comme un œuf puisque nous étions 7 à bord !! Mais ça s’est très bien passé, chacun se pliant de bonne grâce aux règles de la vie du bord, et acceptant cette vie spartiate et rude imposée par le captain ! Mais aussi plus une minute pour relater…
Voilà, voilà, ça arrive !
Donc, rendez-vous avec la tribu à Volos. 3ème port de commerce grec, détruit il y a 50 ans par un tremblement de terre. Peu d’intérêt globalement. Mais quand même, c’est d’ici que partit Jason, conquérir la Toison d’Or, à bord de son bateau, l’Argos, avec ses 50 copains, les argonautes, bien sûr ! Encore une belle histoire, heureusement il a eu un bon coup de main de la sorcière Médée…
Mais Volos, c’est le point de départ idéal pour faire un tour dans le Pélion : une des plus belles et des plus surprenantes régions de Grèce… parce qu’on ne se croirait pas en Grèce : un côté Lozère ou Cantal avec ces montagnes, ces toits en lauzes, ces forêts de châtaigniers, un côté Normandie en pente raide avec des arbres fruitiers en quantité, un côté Provence par son maquis, ses oliviers et son côté vacances par ses belles, superbes, plages au bord de la mer Egée (du Nord) aux eaux turquoises (vraiment !!) ; et un côté place de village bien de chez nous, ombragée par des platanes centenaires… extra pour boire un petit café frappé, au frais !
Mais Volos, ça permet, aussi, d’aller faire un tour dans les Météores ! Là aussi, quel décor ! Encore une fois les moines font la preuve de leur goût (bon) pour les situations hautes et originales… et, ici, de leur aptitude à l’alpinisme… car il leur a fallu de l’audace, dès le 11ème siècle, pour escalader ces pitons de grés, et y monter les pierres, le mortier, les poutres, et enfin les cloches pour y construire ces monastères-nid d’aigles vertigineux ! Là haut, ils étaient peinards et plus près de Dieu ! Et, pendant longtemps, l’ascenseur était un simple filet de chanvre, dans lequel le moine se recroquevillait, priant très fort, pendant que les copains là-haut le montaient avec un cabestan de marin ! Evidemment, c’est très beau, donc très visité, et les autocars de touristes font la queue sur ces petites routes sinueuses ; et nous aussi, bien sûr, sous un cagnard inoubliable… Inoubliable aussi l’épisode pick-pocket vécu par Sylvie, surprenant un gros gaillard (non grec ! plutôt bazané, hé oui !) la main dans son sac… heureusement pas de vol, mais aussi pas de preuve pour que ma colère puisse se déchaîner (certains d’entre vous savent combien je peux être violent, des fois … !)(Mais enfin, il était quand même très gros et très fort).
Eh oui… jupe et chemisier pudique… on n’est pas à la plage, mais dans un monastère… les hommes pantalon à manches longues ! Un peu de tenue !
Enfin Wadi Rum reprit la mer. Cap sur les Sporades du Nord. Ca aussi c’est très sympa. Skiatos, un petit Mykonos parait-il, très très touristique, avec, comme indiqué par Yves d’Isis, des décibels à la tonne toute la nuit… Pour la première fois j’ai bouché mes oreilles avec des boules dites « Quies »… hé ben, ça marche !
Escale à Agnondas, sur l’île de Skopelos. Une anse un peu profonde et étroite. Un quai d’un seul côté, envahi de pneumatiques semi-rigides de camping côtier, italiens pour la plupart, et grecs. 3 ou 4 voiliers, dont WR, parmi ces petits bateaux. En fin d’après-midi, le ciel devient jaunâtre, sale, bizarre, inquiétant… Personne ne semble y prêter attention… Puis le ciel devient noir sur tout le SW… cette fois pas de doute, ça va arriver. Et « ça » arrive en quelques secondes… une tornade de vent soudaine, emporte la poussière, le sable, les gravillons, les graviers et tout ce qui peut voler… le bateau en est couvert… on en a plein les yeux. En un instant, les gens du coin, qui ont compris, sautent dans leurs pneumatiques et larguent les amarres, laissant à terre femmes, enfants et chiens… Le vent monte à 45nds… dernier chiffre vu par Alain… des trombes d’eau s’abattent sur nous… le tonnerre craque… les éclairs illuminent le crépuscule… et une houle brutale, soudaine et creuse projette les bateaux sur le quai.
C’est un bordel indescriptible. Au milieu de l’anse les zodiacs sont face aux vagues, mais la plupart restent là, sur la zone de mouillage, nous empêchant, nous, les voiliers, de nous barrer, car ils sont sur nos ancres… Beaucoup ont leurs mouillages emmêlés… Alain et Sylvie protègent l’arrière du bateau qui heurte le quai sans arrêt, avant qu’on ait le temps de s’éloigner du quai, en larguant sur l’arrière et en reprenant sur le mouillage… mais en même temps je dois protéger WR d’un voilier américain en difficultés énormes sur notre gauche (son mouillage ne tient pas, et le vent le rabat sur nous !) Nous sommes séparés, un moment, par un pneumatique qui nous sert de pare-battage… mais il se sauve lui aussi, évidemment, sans d’ailleurs que je ne le vois !!... maintenant le face à face, ou plutôt le bord à bord est inévitable… ça hurle de partout… On éloigne encore WR du quai, mais on ne peut toujours pas se sauver avec tous ces bateaux juste devant nous ! Et l’américain nous arrive dessus… 2 ou 3 fois les mats se télescopent… les débris volent… Soudain l’américain décolle du quai, à fond, (heureusement pour nous !) sans contrôler sa vitesse, arrachant ses aussières arrière, laissant son skipper sur le quai, et allant se heurter aux zodiacs au milieu…
Ouf, un souci de moins (sorry, my friend !)… malgré le bordel au milieu, on décide de se tirer de là, car la houle augmente encore… de plus une autorité locale nous incite à partir… on s’explique clairement avec Sylvie qui prend la barre, moi je serai au mouillage à remonter la chaîne… car après, on ne pourra pas s‘entendre avec la pluie en trombe et le vent… Avec Alain et Michelle qui larguent, Sylvie qui slalome entre les zodiacs, et moi qui remonte le mouillage sans se prendre dans d’autre chaîne (coup de pot inouï !), on finit par quitter ce putain de port !! Dehors malgré le vent (qui s’est beaucoup calmé) malgré la houle (bien là) malgré la pluie (plus calme aussi) ça parait déjà presque idyllique… J’oubliais : pendant tout ce cirque la foudre tombait sur les collines alentour, (Michelle a vu un éclair s’éparpiller en une multitude de petits éclats en arrivant au sol !!) Mais on n’entendait pas et on ne voyait pas … on avait trop à faire !
La nuit est tombée… un mille plus loin, une crique, quelques bateaux au mouillage, presque pas de houle… on mouille… ça tient… c’est calme… OUF !! Au total, ça a duré presque 2 heures, et la période « chaude » 1/2h !
L’équipage s’est très bien comporté. Il a gardé son sang-froid. Personne n’a fait de bêtises ! Personne ne s’est blessé (Sylvie quelques splendides bleus !) Bravo ! Un bon Ouzo là-dessus, ou un punch, un bon casse croûte, et chacun a revécu « son » événement, en le racontant aux autres… et on dort comme des bienheureux !
