samedi 13 décembre 2008

Quitter la Grêce...

Salut à tous,

En descendant maintenant vers le Sud , Wadi Rum arrive dans les îles du Dodécanèse. « Dodeca » : douze ! En fait elles sont 13 ou 14, égrenées le long de la côte turque, et elles ne sont grecques que depuis… 1948 ! Hé oui, voilà seulement 50 ans que les Italiens les ont rendues. Ils y étaient depuis 1912. Avant, bien sûr, les Ottomans, qui avaient fini par prendre le dessus sur les Chevaliers de St Jean, installés à Rhodes et dans toute la région, de 1300 à 1522…

Et on va s’arrêter là, car ici aussi les envahisseurs de tous bords se sont succédés depuis la nuit des temps. Sans parler des pirates qui ont écumé le coin…c'est-à-dire que s’ils surprenaient un village, les hommes étaient passés par les armes ( blanches) et les femmes et les enfants emmenés en esclavage !
Navigation sous génois seul, vent arrière, de Samos à Arki où Wadi Rum arrive par force 7. Toute petite île tranquille. Plus pour longtemps. Les nouveaux envahisseurs sont les touristes…


Patmos, 11 milles à l’Ouest. Patmos, bien sûr c’est l’Apocalypse de St Jean. C’est ici, dans une grotte, que Jean le disciple préféré du Christ, a dicté, à la fin de sa vie, (vers 90) ce texte…impressionnant. Je cherche un qualificatif. Parce que c’était l’occasion de le lire. Alors, j’ai ouvert la Bible qui est à bord (grâce à toi, Dominique de Balane V) et j’ai lu l’Apocalypse de St Jean…ça vous étonne ! Moi aussi !
Donc, au sommet de la colline, le monastère en pierres grises, massif, austère, solide, une véritable forteresse, et, tout autour les maisons blanches de la Chora, aux ruelles étroites. Magnifique.
Evidemment, c’est très visité, par les pèlerins et par les touristes, alors les marchands du temple sont là…


Wadi Rum est cul au quai, comme les autres bateaux. Le soir le temps se dégrade. Il se met à pleuvoir, de plus en plus fort. Le vent monte, des éclairs…encore un orage. On s’équipe en pécheurs bretons et on s’apprête à veiller toute la nuit. Il est environ minuit. Devant nous un voilier a dérapé : son ancre n’a pas résisté aux rafales de vent, et sous les trombes d’eau, son équipage (ils sont deux) essaie de remouiller (remettre l’ancre) en vain. Il décide de venir se mettre le long du quai, il y a juste la place. De loin, dans la nuit, je devine leur manoeuvre, quand je vois l’équipier, voulant sauter sur le quai, tomber à l’eau. Le temps de haler Wadi Rum vers le quai (on l’avait éloigné par sécurité !), je me précipite pour tendre une main secourable à la personne qui barbote sans pouvoir remonter sur le quai. C’est la femme du skipper. Heureusement, ne la voyant plus , dans l’obscurité et sous la pluie battante, il a eu le réflexe de s’éloigner, pour ne pas l’écraser entre le quai et la coque. Bref, on l’a sort de l’eau, avec l’aide d’un autre navigateur, et on aide le mari à s’amarrer. A 2h du matin, tout se calme… on peut aller se coucher. Non, vraiment, on n’aime pas du tout les orages !
Cap à l’Est, ressortez vos cartes… Lipso, l’île où Ulysse sur la route du retour, après la prise de Troie, serait tombé dans les bras de la nymphe Calypso ! (facile : ca…lypso !). Dans le petit village, on a compté plus de 15 églises ou chapelles, toutes blanches, aux toits en dôme bleus. Trait très( !) marquant de la Grèce : l’omniprésence de la religion partout, avec tous ces lieux de culte, innombrables, et les popes, partout, barbus, cheveux longs rassemblés en chignons, plus ou moins propres, en soutanes noires…Une église orthodoxe très puissante et influente…et très riche.
Toujours plus Sud : Leros. Le port de pêche de Pandeli ou 3 ou 4 voiliers peuvent se faufiler, dominé par…? Une citadelle byzantine très (trop) reconstruite, et par 6 moulins à vent ! C’est beau, et de là-haut, vue imprenable sur l’île. Plaisir, le soir, à la tombée du jour, d’observer le va et vient des barques des pêcheurs … en sirotant un verre d’ouzo bien frais, peinards dans le cockpit. Anecdote : Jules César, jeune, a été capturé sur Léros par des pirates qui réclament 20 sesterces de rançon. Jules, vexé d’être si peu considéré, augmente lui-même le prix de sa liberté à 50 sesterces ! Et pendant ses 40 jours de captivité promet les pires représailles à ses geôliers. De fait, libéré après versement de sa rançon, il monte aussitôt une expédition, les capture et les fait crucifier ! Déjà un caractère d’empereur le jeune Jules.


Encore plus Sud : Kalimnos, l’île des pêcheurs d’éponges. Après une escale dans la belle calanque de Vathi, Wadi Rum se retrouve dans le grand port de Kalimnos…une activité incessante : les ferries, les paquebots de croisières, les bateaux de pêche, les vedettes des gardes côtes, les voiliers, les caïques et les « goulettes » turques (superbes caïques en bois). Kalimnos restera une de « nos » belles îles grâce à Mano et Annie. Rencontre fortuite dans une taverna. Mano (Emmanuel) est français et grec : son père, kalimniote, se sauve à 19 ans, sur le bateau familial, pour échapper à la misère et tente sa chance en France… un passage par la Tunisie pour pêcher les éponges… Bref, une belle histoire d’émigration et d’intégration réussie. Et Mano, le fiston de l’émigré grec a gardé ses racines, sa langue et l’amour de son île où il revient, avec Annie, plusieurs mois par an! Alors vous imaginez le guide formidable que nous avons eu. Guide et chauffeur, car ils nous ont conduit, dans le vieux 4x4, du nord au sud de l’île ! Découverte, aussi, à Kalimnos de la vie terrible des pécheurs d’éponge, des milliers de victimes par ignorance des règles de plongée, et découverte de leurs coutumes «explosives » : à chaque départ des campagnes de pêche aux éponges, ils font sauter des centaines de bâtons de dynamite dans la montagne ! Une chapelle toute blanche là-haut dans la montagne : 4 jeunes ont explosés avec leur dynamite !!


Un mauvais souvenir pourtant. Une mauvaise manœuvre du skipper voisin et Sylvie pour protéger Wadi Rum se fait écraser la main entre les 2 bateaux ! Ca pisse le sang ! Le pouce est tout bleu ! Très joli ! On a craint une fracture de la main. Mais non, elle est solide, Sylvie. Mais handicapée pendant longtemps. Wadi Rum y laisse un chandelier !
Kos. Vous suivez toujours. On continue vers le Sud. Kos : un autre décor. Un joli port au pied de la…citadelle des Chevaliers de St Jean. Des palmiers, des fleurs, des tavernas et des bars partout, au milieu de restes archéologiques répartis dans la ville. Un tourisme maximum. Le platane sous lequel Hippocrate aurait enseigné la médecine. Mosquées et minarets qui annoncent la Turquie si proche. Plus loin l’Asklépion, le site d’Esculape, dans les bois, dominant la mer Egée : superbe, même s’il ne reste pas grand-chose.
Et surtout, retrouvailles sur le quai avec des équipages amis. Plaisir de se retrouver, de se découvrir, comme ceux de la Mutine…

Au Sud de Kos , Nisiros. Une île volcan. Superbe. Un cratère, une caldeira plutôt, immense, avec 3 autres à coté, une forte odeur de soufre, des fumerolles brûlantes qui sortent de terre, les couleurs jaunes, oranges, rouges, brunes, noires, des roches volcaniques, sous un ciel nuageux et gris qui efface les sommets autour de nous, tous seuls, au fond du cratère… presque angoissant ! Y a pas de doute, le Diable n’est pas loin ! Heureusement, on est si bien dans ce petit port, sans touristes, seulement quelques voiliers. Tiens la Mutine est là ! Dominique et Marie-Do nous aident à préparer notre arrivée en Turquie avec plein de conseils. Notre petit scooter nous permet de crapahuter partout sur cette île authentique. Une autre de « nos » belles îles .

Puis ce fut Tilos. Une île sans rien d’exceptionnel et pourtant encore une belle escale. Un village un peu trop neuf et un peu béton, et un peu trop british, mais grâce aux Anglais le village revit…alors ! Tilos est célèbre pour ces éléphants nains. Ils sont arrivés, normaux, il y a des milliers d’années, à la nage. Puis, problème d’alimentation et de consanguinité, ils sont devenus de plus en plus petits. Et, un jour, il y a 7000 ans, ils sont tous morts au moment de l’éruption volcanique de Santorin, alors qu’ils étaient réfugiés dans une grotte… C’étaient les derniers d’Europe ! Notre scooter nous a conduit vers un village déserté par ses habitants il y a 50 ans …pour des raisons pas claires : manque d’eau ( ?). Inquiétant cet endroit envahi par les chèvres… les arbres ont poussé dans les ruines des maisons… le vent souffle sur les pierres chauffées par le soleil. Seules les deux églises sont entretenues et « fonctionnent ».

Enfin, Symi. Une île très touristique. Et pour cause, ici aussi c’est très beau. Un port bien protégé et des maisons aux couleurs pastel qui grimpent sur les collines et falaises alentour. Heureusement c’est plus calme en ce moment, hors saison. Un crapahute vers quelques murailles en ruine tout en haut. Mais il faudra revenir, pour s’imprégner de l’ambiance ! Un jour d’escale c’et trop court.

Et Rhodes, la grandiose, la superbe, l’historique s’écrieront les connaisseurs ! Une autre fois ! Le bateau a rendez-vous pour se reposer un peu, pour se faire un peu réparer, un peu entretenir, un peu câliner. Il l’a bien mérité !
Et Wadi Rum largue ses amarres une dernière fois pour cette saison. A l’aube, mer d’huile, un long sillage qui laisse Simi, derrière, encore endormie, dans les couleurs douces de l’aurore. Cap sur Marmaris, sur la Turquie, vers un nouveau monde qui nous intrigue, nous inquiète un peu et nous attire.
Dernière navigation. Une bande de dauphins vient s’amuser devant l’étrave, comme jamais, pour se faire pardonner d’avoir été si peu là pendant ces 2300 milles parcourus dans les eaux grecques.
Le pavillon grec, à croix et bandes bleues et blanches est amené. Le rouge, vif, à croissant et étoile est envoyé.
Dans l’après-midi, arrivée à Yat Marina, du fond du golfe de Marmaris. Marina immense, une forêt de mats, une organisation rodée, on attend son tour pour que le zodiac vienne vous placer. « Kalithéa » nous accueille et donne les clefs pour vivre dans la marina et à Marmaris.
Il nous reste tout à découvrir et à comprendre de ce grand pays…la Turquie.
Ce sera pour l’année prochaine, Inch’Allah !
Et le travail d’hivernage de Wadi Rum se met en route. Avec le moteur qui commence par avaler les ailettes du rouet de pompe à eau ! Grâce à « Bingo », qui me donne les infos et la témérité d’oser, je vais chercher les morceaux de caoutchouc dans l’échangeur ! Moi-même, svp ! « Roch-hir » est de la partie et me donne aussi son assistance technique. « Balboa » arrive lui aussi pour hiverner. Nous retrouvons ainsi plein d’amis et en découvrons d’autres avec beaucoup de plaisir. Comme « Maru of France » qui connaît si bien cette région et est une véritable mine de tuyaux… Donc une vie sociale très riche et bien agréable !
Voila, cette belle virée en Grêce se termine. Nous avons été très heureux de partager avec vous tous, ces moments de … bonheur, tout simplement !
Si vous êtes d’accord on recommence l’année prochaine.
Promis, j’essaie de chiader un peu plus la mise en page et la qualité des photos.
Quand vous recevrez ce dernier message nous serons déjà sur le point de rejoindre la France…et plein de trucs pas très marrants. Mais on a un sac rempli d’Histoire, d’histoires, et de photos, de quoi affronter la crise et l’hiver !
On vous embrasse tous, affectueusement
Sylvie, Jean-Jacques et Wadi Rum

De Skyros à Psara

Salut à tous, Kalispera (c’est le soir)

Wadi Rum quitte Skyros, par une belle aube annonçant une belle journée ensoleillée, comme d’hab ! ça c’est pour vous remonter ou vous abattre le moral ! Pour l’équipage de WR, nous deux, c’est aussi une belle journée de navigation : cap au Sud-Est, on traverse à nouveau la mer Egée, vers Psara, petite île juste à l’Ouest de Chios.(Reprenez votre carte !) Le meltem souffle à 4 puis 5, du NE . Parfait ! Wadi Rum aime ça, malgré la mer qui se creuse un peu. Nous aussi.
Psara, caillou pelé. Petit port avec juste un autre voilier au milieu des petites barques de pêche. Ici encore de mauvais souvenirs avec les Turcs. Dès 1822, (la guerre de libération du joug turc) Psara, comme Hydra et Spetsies, avait mis sa flotte et ses marins au service de la cause grecque, et les dégâts infligés aux bateaux turcs commençaient à être importants, toujours avec la technique du brûlot (bateau bourré d’explosifs qu’on faisait sauter au contact du bateau ennemi). Mais le mauvais temps a empêché tout débarquement turc avant 1824. Mais un jour 14000 janissaires ont débarqué : tout le monde a été massacré ! 200 rescapés se sont sauvés pour fonder Nea-Psara sur l’île d’Eubée. Psara ne s’en est jamais relevée. C’est une île quasi désertique. Je garderai cependant le souvenir charmant de « la » jolie garde-côte venue nous contrôler dans son bel uniforme blanc, qu’elle remplissait si bien ! (« On peut se mettre en appétit dans la rue, si on mange à la maison !! » proverbe …quercinois !)

Souricette se joue toujours de la tapette !
Le 5 septembre nous voilà à Marmaro sur Chios, au Nord de l’île. On est le seul voilier ! Le meltem monte , contents d’être à l’abri, bien amarrés.
Souricette se moque de nous ! Ses crottes se multiplient dans le bateau, comme autant de provocations !
Oinoussa : petite île juste au NE de Chios. Presque déserte, mais très riche ! C’est l’île d’origine de bon nombre d’armateurs grecs qui vivent à Londres ou à New-York et qui viennent en vacances quelques jours par an. Le port est superbe, leurs maisons semblent très cossues à l’intérieur, mais discrètes de l’extèrieur. Beaucoup d’autres maisons du village sont en ruine ! Drôle d’impression. En plus, on est hors saison, « ils » sont repartis, tout est mort. « Ils » ont crée un beau musée sur la marine marchande (bien sûr !) plein de belles maquettes de cargos, mais aussi de bâtiments de guerre de l’époque napoléonienne construites par les prisonniers de guerre français dans les geôles anglaises.



Après 8 jours et 8 nuits, Souricette se fait prendre. Tristesse quand même pour cette petite bestiole … son corps a été immergé selon le rituel des marins…

De nouveau WR se trouve sur l’île de Chios, il faut prononcer Hios, avec « H » aspiré, sinon les grecs ne comprennent vraiment pas ! Ici aussi lourd passif avec les turcs. Dès le début de la révolte grecque, en 1822, le sultan décide de châtier les Chiotes ( prononcer Kiotes ! svp !) qui s’étaient soulevés. 30 000 sont massacrés, le double réduit en esclavage…pas de détail ! Entre autre, dans le petit village d’Anavastos, aux maisons accrochées au piton rocheux, les habitants, à l’arrivée des turcs, ont préféré se jeter dans le vide du haut du Kastro qui domine le patelin. Ils étaient plus de 500 ! Depuis c’est un village fantôme. C’est cette répression sanglante qui déclencha, en Europe, le mouvement des Philhellènes, parmi les intellectuels, Hugo, Delacroix, Byron… qui allait entraîner l’engagement militaire de l’Angleterre, de la France et de la Russie aux cotés des Grecs, et en fin de compte, faire pencher la victoire en faveur de la Grèce !

En plus, tremblement de terre terrible en 1881 ! L’île mettra longtemps à se remettre de tous ces évènements.
Heureusement, Chios a d’autres choses à faire valoir. D’abord Homère y serait né ! Ensuite, les paysages sont magnifiques, avec des villages agréables, des citadelles, des monastères, des plages. Et, surtout, une spécialité étonnante, le mastic ! Le mastic est la sève d’un arbuste, le lentisque, (genre de pistachier), récoltée par incision de l’écorce (comme nos pins pour la résine !). Cette sève, durcie à l’air, rentre dans la composition d’une foultitude de produits cosmétologiques et aussi de pâtisseries et de bonbons et autres loukoums…hautement appréciés par les sultans turcs. Conséquence : au moment des massacres de 1822, les villages producteurs de mastic ont été un peu épargnés ! Fallait garder les gens compétents dans ce domaine. Ces villages ont une architecture spéciale pour se protéger des attaques des pirates et font un peu penser à nos bastides du sud-ouest.

Bref, une île variée , passionnante, où nous avons passé de bonnes journées… à propos , le mastic, pour l’avoir goûté en bonbons et biscuits, pas terrible , à notre avis !

Et vogue Wadi Rum, plein Sud vers Icaria. Et le meltem prévu et souhaité est absent. Pour une fois qu’il aurait été utile ! Icaria, bien sûr à cause d’Icare qui se serait abîmé en mer, ici, la cire de ses ailes ayant fondu…ect…ect…Revisez Minos, le Minautore, Dédale et son fils Icare, les premiers hommes volants. Une île bien sympa , à l’écart du tourisme, authentique, visitée sur un petit scooter, sur des routes très rustiques très mal indiquées, encore plus mal que d’habitude (et uniquement en grec !). Donc, on s’est perdu dans la montagne ! Un hameau désert de 3 maisons dans un coin sauvage. On ose à peine frapper à une porte ! Et là, un miracle ! Une jeune fille apparaît, d’une beauté… aux yeux clairs…aux cheveux blonds… un ange, qui parle anglais et qui nous remet dans le droit chemin ! On croit avoir rêvé… JJ surtout…( note du comité de lecture).


Cap à l’Est vers Samos. Là, on est tout près de la Turquie. 1,2Km .Une île montagneuse, 2ème sommet de la mer Egée (1440m)
Port de Pythagorion , au sud . Devinez qui est né là ? Mais aussi Epicure, mais aussi Aristarque… ah, celui-là, on le connaît moins, il avait supposé que la Terre tournait autour du Soleil, bien avant Copernic. Mais aussi un certain Polycrate, tyran éclairé qui apporta la prospérité à Samos au 6° siècle avant JC grâce à une jetée importante pour protéger le port, première pour l’époque, un aqueduc souterrain de plus d’un kilomètre, et un temple magnifique à Hera (femme et sœur de Zeus). A part une colonne, et encore, pas entière, tout est au niveau « zéro ». Un peu décevant.
Samos, c’est une belle île, très, très touristique. Un aéroport. Des charters en quantité, qui amènent des flots de germaniques, venus se griller sur les plages, très belles (les plages, pas les germaniques, plutôt âgées et boursouflées), et consommer le vin doux réputé d’ici, le « Samos » !
Wadi Rum est cul au quai à Pythagorion, devant les cafés, et la fête bat son plein toute la nuit…boules Quiès obligatoires. Et un beau scooter de 125 cm3 (on s’enhardit !) nous permet de découvrir cette île qui mérite sa réputation.

Encore pour le moral, le vôtre, je rappelle le soleil omniprésent (malgré une averse hier, tiens !) les eaux turquoises…quoique de plus en plus fraîches et les paysages montagneux avec les vignes en terrasses, avec les pins, les châtaigniers, les figuiers, citronniers, eucalyptus, avec partout des petites chapelles blanches au toit bleu, dominant les criques aux eaux cristallines…
Bientôt, cap au Sud encore vers les îles du Dodécanèse pour être à Maramaris en Turquie pour le 14 octobre. WR sortira de l’eau.
Coup d’œil sur la vie grecque. Les restaurants, ici, sont les tavernas, je vous en ai déjà parlé. Gargotes simples et bon enfant, aux tables et chaises peintes de couleurs gaies, aux nappes à carreaux le plus souvent. Dès que l’on est assis, cette jolie nappe est couverte d’une nappe en papier plastifiée en dessous. Pour débarrasser, facile : on tape les assiettes sur la tranche sur la nappe en papier plastique pour les vider des restes, rassemblés donc au milieu, on fait un baluchon en prenant les 4 coins de la nappe, et hop à la poubelle, le plus souvent juste à coté sous votre nez ! Au suivant…une nappe neuve en papier plastique…
Salut à tous, Kali nita (bonne nuit !)
On vous embrasse JJ S

ïle Pelagos

Kalimera à tous,

Wadi Rum a retrouvé son équipage de base, et, un peu de calme, après le départ des Lobry-Ségoufielle. Reprenez vos atlas, les amis, faut suivre le périple de votre bateau favori !
Mouillage forain sauvage et paisible dans le sud de l’île Pelagos ou Panagia, selon les cartes, avec des biquettes en liberté dans la brousse caillouteuse. Puis cap au 0° pour monter en Chalcidique. Cette fois, on est là-haut dans le Nord de la Grèce. C’est cette main bizarre à 3 doigts dirigés vers le Sud. Longue navigation au moteur, pas de vent ! Mais dans, ce coin là, il vaut mieux, car on l’aurait encore eu dans le nez. Escale à Porto Koufo, superbe port naturel, très bien abrité, mais sans aucun autre intérêt. Méfiez-vous, vous qui passerez par là, un jour, du « Captain » qui tient une taverne-épicerie, en haut de la colline…c’est une grande gueule et un pirate plutôt qu’un captain !
L’archipel des Diaphoros ! Superbe ! De petites îles avec de magnifiques petites plages, avec des rochers genre forêt de Fontainebleau, eau claire et chaude…On y serait bien resté un peu plus ! Ici les touristes ont radicalement changé ! D’abord pratiquement plus de voiliers de voyage, et on n’entend que parler « russe » ! Bulgares, roumains, serbes, croates… ce sont les voisins du dessus qui descendent…faune étrange, assez « basique », peuples à mieux connaître… !

Anachorète, gyrovaque, higoumène, archontaris, cenobite, idiorythmique, skites, simandre…non, non, ce n’est pas le capitaine Haddock en colère…mais le vocabulaire minimum à connaître pour commencer à comprendre quelque chose au mont Athos. Amusez vous avec votre dictionnaire !
Le tour du mont Athos, la Montagne Sainte pour les grecs. Défense d’accoster, défense de naviguer à moins de 500m de la côte, surtout s’il y a une femme à bord !! C’est qu’ils sont d’un intégrisme forcené, dans cet état dans l’état, véritable théocratie indépendante : pas de femelle, d’aucune espèce, sur le territoire, (sauf des poules !!) et ce, depuis plus de 1000 ans ! 10 étrangers par jour seulement ont le droit d’entrer, et il faut préparer son affaire longtemps à l’avance, avec demande d’autorisation, motifs… visiblement on est loin de l’Europe ! (Qui, pourtant, finance à coup de millions d’euros la reconstruction des monastères !)Sylvie a très mal accepté cette ségrégation et compte bien demander des explications au premier pope venu !
A propos de pope : surprenante vision que celle d’un grand zodiac rapide, comme ceux des Coast Guards, piloté, à fond, dans le port d’Ouranopolis, par un pope, sa calotte vissée sur la tête, barbe et soutane flottant au vent…
Donc, tour de cette péninsule sacrée, longue journée de navigation moteur, pour découvrir, de loin, ces étonnants monastères accrochés aux montagnes. Certains font beaucoup penser aux monastères tibétains, perchés sur leurs rochers.
Mouillage, le soir, en territoire interdit, dans une crique d’une sauvagitude totale… Sylvie craignant à tout instant de voir surgir des popes agressifs anti-femelle…
40 milles à l’Est, Wadi Rum aborde l’île de Thassos. Belle île ronde et montagneuse. Célèbre pour ses carrières de marbre,(passionnant site archéologique d’extraction de marbre en bord de mer) elle eut son heure de gloire et de puissance, dans l’Antiquité, grâce, à ses mines d’or, avant, évidemment, d’être envahie et colonisée par tous ceux qui passèrent par là. Ici aussi tourisme à forte dominance slave !
Puis 60 milles au Sud, l’île de Lemnos. Vous suivez ! Mirina, joli port dominé, encore et toujours, par les murs d’une citadelle, édifiée depuis la nuit des temps, améliorée par les vénitiens, les génois, puis les turcs…Lemnos est poursuivie par les histoires d’odeur ! D’abord, c’est Philoctète, un copain d’Achille, sur la route de Troie, qui, blessé à la jambe, voit la blessure s’infecter et ça pue tellement que ses petits camarades l’abandonne là, dans une grotte…Merci les copains !
C’est aussi les femmes de Lemnos qui refusent d’honorer la belle Aphrodite, femme d’Héphaïstos (Vulcain), protecteur de l’île, parce qu’elle le trompe effrontément, le pauv’ gars. Mécontente, la belle déesse inflige à ces femmes d’émettre d’insupportables odeurs qui font fuir leurs hommes ! Furieuses, elles tuent tous les hommes de l’île qui les rejettent ! Hé oui, les gars, faut savoir faire un minimum d’efforts ! Du coup, quand Jason et les argonautes sont passés par là, sur la route de la Toison d’Or, ils sont restés 2 ans pour câliner ces femmes insatisfaites, et repeupler l’île !
Lemnos, ça rappelle aussi, plus dramatiquement, l’épisode sanglant de l’échec de l’expédition des Dardanelles. Le corps expéditionnaire franco-anglais s’étant rassemblé dans la baie de Moudros, avant de tenter par la mer d’abord, puis par des débarquements terrestres de forcer le passage vers Istanbul, pour contraindre les Turcs à la paix et ouvrir un nouveau front ! C’était en 1915 ! Echec total ! Les Turcs (et les Allemands) n’ont pas lâché un pouce de terrain. Pertes alliées : 100 000 morts ! Pour rien ! C’était une idée de Churchill. Un sobre et poignant cimetière militaire rappelle la mort de tous ces pauvres types, dont beaucoup d’australiens et de néo-zélandais…Toujours la guerre !
Puis cap au SW, pour revenir vers les Sporades dites du Nord. Belle navigation à la voile : un bon 6 beaufort nous pousse dans les fesses du début à la fin du jour… quel bonheur, y avait longtemps que Wadi Rum n’avait pas caracolé comme ça !
Et on retrouve à Skopelos nos amis Yves-Jean et Françoise ! Avec eux on découvre de nouveaux aspects de cette île vraiment belle…des monastères…Glossa, village perché sur sa montagne…plages aux eaux limpides…Puis Alonissos, l’île d’à coté. Là, ça se gâte ! Le temps, pas l’ambiance ! Il pleut des cordes toute la journée… Vous, vous n’êtes pas surpris, en France, mais nous, si ! 1er jour de pluie depuis plus de 4 mois de navigation ! Au moins le bateau est rincé à l’eau douce et la terre aride se gorge d’eau, ça ruisselle de partout…