Le lendemain, à Skopelos, je monte là-haut faire le bilan, je connais le chemin ! Juste la girouette explosée… tout le reste (mes réparations de l’année dernière !) a tenu ! Miracle ! Par contre l’échelle de bain qui était dans l’eau, et le régulateur d’allure sont pas mal cabossés… On s’en tire à bon compte…
Skopélos, la 2ème île des Sporades, beaucoup plus sympa que Skiatos, avec un port, « Skopelos », très agréable, avec ses églises sur la falaise et dans le bourg bien en pente, ses tavernas le long du port, ses petites boutiques… Petit dépannage d’un joli RM 10, pavillon français, « Yggdrasil » en avarie moteur au milieu du port… WR lui envoie ses sauveteurs bretons en annexe… Connaissance de son équipage, Michel et Thérèse avec lequel on se découvre pas mal d’atomes crochus… bons moments de convivialité !
Puis on continue sur Alonissos, une 3ème île de l‘archipel… je ne vous détaille pas les mouillages tranquilles, aux eaux limpides, avec plein de petites méduses translucides, très gentilles, pas piquantes du tout (heureusement, sinon pas de baignade, tant elles sont nombreuses !)… Patitiri, son port principal, un peu la bousculade pour avoir une place à quai, c’est quand même la pleine saison des vacances, les motor-boats italiens sont là, en très grand nombre ! Et là-haut sur la montagne le vieux village, détruit lui aussi par le même tremblement de terre, mais reconstruit peu à peu, dans son style d’origine… très agréable, comme nos villages de Provence, perchés sur leur piton rocheux.
Mais pour monter là-haut, faut prendre le bus, et il y a plus de candidats au voyage que de places… alors là, c’est la guerre ! Les grecs sont fous, se ruent, se bousculent, écrasent les autres, femmes et enfants surtout, crient, vocifèrent, négocient avec le receveur et passent devant nous ! On reste sur le trottoir, mais pour le suivant, on a compris la règle du jeu : pas de cadeau, à personne !
Au retour, après un bon repas là-haut, c’est encore pire pour reprendre le bus… on croirait qu’ils défendent leur place dans une chaloupe de sauvetage pour évacuer un navire en train de sombrer… Vraiment, jamais vu ça avant !!
Puis un beau matin, de bonne heure, un ferry rapide est venu chercher nos équipiers d’un moment… 15 jours ça passe vite… et Wadi Rum a repris sa route encore plus au nord vers la Chalcidique, après avoir fait un mouillage sauvage (mais pas solitaire) dans l’île de Pelagos! On se rapproche d’ailleurs d’une des rares zones de Méditerranée où survit le phoque-moine (Monachus monachus)…
A la prochaine, chers tous, pour parler de ce Nord de la Grèce qu’on connaît très peu (nous en tous cas !)
Yassas !
Belle éclipse de lune… vous l’avez vu, vous, en métropole ?
Voilà, voilà, ça vient !... Je sais, 3 semaines sans news, et vous vous imaginez Wadi Rum par le fond… un écueil, une tempête, des sirènes qui auraient séduit le capitaine, les barbaresques qui nous auraient enlevés… que nenni !
Seulement 15 jours passés en famille avec Wadi Rum plein comme un œuf puisque nous étions 7 à bord !! Mais ça s’est très bien passé, chacun se pliant de bonne grâce aux règles de la vie du bord, et acceptant cette vie spartiate et rude imposée par le captain ! Mais aussi plus une minute pour relater…
Voilà, voilà, ça arrive !
Donc, rendez-vous avec la tribu à Volos. 3ème port de commerce grec, détruit il y a 50 ans par un tremblement de terre. Peu d’intérêt globalement. Mais quand même, c’est d’ici que partit Jason, conquérir la Toison d’Or, à bord de son bateau, l’Argos, avec ses 50 copains, les argonautes, bien sûr ! Encore une belle histoire, heureusement il a eu un bon coup de main de la sorcière Médée…
Mais Volos, c’est le point de départ idéal pour faire un tour dans le Pélion : une des plus belles et des plus surprenantes régions de Grèce… parce qu’on ne se croirait pas en Grèce : un côté Lozère ou Cantal avec ces montagnes, ces toits en lauzes, ces forêts de châtaigniers, un côté Normandie en pente raide avec des arbres fruitiers en quantité, un côté Provence par son maquis, ses oliviers et son côté vacances par ses belles, superbes, plages au bord de la mer Egée (du Nord) aux eaux turquoises (vraiment !!) ; et un côté place de village bien de chez nous, ombragée par des platanes centenaires… extra pour boire un petit café frappé, au frais !
Mais Volos, ça permet, aussi, d’aller faire un tour dans les Météores ! Là aussi, quel décor ! Encore une fois les moines font la preuve de leur goût (bon) pour les situations hautes et originales… et, ici, de leur aptitude à l’alpinisme… car il leur a fallu de l’audace, dès le 11ème siècle, pour escalader ces pitons de grés, et y monter les pierres, le mortier, les poutres, et enfin les cloches pour y construire ces monastères-nid d’aigles vertigineux ! Là haut, ils étaient peinards et plus près de Dieu ! Et, pendant longtemps, l’ascenseur était un simple filet de chanvre, dans lequel le moine se recroquevillait, priant très fort, pendant que les copains là-haut le montaient avec un cabestan de marin ! Evidemment, c’est très beau, donc très visité, et les autocars de touristes font la queue sur ces petites routes sinueuses ; et nous aussi, bien sûr, sous un cagnard inoubliable… Inoubliable aussi l’épisode pick-pocket vécu par Sylvie, surprenant un gros gaillard (non grec ! plutôt bazané, hé oui !) la main dans son sac… heureusement pas de vol, mais aussi pas de preuve pour que ma colère puisse se déchaîner (certains d’entre vous savent combien je peux être violent, des fois … !)(Mais enfin, il était quand même très gros et très fort).
Eh oui… jupe et chemisier pudique… on n’est pas à la plage, mais dans un monastère… les hommes pantalon à manches longues ! Un peu de tenue !
Enfin Wadi Rum reprit la mer. Cap sur les Sporades du Nord. Ca aussi c’est très sympa. Skiatos, un petit Mykonos parait-il, très très touristique, avec, comme indiqué par Yves d’Isis, des décibels à la tonne toute la nuit… Pour la première fois j’ai bouché mes oreilles avec des boules dites « Quies »… hé ben, ça marche !
Escale à Agnondas, sur l’île de Skopelos. Une anse un peu profonde et étroite. Un quai d’un seul côté, envahi de pneumatiques semi-rigides de camping côtier, italiens pour la plupart, et grecs. 3 ou 4 voiliers, dont WR, parmi ces petits bateaux. En fin d’après-midi, le ciel devient jaunâtre, sale, bizarre, inquiétant… Personne ne semble y prêter attention… Puis le ciel devient noir sur tout le SW… cette fois pas de doute, ça va arriver. Et « ça » arrive en quelques secondes… une tornade de vent soudaine, emporte la poussière, le sable, les gravillons, les graviers et tout ce qui peut voler… le bateau en est couvert… on en a plein les yeux. En un instant, les gens du coin, qui ont compris, sautent dans leurs pneumatiques et larguent les amarres, laissant à terre femmes, enfants et chiens… Le vent monte à 45nds… dernier chiffre vu par Alain… des trombes d’eau s’abattent sur nous… le tonnerre craque… les éclairs illuminent le crépuscule… et une houle brutale, soudaine et creuse projette les bateaux sur le quai.