De nouveau notre mouillage sauvage avec nos amis sur Pelagos ! Ils découvrent le bonheur de ces moments là : le coucher du soleil, le firmament étoilé grec (ils ont pas mal bourlingué et connaissent d’autres cieux superbes !), l’aube tranquille et le départ de bonne heure : cap au sud, Skyros, vous suivez !
Mais ils découvrent aussi l’horreur ! Un passager clandestin à bord ! Sylvie l’a vu ! Un grand cri : une souris ! Ca confirme les grignotements suspects de nos fruits et légumes…on n’osait pas se l’avouer ! Branle-bas de combat ! Sylvie avait 2 tapettes en réserve ! Irremplaçable et prévoyante Sylvie ! On les graisse, les affûte, les fourbit et les garnit de fromage et de tomates…
Donc, cap sur Skyros . Dans ce sens là le meltem est un allié ; expérience de navigation musclée à la voile pour Françoise (grand-largue force 5, rafales à 6, mer agitée), qui se comporte stoïquement, partagée entre plaisir et nausée sous-jacente, jusqu’à Linaria ! Journée scooter pour visiter le village de Skyros. Petites maisons blanches cubiques à terrasses avec treilles et tonnelles comme dans les Cyclades (parait-il !), montant à l’assaut du piton rocheux couronné par…la citadelle, bien sûr ! Hélas, on ne visite plus : un tremblement de terre, en 2001, l’a trop fragilisée !

Le fromage et la tomate ont été chapardés par Souricette, sans que les tapettes ne fonctionnent …la finaude !! On réarme et on affine les réglages !
Et on les voit partir, nos copains, fièrement juchés sur le quad de location, vers de nouvelles aventures pendant que Wadi Rum repart vers l’Est : Skyros- Psara- Chios… vous suivez toujours ? Je sais, on zigzague ! C’est le bonheur de la liberté !

Vers 4h du matin, une tapette claque. Je bondis ! ( même pas peur !) Mais pas de souris ! On réarme et on réaffine ! Suspense insoutenable…la suite au prochain numéro !
Salut à tous, on vous embrasse, JJ et S sur WR

PS : branle-bas de combat : le branle était le hamac des marins de la Royale (la marine de guerre du roi) … ils installaient leur hamac prés de leur poste de combat, prés de leur canon ! Evidemment, il fallait dégager rapidement la place en cas d’alerte : mettre bas le branle et se préparer au combat ! Il y avait aussi le branle –bas de ménage ! Plus prosaïque, mais il fallait aussi nettoyer le bateau !
Ah, on en apprend des trucs avec Bergou !!

lundi 1 septembre 2008

Volos, les Lobry, la Tempête...

Salut à tous, Yassas,
Voilà, voilà, ça vient !... Je sais, 3 semaines sans news, et vous vous imaginez Wadi Rum par le fond… un écueil, une tempête, des sirènes qui auraient séduit le capitaine, les barbaresques qui nous auraient enlevés… que nenni !
Seulement 15 jours passés en famille avec Wadi Rum plein comme un œuf puisque nous étions 7 à bord !! Mais ça s’est très bien passé, chacun se pliant de bonne grâce aux règles de la vie du bord, et acceptant cette vie spartiate et rude imposée par le captain ! Mais aussi plus une minute pour relater…
Voilà, voilà, ça arrive !
Donc, rendez-vous avec la tribu à Volos. 3ème port de commerce grec, détruit il y a 50 ans par un tremblement de terre. Peu d’intérêt globalement. Mais quand même, c’est d’ici que partit Jason, conquérir la Toison d’Or, à bord de son bateau, l’Argos, avec ses 50 copains, les argonautes, bien sûr ! Encore une belle histoire, heureusement il a eu un bon coup de main de la sorcière Médée…

Mais Volos, c’est le point de départ idéal pour faire un tour dans le Pélion : une des plus belles et des plus surprenantes régions de Grèce… parce qu’on ne se croirait pas en Grèce : un côté Lozère ou Cantal avec ces montagnes, ces toits en lauzes, ces forêts de châtaigniers, un côté Normandie en pente raide avec des arbres fruitiers en quantité, un côté Provence par son maquis, ses oliviers et son côté vacances par ses belles, superbes, plages au bord de la mer Egée (du Nord) aux eaux turquoises (vraiment !!) ; et un côté place de village bien de chez nous, ombragée par des platanes centenaires… extra pour boire un petit café frappé, au frais !

Mais Volos, ça permet, aussi, d’aller faire un tour dans les Météores ! Là aussi, quel décor ! Encore une fois les moines font la preuve de leur goût (bon) pour les situations hautes et originales… et, ici, de leur aptitude à l’alpinisme… car il leur a fallu de l’audace, dès le 11ème siècle, pour escalader ces pitons de grés, et y monter les pierres, le mortier, les poutres, et enfin les cloches pour y construire ces monastères-nid d’aigles vertigineux ! Là haut, ils étaient peinards et plus près de Dieu ! Et, pendant longtemps, l’ascenseur était un simple filet de chanvre, dans lequel le moine se recroquevillait, priant très fort, pendant que les copains là-haut le montaient avec un cabestan de marin ! Evidemment, c’est très beau, donc très visité, et les autocars de touristes font la queue sur ces petites routes sinueuses ; et nous aussi, bien sûr, sous un cagnard inoubliable… Inoubliable aussi l’épisode pick-pocket vécu par Sylvie, surprenant un gros gaillard (non grec ! plutôt bazané, hé oui !) la main dans son sac… heureusement pas de vol, mais aussi pas de preuve pour que ma colère puisse se déchaîner (certains d’entre vous savent combien je peux être violent, des fois … !)(Mais enfin, il était quand même très gros et très fort).

Eh oui… jupe et chemisier pudique… on n’est pas à la plage, mais dans un monastère… les hommes pantalon à manches longues ! Un peu de tenue !

Enfin Wadi Rum reprit la mer. Cap sur les Sporades du Nord. Ca aussi c’est très sympa. Skiatos, un petit Mykonos parait-il, très très touristique, avec, comme indiqué par Yves d’Isis, des décibels à la tonne toute la nuit… Pour la première fois j’ai bouché mes oreilles avec des boules dites « Quies »… hé ben, ça marche !
Escale à Agnondas, sur l’île de Skopelos. Une anse un peu profonde et étroite. Un quai d’un seul côté, envahi de pneumatiques semi-rigides de camping côtier, italiens pour la plupart, et grecs. 3 ou 4 voiliers, dont WR, parmi ces petits bateaux. En fin d’après-midi, le ciel devient jaunâtre, sale, bizarre, inquiétant… Personne ne semble y prêter attention… Puis le ciel devient noir sur tout le SW… cette fois pas de doute, ça va arriver. Et « ça » arrive en quelques secondes… une tornade de vent soudaine, emporte la poussière, le sable, les gravillons, les graviers et tout ce qui peut voler… le bateau en est couvert… on en a plein les yeux. En un instant, les gens du coin, qui ont compris, sautent dans leurs pneumatiques et larguent les amarres, laissant à terre femmes, enfants et chiens… Le vent monte à 45nds… dernier chiffre vu par Alain… des trombes d’eau s’abattent sur nous… le tonnerre craque… les éclairs illuminent le crépuscule… et une houle brutale, soudaine et creuse projette les bateaux sur le quai.
C’est un bordel indescriptible. Au milieu de l’anse les zodiacs sont face aux vagues, mais la plupart restent là, sur la zone de mouillage, nous empêchant, nous, les voiliers, de nous barrer, car ils sont sur nos ancres… Beaucoup ont leurs mouillages emmêlés… Alain et Sylvie protègent l’arrière du bateau qui heurte le quai sans arrêt, avant qu’on ait le temps de s’éloigner du quai, en larguant sur l’arrière et en reprenant sur le mouillage… mais en même temps je dois protéger WR d’un voilier américain en difficultés énormes sur notre gauche (son mouillage ne tient pas, et le vent le rabat sur nous !) Nous sommes séparés, un moment, par un pneumatique qui nous sert de pare-battage… mais il se sauve lui aussi, évidemment, sans d’ailleurs que je ne le vois !!... maintenant le face à face, ou plutôt le bord à bord est inévitable… ça hurle de partout… On éloigne encore WR du quai, mais on ne peut toujours pas se sauver avec tous ces bateaux juste devant nous ! Et l’américain nous arrive dessus… 2 ou 3 fois les mats se télescopent… les débris volent… Soudain l’américain décolle du quai, à fond, (heureusement pour nous !) sans contrôler sa vitesse, arrachant ses aussières arrière, laissant son skipper sur le quai, et allant se heurter aux zodiacs au milieu…
Ouf, un souci de moins (sorry, my friend !)… malgré le bordel au milieu, on décide de se tirer de là, car la houle augmente encore… de plus une autorité locale nous incite à partir… on s’explique clairement avec Sylvie qui prend la barre, moi je serai au mouillage à remonter la chaîne… car après, on ne pourra pas s‘entendre avec la pluie en trombe et le vent… Avec Alain et Michelle qui larguent, Sylvie qui slalome entre les zodiacs, et moi qui remonte le mouillage sans se prendre dans d’autre chaîne (coup de pot inouï !), on finit par quitter ce putain de port !! Dehors malgré le vent (qui s’est beaucoup calmé) malgré la houle (bien là) malgré la pluie (plus calme aussi) ça parait déjà presque idyllique… J’oubliais : pendant tout ce cirque la foudre tombait sur les collines alentour, (Michelle a vu un éclair s’éparpiller en une multitude de petits éclats en arrivant au sol !!) Mais on n’entendait pas et on ne voyait pas … on avait trop à faire !
La nuit est tombée… un mille plus loin, une crique, quelques bateaux au mouillage, presque pas de houle… on mouille… ça tient… c’est calme… OUF !! Au total, ça a duré presque 2 heures, et la période « chaude » 1/2h !
L’équipage s’est très bien comporté. Il a gardé son sang-froid. Personne n’a fait de bêtises ! Personne ne s’est blessé (Sylvie quelques splendides bleus !) Bravo ! Un bon Ouzo là-dessus, ou un punch, un bon casse croûte, et chacun a revécu « son » événement, en le racontant aux autres… et on dort comme des bienheureux !
Le lendemain, à Skopelos, je monte là-haut faire le bilan, je connais le chemin ! Juste la girouette explosée… tout le reste (mes réparations de l’année dernière !) a tenu ! Miracle ! Par contre l’échelle de bain qui était dans l’eau, et le régulateur d’allure sont pas mal cabossés… On s’en tire à bon compte…

Skopélos, la 2ème île des Sporades, beaucoup plus sympa que Skiatos, avec un port, « Skopelos », très agréable, avec ses églises sur la falaise et dans le bourg bien en pente, ses tavernas le long du port, ses petites boutiques… Petit dépannage d’un joli RM 10, pavillon français, « Yggdrasil » en avarie moteur au milieu du port… WR lui envoie ses sauveteurs bretons en annexe… Connaissance de son équipage, Michel et Thérèse avec lequel on se découvre pas mal d’atomes crochus… bons moments de convivialité !

Puis on continue sur Alonissos, une 3ème île de l‘archipel… je ne vous détaille pas les mouillages tranquilles, aux eaux limpides, avec plein de petites méduses translucides, très gentilles, pas piquantes du tout (heureusement, sinon pas de baignade, tant elles sont nombreuses !)… Patitiri, son port principal, un peu la bousculade pour avoir une place à quai, c’est quand même la pleine saison des vacances, les motor-boats italiens sont là, en très grand nombre ! Et là-haut sur la montagne le vieux village, détruit lui aussi par le même tremblement de terre, mais reconstruit peu à peu, dans son style d’origine… très agréable, comme nos villages de Provence, perchés sur leur piton rocheux.
Mais pour monter là-haut, faut prendre le bus, et il y a plus de candidats au voyage que de places… alors là, c’est la guerre ! Les grecs sont fous, se ruent, se bousculent, écrasent les autres, femmes et enfants surtout, crient, vocifèrent, négocient avec le receveur et passent devant nous ! On reste sur le trottoir, mais pour le suivant, on a compris la règle du jeu : pas de cadeau, à personne !
Au retour, après un bon repas là-haut, c’est encore pire pour reprendre le bus… on croirait qu’ils défendent leur place dans une chaloupe de sauvetage pour évacuer un navire en train de sombrer… Vraiment, jamais vu ça avant !!

Puis un beau matin, de bonne heure, un ferry rapide est venu chercher nos équipiers d’un moment… 15 jours ça passe vite… et Wadi Rum a repris sa route encore plus au nord vers la Chalcidique, après avoir fait un mouillage sauvage (mais pas solitaire) dans l’île de Pelagos! On se rapproche d’ailleurs d’une des rares zones de Méditerranée où survit le phoque-moine (Monachus monachus)…
A la prochaine, chers tous, pour parler de ce Nord de la Grèce qu’on connaît très peu (nous en tous cas !)
Yassas !
Belle éclipse de lune… vous l’avez vu, vous, en métropole ?

Egine, Marie-Noelle et Hélène...


Salut à tous,
Hé bien, voila plus de 15 jours que le scribe a laissé tombé son stylet électronique, et vous tous aussi par la même occasion… faut dire qu’il était, et Sylvie également, très occupé par ailleurs… réception de Marie-Noelle, ma petite sœur, et d’Hélène, une amie, oblige !
Rendez-vous donné à Egine, la première île au Sud d’Athènes. Elles sont arrivées, pimpantes et rose pâle, de l’hydrofoil climatisé, (genre de gros insecte qui glisse sur l’eau à toute vitesse, sur des sortes de skis), vers 15h, en plein cagnard ! Il a fallu les ravitailler rapidement en eau fraîche, mais elles ont vaillamment supporté le dépaysement, la chaleur, et la rusticité de la vie à bord ! Mais ça valait le coup. Egine est un petit port bien joli, et le temple d’Aphaia, visité early in the morning, une merveille !

Et nous avons refait avec elles le trajet découvert avec vous la dernière fois, en sens inverse (évidemment !)
Donc re-Poros, avec un vent favorable, et un dîner fort sympa dans la taverna de Liz, charmante anglaise mariée à un grec tout sourire et surtout excellent cuistot. Une bonne moussaka, quand c’est bon, c’est vraiment bon !
Re Hydra, aussi beau que la première fois, mais cette fois beaucoup plus sportif ! Nous gravîmes, en effet, dès l’aube, un sentier muletier bien raide, pour atteindre le monastère du prophète Elie, à 500m d’altitude : vue imprenable grandiose, sérénité en sus !
Re-Hermioni, re-taverna, re-sympa.


Re-Spetsies… Marie-Noëlle et Hélène ont l’air bien contentes et nous, qu’elles le soient ! Re-Khoilada, la baie des Tortues… et MN en a compté une dizaine ! Re-taverna (ah, on n’a pas arrêté de bouffer !), petite taverna sans menu, on va dans la cuisine choisir dans les casseroles, et on nous en apporte bien plus que commandé, on n’arrive pas à finir, gavés de fritures, de calamars, de mézés ! et sans « addition »… 15 euros par personne… tout compris… invérifiable et somme toute royal !
Re-Nauplie, mais là, le grand jeu. Location d’une voiture et un matin à l’aube (toujours !) Epidaure et son théâtre pour nous tous seuls ! Grand moment !

Et autour, le sanctuaire d’Esculape… premier dispensaire inventé par l’homme pour soigner son semblable ! Et, dans la foulée, Mycènes, l’orgueilleuse cité d’Agamemnon (vous savez, le chef de la coalition grecque qui part venger l’honneur de Mélénas, dont la femme, la belle Hélène, est partie avec Paris le petit play-boyTroyen, lequel Agamemnon qui a sacrifié sa fille Iphigénie pour avoir des vents favorables, (carrément !), et qui s’est fait assassiner au retour de la guerre, par l’amant de sa femme Clytemnestre… et je résume, les amis, ils étaient assez radicaux et sanglants en ce temps là !) Bref, ces ruines impressionnantes : 2000 ans avant JC ! Du très très gros parpaing ! Au soir, encore une bonne taverna, les chaises dans la rue, les voitures au raz des fesses… Merci à MN et Hélène pour tous ces bons moments.
Seuls à nouveau, on revient dare-dare sur Athènes retrouver nos copains de Teata-Blue, sur un quai pirate gratuit (introuvable à Athènes où les marinas sont hors de prix et, de toutes façons saturées), dans une marina « olympique ». Là, rendez-vous avec Panagiotis, agent Dessalator, qui nous apprend, après test, que l’eau est valable pour le sanitaire, mais pas pour boire ! (sauf avec beaucoup d’ouzo !) ; pas de chance, et pas réparable… faudra ramener les membranes en France ! Donc, à partir de maintenant, chasse à l’eau potable, une corvée oubliée… ! Bref, y a pire !
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les coast-guards nous virent de notre quai gratuit, because les championnats du monde de 420 ! Ecoeurés, et dépités, on quitte Athènes sans avoir eu le temps de la visiter… on reviendra !
Et on commence notre itinéraire vers le Nord. Reprenez vos cartes : Athènes, puis SE vers le cap Sounion, salut respectueux au passage à Poseidon, dieu de la mer, le « nôtre », et à son temple ; virage à gauche vers le Nord, puis encore à gauche pour remonter entre l’Attique et Eubée, cap au NW.
Ah… ! Avant de quitter Athènes, je vous raconte la bataille navale de Salamine, devant Athènes pratiquement. (On en parlait encore, y a pas longtemps sur le ponton 41, à La Rochelle, avec Jean Benétaud…) En ce temps là, vers 480 avant JC, les Perses (l’Irak actuel) avait des vues sur la Grèce … Et Xerxes, leur roi, est arrivé devant Athènes avec une flotte tellement importante qu’il était sûr de gagner cette bataille contre les athéniens. Si sûr de sa victoire qu’il fit dresser son trône en argent, sur une colline, devant la mer, là où aurait lieu le « match », pour savourer la pâtée qu’il allait mettre aux grecs !
Mais Thémistocle, l’amiral grec, usa de ruse ! La flotte perse était parfaitement alignée, en ordre de bataille, impressionnante de puissance, entre l’île de Salamine et le continent. Thémistocle envoya quelques galères, apparemment mal équipées, mal armées, avec des équipages qui feignirent la panique et la fuite… et se sauvèrent en désordre ! Ce que voyant, les galères perses se ruèrent à la poursuite des fuyards, pour l’hallali… mais derrière le premier cap, toute la flotte grecque les attendait, prête au combat, avec courage et détermination et les mirent en pièce, sous l’œil ahuri et incrédule de Xerxes, qui rentra chez lui, honteux et confus !
Donc, Wadi Rum remonte entre Eubée (Evia) et le continent et mouille à Porto Rafti, tout près, (trop prés !) de Sylisa, le beau bateau américain de Jean-Claude et Geneviève, avec lesquels nous avons passé 2 jours bien sympas… à parler, bien sûr, beaucoup, pour finir par découvrir, entre autre point commun : Isis et toi, évidemment Yves P.!!
A propos, Yves, tes conseils nous sont toujours d’une grande utilité et tes appréciations indispensables… elles complètent l’Imray. Merci encore !
Passage non loin de la plaine de Marathon. Mais si, ça vous dit quelque chose ! Encore une tentative des Perses de conquérir Athènes, toujours en 480 avt JC. Les Perses, plus de 25000, les Grecs moins de 8000, et pourtant, encore une fois, grâce à leur habileté et leur courage, les Grecs rejettent l’ennemi à la mer, qui laisse plus de 6000 morts sur le terrain tandis que les Grecs dénombrent 192 tués. Grande et décisive victoire. Un brave soldat grec est chargé d’annoncer la victoire aux athéniens… il court… il court… crie la bonne nouvelle… et tombe mort d’épuisement ! Il avait parcouru 41 kms ! Marathon-Athènes. Vous avez saisi ?

Puis Kalkis, la ville-pont entre le continent et Eubée et le folklorique passage, en pleine nuit, de son fameux pont ouvrant… merci encore à Isis et Sylisa de leurs conseils avisés… de l’utilité, aussi, de savoir causer dans le poste, en anglais, un minimum !
Et, toujours dans le sillage d’Isis, Ay Yeoryios, et Orei… villages authentiques et très agréables.
Et Wadi Rum continue vers le Nord. En effet rendez-vous bientôt à Volos, pour embarquer ma 2° (et dernière !) petite sœur Michelle, et sa petite tribu (on sera quand même 7 à bord !! Chaud, chaud !) pour naviguer dans les Sporades du Nord.
On vous racontera ça le prochain coup !
A propos, il fait toujours beau et chaud, et le meltem, dans ce coin là, est à peu prés fréquentable… chuuut… pourvu que ça doure !!
Yassas, à bientôt.
JJ S

mardi 15 juillet 2008

Nauplie,Spetses, Hydra, Poros...