C’est un bordel indescriptible. Au milieu de l’anse les zodiacs sont face aux vagues, mais la plupart restent là, sur la zone de mouillage, nous empêchant, nous, les voiliers, de nous barrer, car ils sont sur nos ancres… Beaucoup ont leurs mouillages emmêlés… Alain et Sylvie protègent l’arrière du bateau qui heurte le quai sans arrêt, avant qu’on ait le temps de s’éloigner du quai, en larguant sur l’arrière et en reprenant sur le mouillage… mais en même temps je dois protéger WR d’un voilier américain en difficultés énormes sur notre gauche (son mouillage ne tient pas, et le vent le rabat sur nous !) Nous sommes séparés, un moment, par un pneumatique qui nous sert de pare-battage… mais il se sauve lui aussi, évidemment, sans d’ailleurs que je ne le vois !!... maintenant le face à face, ou plutôt le bord à bord est inévitable… ça hurle de partout… On éloigne encore WR du quai, mais on ne peut toujours pas se sauver avec tous ces bateaux juste devant nous ! Et l’américain nous arrive dessus… 2 ou 3 fois les mats se télescopent… les débris volent… Soudain l’américain décolle du quai, à fond, (heureusement pour nous !) sans contrôler sa vitesse, arrachant ses aussières arrière, laissant son skipper sur le quai, et allant se heurter aux zodiacs au milieu…
Ouf, un souci de moins (sorry, my friend !)… malgré le bordel au milieu, on décide de se tirer de là, car la houle augmente encore… de plus une autorité locale nous incite à partir… on s’explique clairement avec Sylvie qui prend la barre, moi je serai au mouillage à remonter la chaîne… car après, on ne pourra pas s‘entendre avec la pluie en trombe et le vent… Avec Alain et Michelle qui larguent, Sylvie qui slalome entre les zodiacs, et moi qui remonte le mouillage sans se prendre dans d’autre chaîne (coup de pot inouï !), on finit par quitter ce putain de port !! Dehors malgré le vent (qui s’est beaucoup calmé) malgré la houle (bien là) malgré la pluie (plus calme aussi) ça parait déjà presque idyllique… J’oubliais : pendant tout ce cirque la foudre tombait sur les collines alentour, (Michelle a vu un éclair s’éparpiller en une multitude de petits éclats en arrivant au sol !!) Mais on n’entendait pas et on ne voyait pas … on avait trop à faire !
La nuit est tombée… un mille plus loin, une crique, quelques bateaux au mouillage, presque pas de houle… on mouille… ça tient… c’est calme… OUF !! Au total, ça a duré presque 2 heures, et la période « chaude » 1/2h !
L’équipage s’est très bien comporté. Il a gardé son sang-froid. Personne n’a fait de bêtises ! Personne ne s’est blessé (Sylvie quelques splendides bleus !) Bravo ! Un bon Ouzo là-dessus, ou un punch, un bon casse croûte, et chacun a revécu « son » événement, en le racontant aux autres… et on dort comme des bienheureux !
Le lendemain, à Skopelos, je monte là-haut faire le bilan, je connais le chemin ! Juste la girouette explosée… tout le reste (mes réparations de l’année dernière !) a tenu ! Miracle ! Par contre l’échelle de bain qui était dans l’eau, et le régulateur d’allure sont pas mal cabossés… On s’en tire à bon compte…
Skopélos, la 2ème île des Sporades, beaucoup plus sympa que Skiatos, avec un port, « Skopelos », très agréable, avec ses églises sur la falaise et dans le bourg bien en pente, ses tavernas le long du port, ses petites boutiques… Petit dépannage d’un joli RM 10, pavillon français, « Yggdrasil » en avarie moteur au milieu du port… WR lui envoie ses sauveteurs bretons en annexe… Connaissance de son équipage, Michel et Thérèse avec lequel on se découvre pas mal d’atomes crochus… bons moments de convivialité !
Puis on continue sur Alonissos, une 3ème île de l‘archipel… je ne vous détaille pas les mouillages tranquilles, aux eaux limpides, avec plein de petites méduses translucides, très gentilles, pas piquantes du tout (heureusement, sinon pas de baignade, tant elles sont nombreuses !)… Patitiri, son port principal, un peu la bousculade pour avoir une place à quai, c’est quand même la pleine saison des vacances, les motor-boats italiens sont là, en très grand nombre ! Et là-haut sur la montagne le vieux village, détruit lui aussi par le même tremblement de terre, mais reconstruit peu à peu, dans son style d’origine… très agréable, comme nos villages de Provence, perchés sur leur piton rocheux.
Mais pour monter là-haut, faut prendre le bus, et il y a plus de candidats au voyage que de places… alors là, c’est la guerre ! Les grecs sont fous, se ruent, se bousculent, écrasent les autres, femmes et enfants surtout, crient, vocifèrent, négocient avec le receveur et passent devant nous ! On reste sur le trottoir, mais pour le suivant, on a compris la règle du jeu : pas de cadeau, à personne !
Au retour, après un bon repas là-haut, c’est encore pire pour reprendre le bus… on croirait qu’ils défendent leur place dans une chaloupe de sauvetage pour évacuer un navire en train de sombrer… Vraiment, jamais vu ça avant !!
Puis un beau matin, de bonne heure, un ferry rapide est venu chercher nos équipiers d’un moment… 15 jours ça passe vite… et Wadi Rum a repris sa route encore plus au nord vers la Chalcidique, après avoir fait un mouillage sauvage (mais pas solitaire) dans l’île de Pelagos! On se rapproche d’ailleurs d’une des rares zones de Méditerranée où survit le phoque-moine (Monachus monachus)…
A la prochaine, chers tous, pour parler de ce Nord de la Grèce qu’on connaît très peu (nous en tous cas !)
Yassas !
Belle éclipse de lune… vous l’avez vu, vous, en métropole ?
Egine, Marie-Noelle et Hélène...
Salut à tous,
Hé bien, voila plus de 15 jours que le scribe a laissé tombé son stylet électronique, et vous tous aussi par la même occasion… faut dire qu’il était, et Sylvie également, très occupé par ailleurs… réception de Marie-Noelle, ma petite sœur, et d’Hélène, une amie, oblige !
Rendez-vous donné à Egine, la première île au Sud d’Athènes. Elles sont arrivées, pimpantes et rose pâle, de l’hydrofoil climatisé, (genre de gros insecte qui glisse sur l’eau à toute vitesse, sur des sortes de skis), vers 15h, en plein cagnard ! Il a fallu les ravitailler rapidement en eau fraîche, mais elles ont vaillamment supporté le dépaysement, la chaleur, et la rusticité de la vie à bord ! Mais ça valait le coup. Egine est un petit port bien joli, et le temple d’Aphaia, visité early in the morning, une merveille !
Et nous avons refait avec elles le trajet découvert avec vous la dernière fois, en sens inverse (évidemment !)
Donc re-Poros, avec un vent favorable, et un dîner fort sympa dans la taverna de Liz, charmante anglaise mariée à un grec tout sourire et surtout excellent cuistot. Une bonne moussaka, quand c’est bon, c’est vraiment bon !
Re Hydra, aussi beau que la première fois, mais cette fois beaucoup plus sportif ! Nous gravîmes, en effet, dès l’aube, un sentier muletier bien raide, pour atteindre le monastère du prophète Elie, à 500m d’altitude : vue imprenable grandiose, sérénité en sus !
Re-Hermioni, re-taverna, re-sympa.
Re-Spetsies… Marie-Noëlle et Hélène ont l’air bien contentes et nous, qu’elles le soient ! Re-Khoilada, la baie des Tortues… et MN en a compté une dizaine ! Re-taverna (ah, on n’a pas arrêté de bouffer !), petite taverna sans menu, on va dans la cuisine choisir dans les casseroles, et on nous en apporte bien plus que commandé, on n’arrive pas à finir, gavés de fritures, de calamars, de mézés ! et sans « addition »… 15 euros par personne… tout compris… invérifiable et somme toute royal !
Re-Nauplie, mais là, le grand jeu. Location d’une voiture et un matin à l’aube (toujours !) Epidaure et son théâtre pour nous tous seuls ! Grand moment !