Yassas à tous qui suivez les péripéties de Wadi Rum autour du Péloponèse…
Et ça continue, avec chaque jour, sa petite histoire.
Nous avons quitté Monemvassia, avec l’impression " portuaire " que le vent serait clément… las… dès que Wadi Rum a montré son nez de l’autre coté de ce Gibraltar local, il prit, comme d’hab, 25nds de vent de face ! 5 heures de moteur et de shaker eurent raison de la patience de l’équipage qui se réfugia dans la petite baie de Kiparissi.
Et là, la récompense. Une crique abritée du vent, une chapelle toute petite et toute blanche, pour nous protéger, un décor de maquis et de pins d’Alep, des cigales qui chantaient (c’est normal, elles chantent tout l’été avant que la bise…), de l’eau claire et un quai pour nous tout seuls…
Un moment superbe, troublé quelques heures par un gros motor-boat, plein de russes riches et bruyants (probablement maffieux), qui eurent la bonne idée de déguerpir avant la nuit. Et nous avons retrouvé notre solitude… royale. Solitude partagée avec un essaim de guêpes qui quitta quand même le bateau chassé par les tortillons anti-bestioles !
Puis un vent favorable, si, si ! nous poussa gentiment vers Porto Cheli (ou Keli). Plaisir de naviguer au portant sur une mer plate, avec Wadi Rum heureux d’allonger la foulée… on avait oublié ! Pour retrouver dans ce mouillage tranquille Stéphane et Bernadette, sur "Sagittaire " avec qui nous naviguons depuis Elafonissos. (Stéphane Carlier a vendu des camions à Alain Tinel !! Comprenne qui pourra ! Nouvelle preuve, en tout cas, que notre monde est minuscule !)
Nauplie, Nafplio, première capitale du tout jeune état grec en 1828, avant qu’Athènes ne reprenne sa place. Très jolie petite ville avec son quartier vénitien, aux petites ruelles, et bien sûr, avec ses tavernas et échoppes et cafés et marchands de glace et fiacres pour touristes, mais aussi sa citadelle imprenable construite pour Venise par Lassalle, ingénieur français, qui, acheté par les turcs, a livré les plans de sa forteresse, le salopard, et la place est tombée sous la coupe des Ottomans ! Mais aussi avec son église des Francs, ancienne mosquée devenue église catholique (tiens ! c’est la première rencontrée), avec son fort turc sur un îlot… 2ème ville visitée de Grèce après Athènes… C’est mérité… Et pour les grecs, c’est la ville de l’amour… Alors !
Puis l’île de Spetses… l’île de la Bouboulina, héroïne de la Guerre d’Indépendance… Elle est née dans une prison à Constantinople, fille d’un capitaine corsaire grec condamné à mort par les turcs et dont la femme avait droit de visite… à 16 ans la Bouboulina se marie avec un capitaine de Spetses, qui meurt, coulé dans son bateau, attaqué par les Turcs… elle se remarie avec un autre capitaine qui, lui aussi, meurt en mer en combattant les Turcs… alors, elle ne les aime pas beaucoup les Ottomans, et comme elle est riche, après ses héritages, elle transforme sa flotte de commerce en flotte de guerre et, à la tête de ses navires, pistolets à la ceinture, elle livre une guerre maritime sans merci, contre l’envahisseur !
Elle meurt, dans un règlement de compte, d’une balle en pleine tête, car son fils, avait séduit et abandonné une fille d’une autre grande famille d’armateur… pauvre petit c.. ! La Bouboulina n’aura pas connu la Grèce libre !
Autre épisode de cette guerre de libération… Vous vous souvenez des Philhéllènes, les européens qui avaient embrassé la cause grecque… parmi eux , le neveu de Napoléon, Paul-Marie Bonaparte, meurt dans l’explosion accidentelle d’un pistolet. Son corps est ramené à Spetses, et conservé 5 ans dans un baril d’huile d’olive ! A défaut de chambre froide… !
En plus de son rôle historique, le port de Spetses est un endroit bien sympa et donc, proximité d’Athènes oblige, très touristique… pas de voitures mais des centaines de scooters à louer et quelques fiacres romantiques… Mais quand même une vraie vie locale avec ses pêcheurs, ses chantiers qui réparent les caïques et ses taxiboats qui vont à fond dans le port, levant un ressac désagréable… Départ un peu rock’roll quand la chaîne de " Sagittaire " ramène une ancre énorme, qui n’est pas la sienne (probablement datant de la guerre d’indépendance !). JJ doit plonger pour mettre de l’ordre là-dedans !
Escale repos et authentiquement grecque à Ermioni… c'est-à-dire sans touriste ! (comme nous !)
Puis le choc ! Non, non, pas une collision, le choc visuel, social, auditif, touristico-tropézien… Hydra ! Le plus beau (petit) port de Grèce ! Possible. Et même vrai, c’est superbe ce village qui monte à l’assaut des montagnes qui entourent le port ! Avec, là aussi, escaliers, ruelles, maisons blanches ou de pierres, bougainvillées, lauriers, jasmins, avec les ânes et mulets qui portent tout, car ici, pas de voitures , mais pas non plus de 2 roues… Alors c’est le vrai St Trop grec ! Hallucinant ! Un trafic maritime fou : les ferries de toute taille qui déchargent en permanence leur cargaison de touristes et qui foncent en chercher d’autres, les taxiboats, à fond, comme toujours, le cargo-citerne qui ravitaille en eau, chaque jour, la petite cité, les petits voiliers comme nous, un peu perdus et affolés comme un piéton place de la Concorde, et, et surtout, les big yachts des plus riches que riches qui remplissent le port tous les soirs, et débarquent la jet-set dans les restos et cafés du port… WR et son bateau-copain (Sagittaire) ont eu la chance de se faufiler et de trouver une place… Alors on est au spectacle de ce monde de fous, dans un décor magnifique, dans un vacarme de moteur permanent.
Mais n’oublions pas le glorieux passé d’Hydra ! Comme à Spetses, sa voisine, les armateurs ont pris une part décisive dans l’indépendance de la Grèce, dès 1821, en attaquant et portant un coup fatal à la flotte turque. Ici, ce sont des héros nationaux. En particulier, Miaoulis a mis au point la technique des brûlots : envoyer des vieux bateaux bourrés d’explosifs au contact des bâtiments ennemis et allumer la mèche… résultat garanti. Mais il fallait des équipages réduits et audacieux, qui se sauvaient en chaloupe juste avant que ça pète !
Et dans le port d’Hydra le cirque quotidien des voiliers et des autres bateaux, qui, chaque fois qu’ils relèvent leur ancre remonte l’ancre du voisin, ou une chaîne, ou une amarre… avec souvent bien du mal pour s’en débarrasser ! Evidemment, Sagittaire et Wadi Rum n’ont pas échappé à la règle… chacun remonte la chaîne d’un autre… mais on connaît maintenant la manœuvre, et on renvoie dans le fond du port ce qui n’est pas à nous !
Nous voilà au quai de Poros, coin qui semble bien sympa aussi. On s’approche peu à peu du rendez-vous avec ma petite sœur MN et sa copine Hélène qui viennent naviguer avec nous, très bientôt. Super ! On va refaire ensemble tout ce trajet d’Egine à Nauplie, en s’enfonçant un peu dans les terres… On vous racontera !
A bientôt, Yassas !

mardi 1 juillet 2008

Vers Monemvassia

Kalispera, bon après-midi ou bonsoir selon l’heure.
J’avais bien dit, la dernière fois, qu’on ferait attention à la météo…! Mais, ici, elle est imprévisible, je me répète… On part de Koroni pour traverser le golfe de Méssenie et doubler le cap Tainaro (ou Matapan)… au moteur… puis le vent monte, super ! On envoie GV (grd-voile) et génois… en plus on l’a dans le… dos ! Le pied ! On file à plus de 6 nds ! On se régale, sous un soleil qui ne nous quitte pratiquement pas depuis deux mois… (oui, je sais, ça vous énerve… mais prenez en votre part !)… puis ça monte encore… (force 6) plus de 20nds… 1 ris… 2ris… réduction du génois… nous voila à force 7… ça devient sportif mais reste amusant… le loch affiche jusqu’à 7,9 nœuds… la mer, à l’approche du cap est de plus en plus mauvaise, creuse, déferlante, une vraie marmite… le vent atteint des rafales à 8… là on s’amuse plus vraiment, bien qu’il n’y ait aucun danger, rassurez vous ! Et tout ça sous un ciel bleu imperturbable et un soleil radieux... mais on est bien content, le cap passé, d’entrer dans la petite baie de Porto Kayo sous 37 nœuds, et que la pioche accroche tout de suite ! Au milieu de tous les autres voiliers venus se blottir là. On a fait un excellente moyenne : + de 6,5…
Voila, ça, c’est pour les copains voileux, pour les mettre un peu dans le bain avec nous.
Pour vous autres, les terriens, sachez qu’on a abordé les côtes sauvages du Magne, arides, dénudées, toutes en montagnes pelées, couvertes d’un maigre maquis épineux et peuplées, si peu, de rudes montagnards, les maniotes. C’est la pointe du " milieu " sur votre carte du Péloponèse. On a voulu en savoir davantage. On remonte jusqu’à Gythion, le port de Sparte du temps de sa splendeur ! Location d’une petite voiture et découverte de ce rude pays. Imaginez des montagnes de rocailles, avec une pauvre végétation de buissons d’épines, quand la terre n’est pas carrément à nue, brûlée par les incendies. Et des villages, des hameaux plutôt, toujours juchés sur un piton rocheux, donc chaque maison est une tour, un véritable donjon de château fort, qui leur donne des allures de ksar marocain ou de château cathare, en pierres grises. Parce que, les maniotes, ils n’aimaient pas les étrangers, mais ils se supportaient entre eux, très difficilement, vivant en clan, avec un sens particulier de l’honneur, pratiquant la vendetta, et se tirant dessus d’une tour à l’autre ! Ca vous fait penser à la Corse, hein ? Celle d’avant, bien sûr ! Hé bien, justement, les Grecs installés à Cargèse, se sont des exilés maniotes du village d’Itilo, qui, persécutés par les Slaves ont demandé asile à la république de Gênes, alors maîtresse de la Corse ! (Pensée pour nos amis Michelle et Christian, amoureux de Cargèse… !)
Belle balade, émaillée aussi de superbes minuscules chapelles byzantines du 11° et 13°, aux fresques bien conservées, et de restes de châteaux francs construits par… ? Gagné ! Toujours notre Guillaume de Villehardouin !
Ah ! détails d’importance : le crin-crin incessant des cigales et les odeurs de maquis. Le Sud quoi !
Au retour les canadairs tournoyaient dans le ciel… ça brûlait dans les collines voisines !
A Gythion, il y a une petite île qui s’appelle Kranaï… Or, il y a bien longtemps, Pâris, fils de Priam, roi de Troie était reçu par Mélénas, roi de Sparte, marié à Hélène, superbe créature… Et, ce coquin de Pâris ne put résister au charme d’Hélène, et, enfreignant les règles les plus élémentaires de l’hospitalité et du savoir vivre, il la dragua ! Et elle trouva ça super ! Ils se sauvèrent de chez Mélénas, pauvre cocu, et leur première nuit d’amuuur se passa sur l’île de Kranaï ! C’est-y pas romantique ça ? Ouais, mais ça a déclanché la guerre de Troie, tout simplement !!
Puis Wadi Rum se rapproche de la dernière difficulté réputée… le passage du mythique cap Maléas… la pointe Est du sud du Péloponèse. Ulysse, lui-même en garde un mauvais souvenir… il rentrait chez lui, peinard, après voir fait du bon boulot pendant la guerre de Troie (justement !) quand, au passage de ce cap Maléas, le vent l’a envoyé au-delà de Cythère, vers le pays des Lotophages…
Et le scénario navigation raconté au début de ce chapitre se reproduit, pour aller de Gythion à l’île d’ Elafonissos, où il y a un mouillage sûr pour attendre que le vent donne son accord pour passer le cap Maléas vers l’Est. Wadi Rum arrive péniblement, par force 7, avec des rafales à 8, vent dans le nez pour le dernier bord, devant la superbe plage du sud de cette île… sable blanc, eau turquoise, mais décor de collines désertiques. Et ce putain de meltem qui souffle sans arrêt entre force 4 et 6 avec souvent des périodes à 7 ! .
Nous voilà donc au mouillage, l’ancre tient bon, heureusement, bien plantée dans le sable, car on va passer, au moins, 2 à 3 jours ici, balayés par un vent permanent établi, qui se calme à peine la nuit. Comme on est près du rivage, où se bronzent des beautés, mâles et femelles, nues (y en a pour tous les goûts !), il n’y a pas de vagues et le bateau accepte ce vent constant simplement en tirant des bords sur sa chaîne… On s’arme de patience et on attend une météo favorable… Et je ne tiens pas à quitter le bord, si ça montait encore plus pendant notre balade à terre, et que l’ancre chasse… !
Parce que c’est bien le meltem, un peu en avance cette année qui perturbe notre programme. On espérait faire un saut du Péloponèse à Milos, SW des Cyclades et remonter par Sifnos, Serifos, Kithnos et Kéa pour rejoindre le golfe Saronique et retrouver Malène et Hélène le 9 juillet comme prévu ! C’est loupé pour ce coup là, on longera donc, dès qu’on aura la permission de monsieur Meltem, le Péloponèse par Monemvassia, Nauplie, Spetsai, Idhra…
Enfin, à l’aube du 5° jour, Wadi Rum lève l’ancre. C’est vraiment l’aube, il est 5h du mat ! Comme prévu par la météo le vent s’est calmé, c’est au moteur qu’on progresse ; comme pas prévu par la météo, on passe ce fameux et redouté cap Maléas par un vent qui monte déjà, bien sûr, " in the nose " et on termine avec 25 nds, force 6, à Monemvassia, au lieu des 10 annoncés ! Ca ne facilite pas les accostages !
Maintenant on s’attend à tout avec le vent d’ici ! Des amis dans les Cyclades ont pris 60 nds, c’est force 11, ça s’appelle " violente tempête ", juste avant " l’ouragan " ! Et ils ont explosé leur génois ! Mon dieu, mon dieu, qu’on n’aimerait pas… ! Et hier, ici, au cap Maléas, nos voisins ont pris 54 nds, en quelques secondes !!
MONEMVASSIA… en lettres majuscules ! On vous a raconté Delphes, Olympie, Mystra, Méssenes, Methoni et beaucoup d’autres endroits magnifiques… mais ici, c’est encore un cran au dessus ! Monemvassia, la ville à " une seule entrée ", Malvoisie pour les Francs. Imaginez, venant par la mer, une île, un roc aux parois abruptes, genre de petit gibraltar, 300m de haut, relié à la terre par un pont étroit… à ses pieds, blottie coté Est, une vieille ville du Moyen-Âge, ceinte de remparts, et protégée par une citadelle qui occupe tout le haut de ce plateau rocheux.
Les Byzantins l’ont construit vers l’an mille, les Francs l’ont occupée, après un siége de 3 ans, en 1248, avec toujours notre Guillaume de Villehardouin, vous le saviez déjà… mais perdue en 1263, comme rançon de sa libération, vous le saviez aussi si vous suivez assidûment ! Puis se furent les Vénitiens qui retapèrent la citadelle et la ville haute et la ville basse, en alternance avec les Turcs qui restèrent bien longtemps jusqu’en 1821 ! Monemvassia est la 1° ville grecque à se libérer du joug turc… souvenez-vous la guerre d’indépendance commence en 1821 et se termine en 1828, grâce, entre autre, à la bataille navale de Navarino de 1827 !
Une promenade, en nocturne, dans les ruelles pavées, étroites, désertées, éclairées par quelques rares lampions, une autre, à l’aube avant que les marchands du temple n’aient ouvert leurs échoppes, avec un vent violent qui hurle dans les escaliers et les passages voûtés, une bonne grimpette à la citadelle abandonnée et en ruine… et nous nous sommes imprégnés de l’ambiance de Monemvassia pendant toute son histoire… et se fut un enchantement… majuscule.
Avec une pensée toute particulière pour mon père, pour mon cousin Jean et pour ma petite soeur Michelle.
Et des pensées affectueuses pour vous tous.
Yassas, salut !
Ah, avant de nous quitter, ça souffle encore à force 7, mais on est dans un port, en bonne compagnie, au pied du roc, et y a des cafés des tavernes et de la bière… alors on tiendra le coup !
JJ S

De Pilos à Mystra

Salut à tous,
Mais Pilos, (ex-Navarino) ne nous a pas livré tous ses trésors. On a vécu ensemble la bataille navale de Navarino, on s’est baladé avec vous sur les murailles du Neokastro turc, maintenant on loue un scooter pour la journée et on part en vadrouille. D’abord il faut vous imaginer les Bergoux pour la première fois de leur vie, ensemble, sur un scooter super puissant de 50cm3… je vois les sourires entendus de vous tous, les amis, rois du 2roues… avec nos casques qui nous donnent des allures des chevaliers du ciel (ici, y a que les touristes pour mettre les casques, les locaux roulent à fond tête nue !) un peu d’hésitation au début, mais quel plaisir de rouler comme ça, très très peinards, dans ce paysage campagnard d’oliviers, sous le soleil .
D’abord un bond dans le passé lointain… 1200 avt JC… le palais de Nestor… époque mycénienne… il reste en fait très peu de chose et il faut de l’imagination ! Nestor est un copain d’Agamemnon, d’Achille, d’Ulysse, de Pâris et des héros de cette guerre de Troie .
Puis une belle balade, sur un promontoire sauvage et vertigineux, au milieu de centaines d’araignées, genre grosses épeires, qui ont tissé des toiles immenses sur le sentier. Jamais rien vu de pareil chez nous ! Même vue une veuve noire (abdomen rouge avec 4 points noirs : exact ?). Tous ces risques zinsensés pour les vieilles pierres grandioses de Paleocastro, citadelle construite par Guillaume de Villehardouin (encore lui !) vers 1200 (ap. JC, cette fois !), perchée sur un piton rocheux.
Il y aura des photos, un jour. Pour le moment, j’ai bien du mal à réduire et compresser !
La journée scooter se termine joyeusement. Bonne expérience : on recommencera. Discussion de ponton avec nos voisins allemands ; eux aussi ont loué des scooters : ils sont tombés ! Résultat des courses : une jambe cassée avec rapatriement et opé ; et 2 blessés légers ! Plus le " Routard "qui dit bien le danger des 2 roues en Grèce… on recommencera peut-être pas !!
Parmi aussi les bons moments de Pilos, ceux passés avec l’équipage très sympa de " frère coyote "… joli nom pour un bateau… un nom qu’on oublie pas !
Puis Methoni… accueillis par la tour turque, sentinelle sur la mer… qui garde la citadelle, construite par… notre Guillaume de Villehardouin, (toujours lui !). Comme toujours la forteresse est très vite passée aux Vénitiens, elle était un des deux " yeux " de la république (de Venise), puis, comme à chaque fois, elle devint turque, jusqu’en 1828, où les Turcs furent chassés par les français du général Maison, pour, enfin, devenir grecque… Ah, c’est pas simple !
En tout cas, mouillage superbe, avec ces remparts illuminés le soir… Mer d’huile le matin… petit dej dans le cokpit avec ce décor sous les yeux… Mer chaude et transparence… Bon ! j’arrête, ça va vous énerver !
Belle navigation au portant jusqu’à Kalamata, au fond du golfe de Messénie. Escale technique obligatoire pour remplir les " cubes "de butane vides. Pas de chance, l’embout spécial destiné au remplissage, emporté de France n’est pas le bon ! Faudra acheter des bouteilles grecques avec leur détendeur… On verra !
A Kalamata, il y a des petites tavernas très simples qui ne font " que " du porc entier à la broche… On paye la tranche de porc découpée à la hache au kilo… viande onctueuse avec une croûte bien grillée, une ventrée de frites, et un demi litre de Mythos, la bière grecque… le tout servi sur une nappe en papier sur une table bancale sur le trottoir, parmi la circulation dense et les odeurs d’échappement… un bonheur absolu !
On a bien digéré notre porc, merci ! De même que la grosse journée de vieilles pierres du lendemain.
Pour atteindre Mystra, on a traversé une région montagneuse superbe et sauvage, avec des gorges et des ravins impressionnants, marquée, elle aussi, par les incendies de forêts de l’été dernier… des zones immenses calcinées, des ruines de maisons brûlées, des monuments aux pompiers morts au feu… Ca a dû être terrible !
Mystra… formidable endroit. Au sommet d’un piton rocheux, un franc fait construire au 13° siècle un château imprenable ! Vous avez devinez : Guillaume de Villehardouin ! Mais il part guerroyer contre les Byzantins et il se fait prendre ! Et pour prix de sa rançon il doit leur donner Methoni, Monemvassia et Mystra. Dommage c’était presque neuf. Et Byzance y a établi une ville fortifiée extraordinaire, pleine d’églises et de couvents qui sont bien entretenus, voire véritablement reconstruits… mais c’est grandiose. Bien sûr Mystra fut aussi turque, vénitienne (un peu), fut brûlée par les Russes et par des brigands albanais… Faut suivre ! Et ça domine la vallée de Sparte.
Bon, je passe Sparte sous silence ! Cherchez un peu par vous-même ! C’était pas du tout le genre " enfants de chœur " !
Et comme on a l’estomac solide, on avale ce qu’il faut de kms pour visiter Messène. Celle d’Epaminondas, vainqueur des Spartiates justement. Un bond en arrière de 1600 ans (par rapport à Mystra). On est en 400 avt JC ! Voila donc des remparts qui ont 2500 ans et qui ont fière allure !
Vous avouerais-je que ce soir là, nous étions cuits ! Et la tête farcie, et de noms et de dates et d’histoires…
De Kalamata, cap au sud, pour ressortir du golfe de Messénie et escale à Koroni, en prenant une bonne claque de vent… nous naviguions tranquilles, j’allais faire une petite sieste, en 4 minutes, la mer est devenue blanche et le vent est passé à 32 nds (7 beaufort) ! Contents de mettre la pioche (l’ancre !) dans l’abri de Koroni. Joli petit port au pied d’une forteresse… Villehardouin… Venise… Constantinople… comme d’hab ! Maintenant vous avez compris le truc !
Le vent nous donne un peu de souci en ce moment car il souffle violemment et démarre brutalement, heureusement dans le bon sens. On va être attentif à la météo pour continuer vers l’Est. Mais il fait toujours un soleil radieux.
A bientôt, on vous embrasse JJ S

mercredi 11 juin 2008

Killini, Zakinthos, Katakolo

Kalimera, salut à tous,
Au moment où je vous écrit, Wadi Rum roule d’un bord sur l’autre dans une houle de travers pas très agréable, le ciel est gris et bas, les nuages lourds de menaces, et Sylvie, de veille dans le cockpit, bien couverte, au bord de la nausée… le moteur ronronne, faute de vent et le déssalateur est en panne ! Et, ça y est, il pleut ! Et c’est même un bon grain, bien serré ! Y avait longtemps ! Au moins ça va rincer le bateau à l’eau douce, ce qui est rarissime ici, on ne lave pas les bateaux à l’eau du robinet ! L’eau, c’est pour boire ! Vous voyez, c’est pas tous les jours génial !
Nous avons donc quitté Missilonghi le 29 mai, et laissé nos copains de Téata Blue reprendre leur route vers l’Est et le canal de Corinthe. Le soir même, "Wadi Rum " avait rendez-vous avec "Kosmos " et son équipage rochelais, à Kastos, petite île très agréable à coté de Kalamos. Soirée très amicale avec Gilles et Marite et leur équipière galloise Ined.
Puis c’est " La Marie Colette " qu’on retrouve à Sami en Céphalonie… Oui, oui, les ceusses qui sont attentifs l’ont remarqué, on y a déjà fait escale. J-Pierre et Laurence nous avaient accueillis à Preveza à notre arrivée en octobre 2007. Joie des retrouvailles !
Nous revoilà donc en Céphalonie, c’est l’occasion de vous raconter un autre fait de guerre tragique. 1943, 2° guerre mondiale. L’Italie alliée de l’Allemagne a envahi la Grèce, et en particulier, une division de chasseurs alpins de 9000 hommes occupe Céphalonie. Trop mollement au gré des nazis, et même, le maréchal italien Badoglio signe un armistice avec les Alliés ! Trahison, bien sûr, pour les allemands qui attaquent les italiens avec leurs stukas et leurs panzers et déciment la division alpine. Les survivants, 350 officiers et 4700 soldats se rendent. Sur l’ordre particulier d’Hitler, ils sont tous fusillés en masse !! 34 s’en sortent, aidés par la population grecque. No comment ! Rappelez-vous, " ils " avaient fait le coup déjà avec l’armée polonaise ! Cette histoire pas gaie du tout est relatée dans le film assez récent : " la mandoline du capitaine Corelli ", tourné ici, sur place. Sombre passé, qui rappelle que l’homme est un chien… capable du pire, et cela, quelque soit l’époque !
Voyons notre actualité plus souriante. Comment vit on en Grèce ? (elle m’emmerde cette houle, j’arrive même plus à taper sur le clavier ! Tout valdingue dans le carré !) On vit à l’heure GMT : Greek Maybe Time ! (et non Greenwitch Meridian Time, pour ceux qui avait oublié, qui d’ailleurs, s’appelle maintenant UTC, universal time coordonnated !) Et c’est vrai qu’il est impossible de compter sur eux ! Mais ils sont vraiment très gentils et serviables ! Les tavernes, y en a partout, avec des menus très standards. C’est bon mais toujours pareil ! Viandes et poissons et poulpes, calamars ou seiches grillés le plus souvent, frites ou riz (basta !) Quant à la moussaka, c’est pour les touristes, alors c’est la loterie ! (très " pas bon " quand ça sort du congèle !) Les prix ? Ah, mon bon monsieur, ça a bien augmenté, merci l’Europe, la nôtre, pas la fille du roi Agenor dont Zeus tomba Zamoureux ! (Ah la mythologie grecque ! J’en aurai des trucs à vous raconter loin des oreilles chastes !) Bref pour un petit gaster simple compter entre 10 et 15 euros ! L’après-midi tout est mort, tout est fermé, c’est la sieste, sacro sainte, sauf les grandes surfaces, désertes où ne traînent que les touristes. (bon, je vais prendre l’air… j’ai mal… au… cœur… houps ! attention aux renards ! Non je rigole… quoique !) Puis tout s’anime à nouveau à partir de 17-18h… Les cafés se remplissent… On s’assoit seul ou avec des amis, ou en famille pour boire de tout, comme chez nous, mais surtout du café, des cafés plutôt : expresso italien, cappuccino, café grec (surtout ne commandez pas un café turc ! mais c’est le même !) avec le marc au fond, à laisser reposer longtemps, et le café frappé (nescafé monté en mousse au mixer servi glacé dans un grand verre, avec plein de glaçons (j’avoue que j’aime bien ça ! c’est très désaltérant !). Un verre d’eau fraîche accompagne toujours les cafés, et on peut rester des heures avec un seul café… Eux, les grecs dînent très tard… donc, dans les tavernes, première tournée pour les touristes, ensuite les locaux ! Et l’ " ouzo " national, notre pastis sans la réglisse, se prend en apéro, plus ou moins dilué, ou en digestif ! Eux le prennent souvent pur, avec un grand verre d’eau à coté ! Bref, tout est bien sympa, et on s’adapte, somme toute, facilement ! D’ailleurs les cales de Wadi Rum sont pleines d’Ouzo, y a pas de rhum ici !
Killini fut notre première escale sur le Péloponèse et les vieilles pierres de la citadelle sur la falaise, nous parlent de Guillaume de Villehardouin. Eh oui, un petit gars bien de chez nous, et même un champenois ! Les Croisés, dans les années 12OO passent par ici, le Peloponèse, trouvent le coin sympa et s’y installent ! Ca s’appelle la Morée. Et avant que les turcs nous chassent, on y restent 2 à 3 siècles, avec les Angevins de Naples et les Vénitiens ! Et je résume ! Bref, Killini, c’était Clarence La Superbe ! Grand port de commerce de l’époque ! Vous verrez, je vous reparlerai de ce Guillaume de Villehardouin qui a fait des forteresses partout dans ce coin ! Il avait comme copain Guillaume de Champlitte ! Il ne se doutait pas que je serai vétérinaire à Champlitte 800 ans après ! Moi non plus, d’ailleurs !
Escale à Zakinthos, l’ancienne Zante, la " fleur de l’Orient ". Très beaux paysages de falaises, découverts avec J-Pierre et Laurence… plage de ponte des tortues (Caretta Caretta) au sud… Pauvres tortues qui doivent partager le sable avec les parasols et les transats… pas facile de faire de la protection de la Nature quand le Pognon est roi ! On gardera le souvenir, désagréable d’une tentative de rackett de la part du responsable du port ! J’ai été " cafter " aux Coast Guards et on a récupéré nos 50 euros ! Petit salopard !
Katakolo, de nouveau sur le Peloponèse, pour suivre sur l’atlas ! Un petit autorail, genre TER, nous conduit à Olympie. Quelle surprise, les collines tout autour du site, sont calcinées ! On avait oublié que les incendies de l’année dernière avaient laissé ces traces de désolation. Ici, le décor est moins grandiose qu’à Delphes, mais l’histoire tout aussi passionnante ! Imaginez, les premiers JO, il y a 28OO ans ! Les cités grecques en guerre font la trêve pendant ces 8 jours d’épreuves sportives. Mais ça ne rigolait pas : 3 épreuves de sport de combat (entre autres course à pied, lancement du javelot, du disque, et course de char): lutte, pugilat et pancrace. Dans cette dernière épreuve, il est arrivé que le vainqueur désigné mourrait peu après… imaginez l’état du vaincu ! Bon, le public rigolait bien (le public, rien que des hommes, forcément les concurrents, que des hommes, étaient tous nus). Et toutes ces festivités, en l’honneur de Zeus. Comme c’était un peu beaucoup païen, l’empereur byzantin Théodose les interdit vers 400 après JC. Et vous connaissez la suite avec Pierre de Coubertin… Quelle année déjà ?
Et encore une bataille navale ! J’espère que vous y prenez goût ! Celle-ci est capitale pour la Grèce. La guerre d’indépendance a commencé en 1821, vous vous souvenez… révolte des Grecs contre les Turcs… répression sanglante… Missolonghi et son siège héroïque… En 1827, ça se présente très mal pour les Grecs ! Les Turcs restent maîtres du terrain et, les alliés (Angleterre, France, Russie) ont préparés une sorte d’autonomie de la Grèce sous contrôle de la Turquie !!! que les Grecs sont bien obligés d’accepter. Or, le 17 octobre 1827, toute la flotte turco-égyptienne est au mouillage, c'est-à-dire à l’ancre (très important pour la suite) dans la rade de Navarino (Pilos aujourd’hui !) Cette armée ottomane terrorise la région. Et passant par là, la flotte alliée avec des vaisseaux anglais, français et russes, se pointe dans la rade où la flotte turque est positionnée en arc de cercle, prête à faire feu. Les alliés n’ont pas l’intention d’engager le combat, ils veulent seulement impressionner les Turcs, d’autant qu’ils ont 2 fois moins de bateaux et de canons que les Ottomans. Et l’escadre alliée commence à entrer dans la rade, quand un artilleur turc, trop fébrile, ne résiste pas au stress et met le feu aux poudres (c’est le cas !) en tirant le premier coup de canon ! La riposte alliée est immédiate et sanglante, les bateaux turcs sont immobilisés sur leur ancre, les alliés sont manoeuvrants ! 4 heures de combat terrible : 6000 marins turcs tués, 174 alliés (seulement !) et pratiquement toute la flotte turque par le fond ! " Un déplorable malentendu " diront les anglais. En 1830 la Grèce sera indépendante et souveraine ! Après, quand même, que le corps expéditionnaire français ait chassé les Turcs du Péloponosése.
Et Wadi Rum est au mouillage dans cette rade… ça sent encore la poudre… me semble-t-il.
Je suis très déçu ! J’avais fait beaucoup d’efforts techniques, pour égayer ce texte avec quelques photos. A force de copier-coller, et surtout de recadrage et mise au format, j’étais content du résultat ! Hélas, ce matin, au cyber-café, impossible de vous l’envoyer… beaucoup trop lourd… j’arrivais à 17000 ko au lieu de 25-30 ! (Larry ! au secours ! si tu peux me dire comment alléger des photos… ou me redire comment utiliser le système de stockage de Gmail pour que Marie puisse piocher dedans et illustrer le blog… !) Sinon, tant pis, j’apprendrai cet hiver, pour être au top l’année prochaine .
A bientôt, tous ! Wadi Rum continue vers le Sud du Péloponèse.
On vous embrasse JJ S