Et autour, le sanctuaire d’Esculape… premier dispensaire inventé par l’homme pour soigner son semblable ! Et, dans la foulée, Mycènes, l’orgueilleuse cité d’Agamemnon (vous savez, le chef de la coalition grecque qui part venger l’honneur de Mélénas, dont la femme, la belle Hélène, est partie avec Paris le petit play-boyTroyen, lequel Agamemnon qui a sacrifié sa fille Iphigénie pour avoir des vents favorables, (carrément !), et qui s’est fait assassiner au retour de la guerre, par l’amant de sa femme Clytemnestre… et je résume, les amis, ils étaient assez radicaux et sanglants en ce temps là !) Bref, ces ruines impressionnantes : 2000 ans avant JC ! Du très très gros parpaing ! Au soir, encore une bonne taverna, les chaises dans la rue, les voitures au raz des fesses… Merci à MN et Hélène pour tous ces bons moments.
Seuls à nouveau, on revient dare-dare sur Athènes retrouver nos copains de Teata-Blue, sur un quai pirate gratuit (introuvable à Athènes où les marinas sont hors de prix et, de toutes façons saturées), dans une marina « olympique ». Là, rendez-vous avec Panagiotis, agent Dessalator, qui nous apprend, après test, que l’eau est valable pour le sanitaire, mais pas pour boire ! (sauf avec beaucoup d’ouzo !) ; pas de chance, et pas réparable… faudra ramener les membranes en France ! Donc, à partir de maintenant, chasse à l’eau potable, une corvée oubliée… ! Bref, y a pire !
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les coast-guards nous virent de notre quai gratuit, because les championnats du monde de 420 ! Ecoeurés, et dépités, on quitte Athènes sans avoir eu le temps de la visiter… on reviendra !
Et on commence notre itinéraire vers le Nord. Reprenez vos cartes : Athènes, puis SE vers le cap Sounion, salut respectueux au passage à Poseidon, dieu de la mer, le « nôtre », et à son temple ; virage à gauche vers le Nord, puis encore à gauche pour remonter entre l’Attique et Eubée, cap au NW.
Ah… ! Avant de quitter Athènes, je vous raconte la bataille navale de Salamine, devant Athènes pratiquement. (On en parlait encore, y a pas longtemps sur le ponton 41, à La Rochelle, avec Jean Benétaud…) En ce temps là, vers 480 avant JC, les Perses (l’Irak actuel) avait des vues sur la Grèce … Et Xerxes, leur roi, est arrivé devant Athènes avec une flotte tellement importante qu’il était sûr de gagner cette bataille contre les athéniens. Si sûr de sa victoire qu’il fit dresser son trône en argent, sur une colline, devant la mer, là où aurait lieu le « match », pour savourer la pâtée qu’il allait mettre aux grecs !
Mais Thémistocle, l’amiral grec, usa de ruse ! La flotte perse était parfaitement alignée, en ordre de bataille, impressionnante de puissance, entre l’île de Salamine et le continent. Thémistocle envoya quelques galères, apparemment mal équipées, mal armées, avec des équipages qui feignirent la panique et la fuite… et se sauvèrent en désordre ! Ce que voyant, les galères perses se ruèrent à la poursuite des fuyards, pour l’hallali… mais derrière le premier cap, toute la flotte grecque les attendait, prête au combat, avec courage et détermination et les mirent en pièce, sous l’œil ahuri et incrédule de Xerxes, qui rentra chez lui, honteux et confus !
Donc, Wadi Rum remonte entre Eubée (Evia) et le continent et mouille à Porto Rafti, tout près, (trop prés !) de Sylisa, le beau bateau américain de Jean-Claude et Geneviève, avec lesquels nous avons passé 2 jours bien sympas… à parler, bien sûr, beaucoup, pour finir par découvrir, entre autre point commun : Isis et toi, évidemment Yves P.!!
A propos, Yves, tes conseils nous sont toujours d’une grande utilité et tes appréciations indispensables… elles complètent l’Imray. Merci encore !
Passage non loin de la plaine de Marathon. Mais si, ça vous dit quelque chose ! Encore une tentative des Perses de conquérir Athènes, toujours en 480 avt JC. Les Perses, plus de 25000, les Grecs moins de 8000, et pourtant, encore une fois, grâce à leur habileté et leur courage, les Grecs rejettent l’ennemi à la mer, qui laisse plus de 6000 morts sur le terrain tandis que les Grecs dénombrent 192 tués. Grande et décisive victoire. Un brave soldat grec est chargé d’annoncer la victoire aux athéniens… il court… il court… crie la bonne nouvelle… et tombe mort d’épuisement ! Il avait parcouru 41 kms ! Marathon-Athènes. Vous avez saisi ?
Puis Kalkis, la ville-pont entre le continent et Eubée et le folklorique passage, en pleine nuit, de son fameux pont ouvrant… merci encore à Isis et Sylisa de leurs conseils avisés… de l’utilité, aussi, de savoir causer dans le poste, en anglais, un minimum !
Et, toujours dans le sillage d’Isis, Ay Yeoryios, et Orei… villages authentiques et très agréables.
Et Wadi Rum continue vers le Nord. En effet rendez-vous bientôt à Volos, pour embarquer ma 2° (et dernière !) petite sœur Michelle, et sa petite tribu (on sera quand même 7 à bord !! Chaud, chaud !) pour naviguer dans les Sporades du Nord.
On vous racontera ça le prochain coup !
A propos, il fait toujours beau et chaud, et le meltem, dans ce coin là, est à peu prés fréquentable… chuuut… pourvu que ça doure !!
Yassas, à bientôt.
JJ S
mardi 15 juillet 2008
Nauplie,Spetses, Hydra, Poros...
Yassas à tous qui suivez les péripéties de Wadi Rum autour du Péloponèse…
Et ça continue, avec chaque jour, sa petite histoire.
Nous avons quitté Monemvassia, avec l’impression " portuaire " que le vent serait clément… las… dès que Wadi Rum a montré son nez de l’autre coté de ce Gibraltar local, il prit, comme d’hab, 25nds de vent de face ! 5 heures de moteur et de shaker eurent raison de la patience de l’équipage qui se réfugia dans la petite baie de Kiparissi.
Et là, la récompense. Une crique abritée du vent, une chapelle toute petite et toute blanche, pour nous protéger, un décor de maquis et de pins d’Alep, des cigales qui chantaient (c’est normal, elles chantent tout l’été avant que la bise…), de l’eau claire et un quai pour nous tout seuls…
Un moment superbe, troublé quelques heures par un gros motor-boat, plein de russes riches et bruyants (probablement maffieux), qui eurent la bonne idée de déguerpir avant la nuit. Et nous avons retrouvé notre solitude… royale. Solitude partagée avec un essaim de guêpes qui quitta quand même le bateau chassé par les tortillons anti-bestioles !
Puis un vent favorable, si, si ! nous poussa gentiment vers Porto Cheli (ou Keli). Plaisir de naviguer au portant sur une mer plate, avec Wadi Rum heureux d’allonger la foulée… on avait oublié ! Pour retrouver dans ce mouillage tranquille Stéphane et Bernadette, sur "Sagittaire " avec qui nous naviguons depuis Elafonissos. (Stéphane Carlier a vendu des camions à Alain Tinel !! Comprenne qui pourra ! Nouvelle preuve, en tout cas, que notre monde est minuscule !)
Nauplie, Nafplio, première capitale du tout jeune état grec en 1828, avant qu’Athènes ne reprenne sa place. Très jolie petite ville avec son quartier vénitien, aux petites ruelles, et bien sûr, avec ses tavernas et échoppes et cafés et marchands de glace et fiacres pour touristes, mais aussi sa citadelle imprenable construite pour Venise par Lassalle, ingénieur français, qui, acheté par les turcs, a livré les plans de sa forteresse, le salopard, et la place est tombée sous la coupe des Ottomans ! Mais aussi avec son église des Francs, ancienne mosquée devenue église catholique (tiens ! c’est la première rencontrée), avec son fort turc sur un îlot… 2ème ville visitée de Grèce après Athènes… C’est mérité… Et pour les grecs, c’est la ville de l’amour… Alors !
Puis l’île de Spetses… l’île de la Bouboulina, héroïne de la Guerre d’Indépendance… Elle est née dans une prison à Constantinople, fille d’un capitaine corsaire grec condamné à mort par les turcs et dont la femme avait droit de visite… à 16 ans la Bouboulina se marie avec un capitaine de Spetses, qui meurt, coulé dans son bateau, attaqué par les Turcs… elle se remarie avec un autre capitaine qui, lui aussi, meurt en mer en combattant les Turcs… alors, elle ne les aime pas beaucoup les Ottomans, et comme elle est riche, après ses héritages, elle transforme sa flotte de commerce en flotte de guerre et, à la tête de ses navires, pistolets à la ceinture, elle livre une guerre maritime sans merci, contre l’envahisseur !
Elle meurt, dans un règlement de compte, d’une balle en pleine tête, car son fils, avait séduit et abandonné une fille d’une autre grande famille d’armateur… pauvre petit c.. ! La Bouboulina n’aura pas connu la Grèce libre !
Autre épisode de cette guerre de libération… Vous vous souvenez des Philhéllènes, les européens qui avaient embrassé la cause grecque… parmi eux , le neveu de Napoléon, Paul-Marie Bonaparte, meurt dans l’explosion accidentelle d’un pistolet. Son corps est ramené à Spetses, et conservé 5 ans dans un baril d’huile d’olive ! A défaut de chambre froide… !
En plus de son rôle historique, le port de Spetses est un endroit bien sympa et donc, proximité d’Athènes oblige, très touristique… pas de voitures mais des centaines de scooters à louer et quelques fiacres romantiques… Mais quand même une vraie vie locale avec ses pêcheurs, ses chantiers qui réparent les caïques et ses taxiboats qui vont à fond dans le port, levant un ressac désagréable… Départ un peu rock’roll quand la chaîne de " Sagittaire " ramène une ancre énorme, qui n’est pas la sienne (probablement datant de la guerre d’indépendance !). JJ doit plonger pour mettre de l’ordre là-dedans !
Escale repos et authentiquement grecque à Ermioni… c'est-à-dire sans touriste ! (comme nous !)
Puis le choc ! Non, non, pas une collision, le choc visuel, social, auditif, touristico-tropézien… Hydra ! Le plus beau (petit) port de Grèce ! Possible. Et même vrai, c’est superbe ce village qui monte à l’assaut des montagnes qui entourent le port ! Avec, là aussi, escaliers, ruelles, maisons blanches ou de pierres, bougainvillées, lauriers, jasmins, avec les ânes et mulets qui portent tout, car ici, pas de voitures , mais pas non plus de 2 roues… Alors c’est le vrai St Trop grec ! Hallucinant ! Un trafic maritime fou : les ferries de toute taille qui déchargent en permanence leur cargaison de touristes et qui foncent en chercher d’autres, les taxiboats, à fond, comme toujours, le cargo-citerne qui ravitaille en eau, chaque jour, la petite cité, les petits voiliers comme nous, un peu perdus et affolés comme un piéton place de la Concorde, et, et surtout, les big yachts des plus riches que riches qui remplissent le port tous les soirs, et débarquent la jet-set dans les restos et cafés du port… WR et son bateau-copain (Sagittaire) ont eu la chance de se faufiler et de trouver une place… Alors on est au spectacle de ce monde de fous, dans un décor magnifique, dans un vacarme de moteur permanent.
Mais n’oublions pas le glorieux passé d’Hydra ! Comme à Spetses, sa voisine, les armateurs ont pris une part décisive dans l’indépendance de la Grèce, dès 1821, en attaquant et portant un coup fatal à la flotte turque. Ici, ce sont des héros nationaux. En particulier, Miaoulis a mis au point la technique des brûlots : envoyer des vieux bateaux bourrés d’explosifs au contact des bâtiments ennemis et allumer la mèche… résultat garanti. Mais il fallait des équipages réduits et audacieux, qui se sauvaient en chaloupe juste avant que ça pète !
Et dans le port d’Hydra le cirque quotidien des voiliers et des autres bateaux, qui, chaque fois qu’ils relèvent leur ancre remonte l’ancre du voisin, ou une chaîne, ou une amarre… avec souvent bien du mal pour s’en débarrasser ! Evidemment, Sagittaire et Wadi Rum n’ont pas échappé à la règle… chacun remonte la chaîne d’un autre… mais on connaît maintenant la manœuvre, et on renvoie dans le fond du port ce qui n’est pas à nous !
Nous voilà au quai de Poros, coin qui semble bien sympa aussi. On s’approche peu à peu du rendez-vous avec ma petite sœur MN et sa copine Hélène qui viennent naviguer avec nous, très bientôt. Super ! On va refaire ensemble tout ce trajet d’Egine à Nauplie, en s’enfonçant un peu dans les terres… On vous racontera !
A bientôt, Yassas !
Et ça continue, avec chaque jour, sa petite histoire.
Nous avons quitté Monemvassia, avec l’impression " portuaire " que le vent serait clément… las… dès que Wadi Rum a montré son nez de l’autre coté de ce Gibraltar local, il prit, comme d’hab, 25nds de vent de face ! 5 heures de moteur et de shaker eurent raison de la patience de l’équipage qui se réfugia dans la petite baie de Kiparissi.
Et là, la récompense. Une crique abritée du vent, une chapelle toute petite et toute blanche, pour nous protéger, un décor de maquis et de pins d’Alep, des cigales qui chantaient (c’est normal, elles chantent tout l’été avant que la bise…), de l’eau claire et un quai pour nous tout seuls…
Un moment superbe, troublé quelques heures par un gros motor-boat, plein de russes riches et bruyants (probablement maffieux), qui eurent la bonne idée de déguerpir avant la nuit. Et nous avons retrouvé notre solitude… royale. Solitude partagée avec un essaim de guêpes qui quitta quand même le bateau chassé par les tortillons anti-bestioles !
Puis un vent favorable, si, si ! nous poussa gentiment vers Porto Cheli (ou Keli). Plaisir de naviguer au portant sur une mer plate, avec Wadi Rum heureux d’allonger la foulée… on avait oublié ! Pour retrouver dans ce mouillage tranquille Stéphane et Bernadette, sur "Sagittaire " avec qui nous naviguons depuis Elafonissos. (Stéphane Carlier a vendu des camions à Alain Tinel !! Comprenne qui pourra ! Nouvelle preuve, en tout cas, que notre monde est minuscule !)
Nauplie, Nafplio, première capitale du tout jeune état grec en 1828, avant qu’Athènes ne reprenne sa place. Très jolie petite ville avec son quartier vénitien, aux petites ruelles, et bien sûr, avec ses tavernas et échoppes et cafés et marchands de glace et fiacres pour touristes, mais aussi sa citadelle imprenable construite pour Venise par Lassalle, ingénieur français, qui, acheté par les turcs, a livré les plans de sa forteresse, le salopard, et la place est tombée sous la coupe des Ottomans ! Mais aussi avec son église des Francs, ancienne mosquée devenue église catholique (tiens ! c’est la première rencontrée), avec son fort turc sur un îlot… 2ème ville visitée de Grèce après Athènes… C’est mérité… Et pour les grecs, c’est la ville de l’amour… Alors !