vendredi 30 mai 2008

Patras

Yassas ! (Salut)
Nous sommes juste au Sud de la petite île d’Oxia, à l’entrée Nord du golfe de Patras. 7 octobre 1571 au matin. Don Juan d’Autriche, bâtard de Charles Quint dirige la flotte chrétienne de la Sainte Ligue, qui navigue vers l’Est. Il a 23 ans. Sous ses ordres 250 galères génoises, espagnoles, vénitiennes, papales, napolitaines, maltaises avec 15000 hommes, rameurs et soldats. Devant eux 200 galères turques du sultan Selim, commandées par Ali Pacha (pas le même que l’autre, bien sûr !) avec autant de combattants et de galériens, mais eux sont des esclaves au service des Ottomans. Elles arrivent du petit port de Nafpaktos, ou Naupacte, ou Lépante. Les deux flottes vont à l’affrontement à grands coups d’avirons. Le jeune Don Juan d’Autriche, est sur la première des douze grandes galéasses vénitiennes, tendant un crucifix vers le ciel. Ces bateaux sont l’arme secrète de l’escadre chrétienne : avec 750 hommes, rameurs et soldats, dotés d’un " château " à la proue et à la poupe, leur artillerie, de 15 canons est capable de tirer latéralement, alors que toutes les autres galères ne tirent que dans l’axe… Ca y est ! Les deux flottes sont au contact. Le combat est terrible. Les galères chrétiennes sèment la destruction dans la flotte turque, l’envoyant par le fond, et sauvant et libérant un grand nombre d’esclaves. Ce combat naval de Lépante donne un coup d’arrêt définitif à l’avance de l’empire ottoman vers l’Europe. (Ouf !!..., Ne rigolez pas !) Mais les Turcs resteront encore 300 ans en Grèce. Cervantès (mais oui, " Don Quichotte " !) perdit un bras dans la bagarre, et le Duc de Guise, et Crillon, compagnon du futur Henri IV, sont de la partie…
Wadi Rum se fait tout petit et discret en passant là !... Mais c’est impressionant !
Nous arrivons d’un mouillage sûr et tranquille derrière l’île Pétala, au pied d’une falaise sauvage, percée, à mi hauteur, d’une grotte… évidemment, nous ne résistons pas à la tentation (le gêne spéléo !) un petit crapahut, très raide, nous permet de l’explorer… voila bien longtemps que personne n’est venu ici, nos pas marquent le sol vierge de la cavité, visiblement habitée par les chèvres de l’île… dans la 2° salle, obscure, une odeur d’ammoniaque terrible, et des piaillements importants nous indiquent la présence d’une grosse colonies de chauves-souris, qui volent, affolées, dans les rayons de nos lampes… on se dépêchent de les laisser tranquilles, en plus c’est irrespirable !
On entre dans le golfe de Patras. Le vent se lève, de face, formant une mer désagréable et courte, mais on finit par arriver à Missolonghi, un peu secoués et fatigués. Là encore une grande page de l’histoire de la libération du peuple grec du joug turc. Nous sommes cette fois en 1822, Missolonghi se soulève contre les turcs. A sa tète, Botzaris, un souliote (vous vous rappelez ce peuple de montagnards, rudes, courageux et déterminés, et qui n’aiment pas du tout les Turcs !) Lord Byron, le poète anglais, avec d’autres intellectuels européens, vient participer à leur lutte. (Il y meurt de maladie en 1824). Le siège final commence en 1825. Les grecs retranchés dans Missolonghi sont 5000, contre 15000 turcs plus 10000 égyptiens. Ils résistent plus d’un an, tentent une sortie désespérée, mais trahis, sont décimés par les turcs, y compris les femmes et les enfants… les survivants se font sauter avec la poudrière … un parc des héros avec monuments, statues, tombes leur rend hommage… Quand je vous disais que les Grecs ont chèrement acquis leur liberté et leur indépendance, et que, somme toute, c’est récent !
Je passe rapidement sur les petits ports de rêve, les îles presqu’idylliques, pour ne pas vous faire trop de mal… ! C’est d’autant plus agréable qu’on navigue de conserve avec un 435, " Kayok " grand frère de Wadi Rum, mené par un équipage très sympa Louis et Roseline… (NB pour Bernard T. : elle a succédé à Jeannette à l’hôpital de Bx !! émotion++ !) De plus, leur véto, et excellent ami, est un camarade de ma promotion… C’est pas dingue ça ! Que le monde est… !
Quelque fois pourtant la météo capricieuse, imprévisible et brutale de cette région se rappelle à nous… Wadi Rum et Kayok quittent Trizonia, petite île du golfe de Corinthe, vent dans le c.… dos, tranquille, et le vent monte aussi tranquillement jusqu’à force 6 et 7 ! Plus de 9 nds sur le fond ! Belle régate ! L’accostage sur le quai d’Itéa a été un peu rock’roll, mais Ok grâce à l’aide d’un couple de navigateurs français qui, après papotages divers, se révèlent être Michel et Géraldine sur Gem V, copains très proches de Bruno et Chantal (un frère de Sylvie) !! Qui disait cette banalité affligeante, que le monde est petit !!
Delphes… !! restons sobres, pour ne pas, encore une fois, tomber dans une affligeante banalité ! Le cadre : grandiose ! Encore mieux à 8h du matin avant l’arrivée des autocars de touristes… les pierres, 2500 ans, chargées d’histoire… Ah ! apprenez que la Pythie n’exerce plus et que de, toutes façons, ses honoraires devenaient prohibitifs… y a qu’a voir les richesses accumulées et superbement présentées dans le nouveau musée, parmi lesquelles le célèbre " aurige " (cherchez un peu !). Et ses prédictions étaient aussi fantaisistes que celles de madame Soleil. Crésus en garde un mauvais souvenir ! (cherchez zencore !) Vaut le voyage dit le guide Vert : exact !
Galaxidi ! Superbe petit coin, mais mais mais l’odeur de l’euro arrive jusqu’ici ! L’obole de 2 euros dont tu parlais, mon vieux Yves d’Iris s’est multipliée par … 10, en 4 ans ! Ca se dégrade, mes amis !
Puis on ressort du golfe de Corinthe et du golfe de Patras par l’W.… Re-Trizonia… Re le pont de Rion… Re- Messolonghi… cette fois la mer est d’huile et le soleil de plomb… mais nos muscles toujours d’acier (bôf !) et nos cœurs d’airain (si si !) Alors on résiste, et on utilise sans vergogne la risée Volvo.
" Kayok " continue, lui vers l’Est, vers son destin, pour franchir le canal de Corinthe, et nous, nous retrouvons " Teata Blue " nos copains Michel et Françoise sur leur beau cata (RV organisé !) (je renvoie nos fidèles lecteurs au chapitre Sicile du premier tome édité en 2007). Plaisir des retrouvailles et de l’amitié entre navigateurs. Ils ont traversé jusqu’en Grèce avec du gros mauvais temps, du vent de face atteignant 45 nds (force 9)… ça a duré 3 jours ! Pas marrant du tout. Le mal de mer et la peur étaient du voyage… !
Et voici la rubrique que vous attendez… arrêtez de trépigner : le courrier des lecteurs !
Oui, Gérard, mon cousin… à cet hiver… on a 30ans à rattraper (SVP transmets mes mails à Daniel, ton frérot, car mes courriels ne passent pas.)/ Henri et Monique, portez vous bien, on vous imagine heureux et peinards à la Flotte en Ré pour tout l’été, avec toute la grande tribu Moret autour de vous !/ Jean-Pierre et Catherine du 52, rigolez pas vous autres, c’est vachement plus sain que le " 9 " " 3 " et c’est une terre où je fus très heureux ! Cath fais une grosse bise à ta maman… /Les ptits Barchoux : bien sûr que vous étiez avec nous à Delphes ! A propos JJ, tu avais rêvé de voir WR au mouillage du coté du golfe Saronique, tu te souviens où ? Hè oui les amis, les Bergoux se mettent à glander, mais ici, on n’a que de mauvais exemples !!/ Gérard de " Boisbarbu ", on ira sur ton site à la 1° occase… et on vous attend à LR. / Merci J-Louis et Christiane, les poitevins, de nous suivre, en fait on vous emmène un peu avec nous !/ Alain et Annie de Gaia, merci des news ; Alain cette fois je franchis le pas : y aura internet à bord next year, j’ai des exemples clairs ! Et c’est génial. On en a marre de courir les cyber cafés !/ Mon cher Marc (Rousseau), je pense souvent à Papa parmi ces vieilles pierres, dans ce pays qui rappelle la Tunisie, et quand je suis avec mon père, vous êtes aussi dans mes pensées. / Quant à toi, Dominique de Balane V, je te retiens avec tes histoires de rats qui sont venus dormir avec toi ! A faire des cauchemars ! C’est ma faute j’avais commencé !/Et toi, Françoise, on t’accompagne dans la convalescence de ton pied martyrisé… avec Yves-Jean comme aide-soignant, tu vas être dorlotée… tiens bon, ça va passer vite !/ Gérard et Paulette, vous voila vraiment auvergnats, tu vois Gérard que Euclide et ses comparses étaient déjà très bons, et c’était y a longtemps !/ Super, Jacques tes photos de Lourdes… apparemment tu monte en grade et en responsabilités. /Je vois, chères petites sœurs, que vous avez fait du bon travail à Ségoufielle ! / A tous, et à ceux que j’oublie, sachez que vos petits messages nous apportent un peu d’air de chez nous et que ça fait très plaisir !
Wadi Rum va maintenant tourner son étrave vers le Sud, pour faire le tour du Péloponèse.
Salut à tous, Yassas, à bientôt

samedi 17 mai 2008

Cap sur le Péloponèse...