Puis l’île de Spetses… l’île de la Bouboulina, héroïne de la Guerre d’Indépendance… Elle est née dans une prison à Constantinople, fille d’un capitaine corsaire grec condamné à mort par les turcs et dont la femme avait droit de visite… à 16 ans la Bouboulina se marie avec un capitaine de Spetses, qui meurt, coulé dans son bateau, attaqué par les Turcs… elle se remarie avec un autre capitaine qui, lui aussi, meurt en mer en combattant les Turcs… alors, elle ne les aime pas beaucoup les Ottomans, et comme elle est riche, après ses héritages, elle transforme sa flotte de commerce en flotte de guerre et, à la tête de ses navires, pistolets à la ceinture, elle livre une guerre maritime sans merci, contre l’envahisseur !
Elle meurt, dans un règlement de compte, d’une balle en pleine tête, car son fils, avait séduit et abandonné une fille d’une autre grande famille d’armateur… pauvre petit c.. ! La Bouboulina n’aura pas connu la Grèce libre !
Autre épisode de cette guerre de libération… Vous vous souvenez des Philhéllènes, les européens qui avaient embrassé la cause grecque… parmi eux , le neveu de Napoléon, Paul-Marie Bonaparte, meurt dans l’explosion accidentelle d’un pistolet. Son corps est ramené à Spetses, et conservé 5 ans dans un baril d’huile d’olive ! A défaut de chambre froide… !
En plus de son rôle historique, le port de Spetses est un endroit bien sympa et donc, proximité d’Athènes oblige, très touristique… pas de voitures mais des centaines de scooters à louer et quelques fiacres romantiques… Mais quand même une vraie vie locale avec ses pêcheurs, ses chantiers qui réparent les caïques et ses taxiboats qui vont à fond dans le port, levant un ressac désagréable… Départ un peu rock’roll quand la chaîne de " Sagittaire " ramène une ancre énorme, qui n’est pas la sienne (probablement datant de la guerre d’indépendance !). JJ doit plonger pour mettre de l’ordre là-dedans !
Escale repos et authentiquement grecque à Ermioni… c'est-à-dire sans touriste ! (comme nous !)
Puis le choc ! Non, non, pas une collision, le choc visuel, social, auditif, touristico-tropézien… Hydra ! Le plus beau (petit) port de Grèce ! Possible. Et même vrai, c’est superbe ce village qui monte à l’assaut des montagnes qui entourent le port ! Avec, là aussi, escaliers, ruelles, maisons blanches ou de pierres, bougainvillées, lauriers, jasmins, avec les ânes et mulets qui portent tout, car ici, pas de voitures , mais pas non plus de 2 roues… Alors c’est le vrai St Trop grec ! Hallucinant ! Un trafic maritime fou : les ferries de toute taille qui déchargent en permanence leur cargaison de touristes et qui foncent en chercher d’autres, les taxiboats, à fond, comme toujours, le cargo-citerne qui ravitaille en eau, chaque jour, la petite cité, les petits voiliers comme nous, un peu perdus et affolés comme un piéton place de la Concorde, et, et surtout, les big yachts des plus riches que riches qui remplissent le port tous les soirs, et débarquent la jet-set dans les restos et cafés du port… WR et son bateau-copain (Sagittaire) ont eu la chance de se faufiler et de trouver une place… Alors on est au spectacle de ce monde de fous, dans un décor magnifique, dans un vacarme de moteur permanent.
Mais n’oublions pas le glorieux passé d’Hydra ! Comme à Spetses, sa voisine, les armateurs ont pris une part décisive dans l’indépendance de la Grèce, dès 1821, en attaquant et portant un coup fatal à la flotte turque. Ici, ce sont des héros nationaux. En particulier, Miaoulis a mis au point la technique des brûlots : envoyer des vieux bateaux bourrés d’explosifs au contact des bâtiments ennemis et allumer la mèche… résultat garanti. Mais il fallait des équipages réduits et audacieux, qui se sauvaient en chaloupe juste avant que ça pète !
Et dans le port d’Hydra le cirque quotidien des voiliers et des autres bateaux, qui, chaque fois qu’ils relèvent leur ancre remonte l’ancre du voisin, ou une chaîne, ou une amarre… avec souvent bien du mal pour s’en débarrasser ! Evidemment, Sagittaire et Wadi Rum n’ont pas échappé à la règle… chacun remonte la chaîne d’un autre… mais on connaît maintenant la manœuvre, et on renvoie dans le fond du port ce qui n’est pas à nous !
Nous voilà au quai de Poros, coin qui semble bien sympa aussi. On s’approche peu à peu du rendez-vous avec ma petite sœur MN et sa copine Hélène qui viennent naviguer avec nous, très bientôt. Super ! On va refaire ensemble tout ce trajet d’Egine à Nauplie, en s’enfonçant un peu dans les terres… On vous racontera !
A bientôt, Yassas !
mardi 1 juillet 2008
Vers Monemvassia
Kalispera, bon après-midi ou bonsoir selon l’heure.
J’avais bien dit, la dernière fois, qu’on ferait attention à la météo…! Mais, ici, elle est imprévisible, je me répète… On part de Koroni pour traverser le golfe de Méssenie et doubler le cap Tainaro (ou Matapan)… au moteur… puis le vent monte, super ! On envoie GV (grd-voile) et génois… en plus on l’a dans le… dos ! Le pied ! On file à plus de 6 nds ! On se régale, sous un soleil qui ne nous quitte pratiquement pas depuis deux mois… (oui, je sais, ça vous énerve… mais prenez en votre part !)… puis ça monte encore… (force 6) plus de 20nds… 1 ris… 2ris… réduction du génois… nous voila à force 7… ça devient sportif mais reste amusant… le loch affiche jusqu’à 7,9 nœuds… la mer, à l’approche du cap est de plus en plus mauvaise, creuse, déferlante, une vraie marmite… le vent atteint des rafales à 8… là on s’amuse plus vraiment, bien qu’il n’y ait aucun danger, rassurez vous ! Et tout ça sous un ciel bleu imperturbable et un soleil radieux... mais on est bien content, le cap passé, d’entrer dans la petite baie de Porto Kayo sous 37 nœuds, et que la pioche accroche tout de suite ! Au milieu de tous les autres voiliers venus se blottir là. On a fait un excellente moyenne : + de 6,5…
Voila, ça, c’est pour les copains voileux, pour les mettre un peu dans le bain avec nous.
Pour vous autres, les terriens, sachez qu’on a abordé les côtes sauvages du Magne, arides, dénudées, toutes en montagnes pelées, couvertes d’un maigre maquis épineux et peuplées, si peu, de rudes montagnards, les maniotes. C’est la pointe du " milieu " sur votre carte du Péloponèse. On a voulu en savoir davantage. On remonte jusqu’à Gythion, le port de Sparte du temps de sa splendeur ! Location d’une petite voiture et découverte de ce rude pays. Imaginez des montagnes de rocailles, avec une pauvre végétation de buissons d’épines, quand la terre n’est pas carrément à nue, brûlée par les incendies. Et des villages, des hameaux plutôt, toujours juchés sur un piton rocheux, donc chaque maison est une tour, un véritable donjon de château fort, qui leur donne des allures de ksar marocain ou de château cathare, en pierres grises. Parce que, les maniotes, ils n’aimaient pas les étrangers, mais ils se supportaient entre eux, très difficilement, vivant en clan, avec un sens particulier de l’honneur, pratiquant la vendetta, et se tirant dessus d’une tour à l’autre ! Ca vous fait penser à la Corse, hein ? Celle d’avant, bien sûr ! Hé bien, justement, les Grecs installés à Cargèse, se sont des exilés maniotes du village d’Itilo, qui, persécutés par les Slaves ont demandé asile à la république de Gênes, alors maîtresse de la Corse ! (Pensée pour nos amis Michelle et Christian, amoureux de Cargèse… !)
Belle balade, émaillée aussi de superbes minuscules chapelles byzantines du 11° et 13°, aux fresques bien conservées, et de restes de châteaux francs construits par… ? Gagné ! Toujours notre Guillaume de Villehardouin !
Ah ! détails d’importance : le crin-crin incessant des cigales et les odeurs de maquis. Le Sud quoi !
Au retour les canadairs tournoyaient dans le ciel… ça brûlait dans les collines voisines !
A Gythion, il y a une petite île qui s’appelle Kranaï… Or, il y a bien longtemps, Pâris, fils de Priam, roi de Troie était reçu par Mélénas, roi de Sparte, marié à Hélène, superbe créature… Et, ce coquin de Pâris ne put résister au charme d’Hélène, et, enfreignant les règles les plus élémentaires de l’hospitalité et du savoir vivre, il la dragua ! Et elle trouva ça super ! Ils se sauvèrent de chez Mélénas, pauvre cocu, et leur première nuit d’amuuur se passa sur l’île de Kranaï ! C’est-y pas romantique ça ? Ouais, mais ça a déclanché la guerre de Troie, tout simplement !!
Puis Wadi Rum se rapproche de la dernière difficulté réputée… le passage du mythique cap Maléas… la pointe Est du sud du Péloponèse. Ulysse, lui-même en garde un mauvais souvenir… il rentrait chez lui, peinard, après voir fait du bon boulot pendant la guerre de Troie (justement !) quand, au passage de ce cap Maléas, le vent l’a envoyé au-delà de Cythère, vers le pays des Lotophages…
Et le scénario navigation raconté au début de ce chapitre se reproduit, pour aller de Gythion à l’île d’ Elafonissos, où il y a un mouillage sûr pour attendre que le vent donne son accord pour passer le cap Maléas vers l’Est. Wadi Rum arrive péniblement, par force 7, avec des rafales à 8, vent dans le nez pour le dernier bord, devant la superbe plage du sud de cette île… sable blanc, eau turquoise, mais décor de collines désertiques. Et ce putain de meltem qui souffle sans arrêt entre force 4 et 6 avec souvent des périodes à 7 ! .
Nous voilà donc au mouillage, l’ancre tient bon, heureusement, bien plantée dans le sable, car on va passer, au moins, 2 à 3 jours ici, balayés par un vent permanent établi, qui se calme à peine la nuit. Comme on est près du rivage, où se bronzent des beautés, mâles et femelles, nues (y en a pour tous les goûts !), il n’y a pas de vagues et le bateau accepte ce vent constant simplement en tirant des bords sur sa chaîne… On s’arme de patience et on attend une météo favorable… Et je ne tiens pas à quitter le bord, si ça montait encore plus pendant notre balade à terre, et que l’ancre chasse… !
Parce que c’est bien le meltem, un peu en avance cette année qui perturbe notre programme. On espérait faire un saut du Péloponèse à Milos, SW des Cyclades et remonter par Sifnos, Serifos, Kithnos et Kéa pour rejoindre le golfe Saronique et retrouver Malène et Hélène le 9 juillet comme prévu ! C’est loupé pour ce coup là, on longera donc, dès qu’on aura la permission de monsieur Meltem, le Péloponèse par Monemvassia, Nauplie, Spetsai, Idhra…
Enfin, à l’aube du 5° jour, Wadi Rum lève l’ancre. C’est vraiment l’aube, il est 5h du mat ! Comme prévu par la météo le vent s’est calmé, c’est au moteur qu’on progresse ; comme pas prévu par la météo, on passe ce fameux et redouté cap Maléas par un vent qui monte déjà, bien sûr, " in the nose " et on termine avec 25 nds, force 6, à Monemvassia, au lieu des 10 annoncés ! Ca ne facilite pas les accostages !
Maintenant on s’attend à tout avec le vent d’ici ! Des amis dans les Cyclades ont pris 60 nds, c’est force 11, ça s’appelle " violente tempête ", juste avant " l’ouragan " ! Et ils ont explosé leur génois ! Mon dieu, mon dieu, qu’on n’aimerait pas… ! Et hier, ici, au cap Maléas, nos voisins ont pris 54 nds, en quelques secondes !!
MONEMVASSIA… en lettres majuscules ! On vous a raconté Delphes, Olympie, Mystra, Méssenes, Methoni et beaucoup d’autres endroits magnifiques… mais ici, c’est encore un cran au dessus ! Monemvassia, la ville à " une seule entrée ", Malvoisie pour les Francs. Imaginez, venant par la mer, une île, un roc aux parois abruptes, genre de petit gibraltar, 300m de haut, relié à la terre par un pont étroit… à ses pieds, blottie coté Est, une vieille ville du Moyen-Âge, ceinte de remparts, et protégée par une citadelle qui occupe tout le haut de ce plateau rocheux.
Les Byzantins l’ont construit vers l’an mille, les Francs l’ont occupée, après un siége de 3 ans, en 1248, avec toujours notre Guillaume de Villehardouin, vous le saviez déjà… mais perdue en 1263, comme rançon de sa libération, vous le saviez aussi si vous suivez assidûment ! Puis se furent les Vénitiens qui retapèrent la citadelle et la ville haute et la ville basse, en alternance avec les Turcs qui restèrent bien longtemps jusqu’en 1821 ! Monemvassia est la 1° ville grecque à se libérer du joug turc… souvenez-vous la guerre d’indépendance commence en 1821 et se termine en 1828, grâce, entre autre, à la bataille navale de Navarino de 1827 !
Une promenade, en nocturne, dans les ruelles pavées, étroites, désertées, éclairées par quelques rares lampions, une autre, à l’aube avant que les marchands du temple n’aient ouvert leurs échoppes, avec un vent violent qui hurle dans les escaliers et les passages voûtés, une bonne grimpette à la citadelle abandonnée et en ruine… et nous nous sommes imprégnés de l’ambiance de Monemvassia pendant toute son histoire… et se fut un enchantement… majuscule.
Avec une pensée toute particulière pour mon père, pour mon cousin Jean et pour ma petite soeur Michelle.
Et des pensées affectueuses pour vous tous.
Yassas, salut !
Ah, avant de nous quitter, ça souffle encore à force 7, mais on est dans un port, en bonne compagnie, au pied du roc, et y a des cafés des tavernes et de la bière… alors on tiendra le coup !
JJ S
J’avais bien dit, la dernière fois, qu’on ferait attention à la météo…! Mais, ici, elle est imprévisible, je me répète… On part de Koroni pour traverser le golfe de Méssenie et doubler le cap Tainaro (ou Matapan)… au moteur… puis le vent monte, super ! On envoie GV (grd-voile) et génois… en plus on l’a dans le… dos ! Le pied ! On file à plus de 6 nds ! On se régale, sous un soleil qui ne nous quitte pratiquement pas depuis deux mois… (oui, je sais, ça vous énerve… mais prenez en votre part !)… puis ça monte encore… (force 6) plus de 20nds… 1 ris… 2ris… réduction du génois… nous voila à force 7… ça devient sportif mais reste amusant… le loch affiche jusqu’à 7,9 nœuds… la mer, à l’approche du cap est de plus en plus mauvaise, creuse, déferlante, une vraie marmite… le vent atteint des rafales à 8… là on s’amuse plus vraiment, bien qu’il n’y ait aucun danger, rassurez vous ! Et tout ça sous un ciel bleu imperturbable et un soleil radieux... mais on est bien content, le cap passé, d’entrer dans la petite baie de Porto Kayo sous 37 nœuds, et que la pioche accroche tout de suite ! Au milieu de tous les autres voiliers venus se blottir là. On a fait un excellente moyenne : + de 6,5…
Voila, ça, c’est pour les copains voileux, pour les mettre un peu dans le bain avec nous.
Pour vous autres, les terriens, sachez qu’on a abordé les côtes sauvages du Magne, arides, dénudées, toutes en montagnes pelées, couvertes d’un maigre maquis épineux et peuplées, si peu, de rudes montagnards, les maniotes. C’est la pointe du " milieu " sur votre carte du Péloponèse. On a voulu en savoir davantage. On remonte jusqu’à Gythion, le port de Sparte du temps de sa splendeur ! Location d’une petite voiture et découverte de ce rude pays. Imaginez des montagnes de rocailles, avec une pauvre végétation de buissons d’épines, quand la terre n’est pas carrément à nue, brûlée par les incendies. Et des villages, des hameaux plutôt, toujours juchés sur un piton rocheux, donc chaque maison est une tour, un véritable donjon de château fort, qui leur donne des allures de ksar marocain ou de château cathare, en pierres grises. Parce que, les maniotes, ils n’aimaient pas les étrangers, mais ils se supportaient entre eux, très difficilement, vivant en clan, avec un sens particulier de l’honneur, pratiquant la vendetta, et se tirant dessus d’une tour à l’autre ! Ca vous fait penser à la Corse, hein ? Celle d’avant, bien sûr ! Hé bien, justement, les Grecs installés à Cargèse, se sont des exilés maniotes du village d’Itilo, qui, persécutés par les Slaves ont demandé asile à la république de Gênes, alors maîtresse de la Corse ! (Pensée pour nos amis Michelle et Christian, amoureux de Cargèse… !)
Belle balade, émaillée aussi de superbes minuscules chapelles byzantines du 11° et 13°, aux fresques bien conservées, et de restes de châteaux francs construits par… ? Gagné ! Toujours notre Guillaume de Villehardouin !
Ah ! détails d’importance : le crin-crin incessant des cigales et les odeurs de maquis. Le Sud quoi !
Au retour les canadairs tournoyaient dans le ciel… ça brûlait dans les collines voisines !
A Gythion, il y a une petite île qui s’appelle Kranaï… Or, il y a bien longtemps, Pâris, fils de Priam, roi de Troie était reçu par Mélénas, roi de Sparte, marié à Hélène, superbe créature… Et, ce coquin de Pâris ne put résister au charme d’Hélène, et, enfreignant les règles les plus élémentaires de l’hospitalité et du savoir vivre, il la dragua ! Et elle trouva ça super ! Ils se sauvèrent de chez Mélénas, pauvre cocu, et leur première nuit d’amuuur se passa sur l’île de Kranaï ! C’est-y pas romantique ça ? Ouais, mais ça a déclanché la guerre de Troie, tout simplement !!
Puis Wadi Rum se rapproche de la dernière difficulté réputée… le passage du mythique cap Maléas… la pointe Est du sud du Péloponèse. Ulysse, lui-même en garde un mauvais souvenir… il rentrait chez lui, peinard, après voir fait du bon boulot pendant la guerre de Troie (justement !) quand, au passage de ce cap Maléas, le vent l’a envoyé au-delà de Cythère, vers le pays des Lotophages…
Et le scénario navigation raconté au début de ce chapitre se reproduit, pour aller de Gythion à l’île d’ Elafonissos, où il y a un mouillage sûr pour attendre que le vent donne son accord pour passer le cap Maléas vers l’Est. Wadi Rum arrive péniblement, par force 7, avec des rafales à 8, vent dans le nez pour le dernier bord, devant la superbe plage du sud de cette île… sable blanc, eau turquoise, mais décor de collines désertiques. Et ce putain de meltem qui souffle sans arrêt entre force 4 et 6 avec souvent des périodes à 7 ! .
Nous voilà donc au mouillage, l’ancre tient bon, heureusement, bien plantée dans le sable, car on va passer, au moins, 2 à 3 jours ici, balayés par un vent permanent établi, qui se calme à peine la nuit. Comme on est près du rivage, où se bronzent des beautés, mâles et femelles, nues (y en a pour tous les goûts !), il n’y a pas de vagues et le bateau accepte ce vent constant simplement en tirant des bords sur sa chaîne… On s’arme de patience et on attend une météo favorable… Et je ne tiens pas à quitter le bord, si ça montait encore plus pendant notre balade à terre, et que l’ancre chasse… !
Parce que c’est bien le meltem, un peu en avance cette année qui perturbe notre programme. On espérait faire un saut du Péloponèse à Milos, SW des Cyclades et remonter par Sifnos, Serifos, Kithnos et Kéa pour rejoindre le golfe Saronique et retrouver Malène et Hélène le 9 juillet comme prévu ! C’est loupé pour ce coup là, on longera donc, dès qu’on aura la permission de monsieur Meltem, le Péloponèse par Monemvassia, Nauplie, Spetsai, Idhra…
Enfin, à l’aube du 5° jour, Wadi Rum lève l’ancre. C’est vraiment l’aube, il est 5h du mat ! Comme prévu par la météo le vent s’est calmé, c’est au moteur qu’on progresse ; comme pas prévu par la météo, on passe ce fameux et redouté cap Maléas par un vent qui monte déjà, bien sûr, " in the nose " et on termine avec 25 nds, force 6, à Monemvassia, au lieu des 10 annoncés ! Ca ne facilite pas les accostages !
Maintenant on s’attend à tout avec le vent d’ici ! Des amis dans les Cyclades ont pris 60 nds, c’est force 11, ça s’appelle " violente tempête ", juste avant " l’ouragan " ! Et ils ont explosé leur génois ! Mon dieu, mon dieu, qu’on n’aimerait pas… ! Et hier, ici, au cap Maléas, nos voisins ont pris 54 nds, en quelques secondes !!
MONEMVASSIA… en lettres majuscules ! On vous a raconté Delphes, Olympie, Mystra, Méssenes, Methoni et beaucoup d’autres endroits magnifiques… mais ici, c’est encore un cran au dessus ! Monemvassia, la ville à " une seule entrée ", Malvoisie pour les Francs. Imaginez, venant par la mer, une île, un roc aux parois abruptes, genre de petit gibraltar, 300m de haut, relié à la terre par un pont étroit… à ses pieds, blottie coté Est, une vieille ville du Moyen-Âge, ceinte de remparts, et protégée par une citadelle qui occupe tout le haut de ce plateau rocheux.
Les Byzantins l’ont construit vers l’an mille, les Francs l’ont occupée, après un siége de 3 ans, en 1248, avec toujours notre Guillaume de Villehardouin, vous le saviez déjà… mais perdue en 1263, comme rançon de sa libération, vous le saviez aussi si vous suivez assidûment ! Puis se furent les Vénitiens qui retapèrent la citadelle et la ville haute et la ville basse, en alternance avec les Turcs qui restèrent bien longtemps jusqu’en 1821 ! Monemvassia est la 1° ville grecque à se libérer du joug turc… souvenez-vous la guerre d’indépendance commence en 1821 et se termine en 1828, grâce, entre autre, à la bataille navale de Navarino de 1827 !
Une promenade, en nocturne, dans les ruelles pavées, étroites, désertées, éclairées par quelques rares lampions, une autre, à l’aube avant que les marchands du temple n’aient ouvert leurs échoppes, avec un vent violent qui hurle dans les escaliers et les passages voûtés, une bonne grimpette à la citadelle abandonnée et en ruine… et nous nous sommes imprégnés de l’ambiance de Monemvassia pendant toute son histoire… et se fut un enchantement… majuscule.
Avec une pensée toute particulière pour mon père, pour mon cousin Jean et pour ma petite soeur Michelle.
Et des pensées affectueuses pour vous tous.
Yassas, salut !
Ah, avant de nous quitter, ça souffle encore à force 7, mais on est dans un port, en bonne compagnie, au pied du roc, et y a des cafés des tavernes et de la bière… alors on tiendra le coup !
JJ S
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