Kalispera, (c’est l’après-midi !)

Pardonnez moi les fausses manœuvres avec pièces jointes perdues en route, les fautes de frappe…( non, y a pas de faute d’orthographe !!), c’est probablement pas fini ! Heureusement, quelques uns suivent, et me préviennent !

Merci de vos petits mots en retour. On a, comme ça, des nouvelles de vous, du Poitou à la Nlle Calédonie ! Bravo Jean pour ton élection à Gençay, retour à tes premières amours ! A propos, ton livre « les amours paysannes », très « nature » a rencontré un vif succès mêlé de stupeur auprès de notre génération montante. On vous suivra avec intérêt en Inde et au Népal. Vieux, très vieux, et superbes souvenirs pour moi (1972 !!).

Quant à vous, les amis du Périgord qui capelaient vos cirés, chaussaient vos bottes et coiffaient vos suroîts pour suivre nos navigations, vous pouvaient sortir les bermudas, les chapeaux de paille et la crème solaire protection max….car notre vie a bien changé : ce ne sont que petits trajets, sous le soleil, encore clément, le plus souvent au moteur, avec, quand il souffle, un vent très très capricieux en force et en direction. Pour dire vrai, on ne fait pas de « la voile » ici, on va d’un joli coin, à une jolie crique, à un joli port, à une jolie taverna, pour un joli coup de vin local… et c’est très sympa, mais c’est autre chose que nos virées atlantiques !

Vous savez déjà que Marie nous a rejoints avec Hubert son copain…Mouillage forain, petite crique superbe au sud de Fiskardo sur Kefallonia, entourée de montagnes qui plongent dans l’eau claire et limpide…L’ancre bien crochée et trois amarres à terre car de temps en temps de bonnes rafales dévalent de là-haut…Des bois de pins , de petits chênes, d’ oliviers, des senteurs de garrigue… nous sommes seuls… 2 barques de pêcheur et 2 petites épaves, un peu émouvantes, juste là sous la surface…idyllique ! Vraiment idyllique jusqu’au moment où…Hubert, un peu penaud, m’annonce que …les chiottes sont bouchées !! Avec un kleenex formellement interdit pour cet usage !! Bonheur et servitude du WC marin ! Grandeur et décadence du pauvre plaisancier, plié en 8, recroquevillé dans ce réduit, démontant, nettoyant, détartrant, remontant, testant, redémontant tout parce que ça fuit, et remontant enfin la pire plomberie qui soit…je vous épargne les détails, mais c’est très ch…pénible ! Pensée pour Matthias et Annick, pour Claude et Pierrette, pour tous les plaisanciers dont c’est, à l’apéro, le sujet favori, après les techniques de mouillage !...Mais un matin radieux, ensoleillé et calme, dans cette crique de rêve nous réconcilie avec la vie ! (Hubert est pardonné depuis sa faute avouée !)

Escale à Sami, toujours sur Céphalonie, la plus grande des « Ioniennes ». Une petite voiture de loc’ nous permet de faire un bon tour de cette île montagneuse aux paysages grandioses. Mais la petite nipponne a bien souffert sur les pistes caillouteuses, demandant même aux passagers de descendre, pour nous mener vers ce monastère du 13°, au dessus de Poros, avec une vue unique…Vous avez remarqué ? Les moines ont toujours trouvé les plus extraordinaires endroits pour construire leur lieu de vie et de prières ! Il est vrai que la méditation y est naturelle. Ca sera confirmé, je crois, par les Météores et le mont Athos plus tard, dans notre voyage.

Petit épisode d’histoire naturelle : nous nous baladons dans les ruines de la citadelle vénitienne au dessus d’Assos, petit St Trop local (encore un!), pierres chauffées par le soleil, taillis et buissons denses (pratiquement pas d’entretien des espaces verts !) et évidemment, j’ai failli mettre le pied sur un reptile noir de 0,8 à 1m de long et de 6 bons cm de diamètre, dont je ne vois pas la tête…repli stratégique prudent de toute la petite troupe… mais Hubert retrouve la bête, qui fait bien son 1,5m et on peut l’examiner un peu mieux , pour identifier une couleuvre, probablement ( au Maroc, j’aurai pensé à un cobra !) J’attends vos expertises !( grandes écailles sur la tête, et jaune pâle sous le cou, seuls éléments de diagnose !)

2° histoire naturelle : on nous avait bien prévenu de la présence de rats (des gros!) en grande quantité à Méganisi, qui montent à bord par les amarres ! Pas de problème pour nous (jusqu’à présent !) mais l’équipage de « Felibre » nous a raconté une nuit épique à chasser un rat clandestin… vous imaginez le chantier, avec les dizaines de cachettes disponibles pour ce charmant équipier !

Puis, comme dans la dernière image d’un album de Tintin, le gros ferry a pris le large, emportant nos jeunes, accoudés au bastingage et nous avons suivi longtemps son sillage…un peu mélancoliques !

Ce soir là, longue promenade par la petite route qui grimpe parmi les oliviers, vers l’ancienne acropole de Sami. Le soleil couchant éclaire les restes de ces remparts aux pierres énormes, sur lesquelles gambadent des cabris, sans peur du vide, accompagnés de leurs mamans chèvres dont les cloches tintent…Bucolique et paisible. Nous sommes seuls et nous imaginons cette cité grouillante de vie il y a 2500 ans ! En bas, loin, la ville moderne brille de tous ses feux. La descente se fait alors que la nuit tombe. Moments de bien-être tout simple.

Changement de décor et d’ambiance : Fiskardo, au nord de Céphalonie, encore un petit St Trop! Petit port charmant, aux maisons colorées, dont quelques belles vieilles demeures vénitiennes, avec des cafés et des restos sur le quai. Il reste 50 cm pour amarrer les voiliers qui arrivent, nombreux, dans cet endroit touristique, mais très sympa (en mai, en été… ?). Robert Guiscard, un Normand, y serait mort d’une épidémie avec 10000 de ces hommes en 1085…Il a donné son nom au patelin.

L’histoire de la Grèce, comme celle de toute la Méditerranée, est très variée, mouvementée et dramatique. Je vous en reparlerai quand j’aurai un peu mis tout ça au clair dans mon petit cerveau ! Sachez que la Grèce n’est dans ses frontières actuelles que depuis la fin de la 2° guerre mondiale ! C’est un pays « neuf » avec une histoire passionnante.

Puis nous avons continué nos navigations tranquilles sous un soleil « épisodique », en remontant à Lefkas, à Leucade, pour acheter quelques cartes marines …et nous redescendons vers le sud, pour faire un tour dans le golfe de Patras et Corinthe, avant de continuer vers le sud autour du Péloponèse !

Wadi Rum vous salue tous bien affectueusement, à bientôt !

jeudi 15 mai 2008

Sur les pas d'Ulysse

Kalimera,
Mercredi 7 mai. Pour la première fois le soleil nous abandonne, au bout de 15j : de gros nuages gris et lourds courent dans le ciel, quelques ondées…tous nos voisins de quais, expérimentés en météo grecque, craignent des rafales violentes et restent à quai…on ne va pas faire les bravaches et on attend !
Nous sommes à Vathi, capitale d’Ithaque, joli village neuf et coloré établi au bord de sa petite baie. Il a été détruit entièrement par le tremblement de terre de 1953. Ici on est chez Ulysse (toujours lui !) ! Il était le roi de cette petite île montagneuse et plutôt pelée, où, après 10 ans d’aventures homériques (!) il a fait le ménage parmi les prétendants de sa douce Pénélope ( en les tuant tous, tout simplement) pour prendre sa retraite….
Mais revenons au début ! L’Epire est le meilleur ? pas sûr, mais c’est pas mal ! Marie et Hubert débarquent à Preveza . Une petite voiture de location nous permet de nous enfoncer dans l’intérieur des montagnes de cette région sauvage, prêts à affronter le mode de conduite grecque. Nos premières vieilles pierres à Dodoni, réputé pour son théâtre, un des plus vastes et des mieux conservés de la Grèce antique. ……..Puis Ioanina, au bord de son lac de montagne comme Annecy. Le fief d’Ali Pacha, maître despotique de l’Epire, de 1788 à 1822 ( à La Rochelle, c’était l’année des « 4 sergents ») . Un beau salopard celui-là ! Longtemps au service des Turcs, dominants alors toute le Grèce, il fut l’ami, puis l’ennemi des Français qu’il battit à Preveza, envoyant les prisonniers survivants à pied jusqu’à Constantinople …on imagine la vie dans les geôles turques… ! Il extermina les Souliotes, rudes montagnards grecs, dont une soixantaine de femmes se jetèrent dans le vide avec leurs enfants, pour ne pas tomber aux mains de ses hommes ! Elles sont le symbole du courage et de la fierté grecs. Puis Ali voulut s’installer à son compte, en soutenant la révolte des Grecs contre les Ottomans ! Les Turcs n’ont pas aimé, et sa tête fut exposée à Constantinople. Une vie pleine d’actes de barbarie, de vilénies et de trahisons, et un harem de 500 femmes pour se détendre (quoique!). Mais Ioanina a une citadelle fort belle avec 2 mosquées et leurs minarets, souvenirs des Turcs…….Et enfin, un tour dans les gorges de Vikos, plus grandioses et sauvages que notre Verdon ! Avec encore quelques ours, loups et aigles divers.
Enfin Wadi Rum a repris la mer vers les Ioniennes du Sud, avec vent tranquille et soleil. Et je remercie encore tous les marins qui ont traîné leur quille dans ces eaux, Yves Pinault, Gilles Payet-B, Piero Giuletti, André et Nicole d’Arminel, Claude et Pierrette Billard, les Ganzies, Tom et Lotte, et ceux que j’oublie, et je mets en application leurs conseils , avec succès .
Le canal de Lefkas avec une étape dans cette ville charmante bien que touristique, avec ces clochers-campaniles en structures métalliques , très originaux…..Nidri, saturée de bateaux de loc, des dizaines, alignés…nous sommes passé presque sans regarder, pour aller mouiller tout au fond de la baie de Vlikho , avant de faire une nouvelle escale à Spartachori, sur Meganisi, où le village rend un hommage émouvant à un jeune marin mort en opération militaire….Un quai au fond de la petite baie, une pendille tendue par le tavernier pour amarrer le bateau, et sa taverne au bord de l’eau…quelques petits bateaux de pèche tout en couleurs sur l’eau turquoise, des oliviers, des cyprès, des ifs, des pins et toutes sortes de buissons et de fleurs accrochés aux pentes rocheuses, quelques moutons… voila le décor au soleil couchant! Superbe et bucolique, à vous faire rêver, n’est-ce pas ?.....Puis, quelques criques plus loin, nuit au quai d’Ormos Atheni, avec toute une flottille de bateaux de location ! C’est la rançon à payer, on n’est plus les seuls à vouloir profiter de ces endroits idylliques ! ça reste quand très sympa pour le moment (Mai) On s’inquiète de ce que ça sera en Juillet et Aout !!??
J’oubliais nos rencontres avec les dauphins (Tursiops truncatus) (on pense à toi , Gaëlle, à chaque fois !) et les tentatives d’Hubert de se mettre à l’eau pour jouer avec eux… mais ici, ils semblent fuir l’homme. A Mayotte, Hubert a des souvenirs très « forts » (faut dire comme ça, non ?) de jeux avec les dauphins.
Petite leçon de chose : le poisson-thermomètre, (Carapus acus) est un petit poisson qui trouve refuge dans l’anus des holothuries (concombre de mer). N’allez surtout pas à la pêche aux holothuries (pour les revendre aux japonais) dans le plus simple appareil, car le poisson-thermomètre va aussitôt chercher un autre orifice pour se cacher… ! Ca fait frémir !
Beaucoup plus sympa notre escale à Kioni, toujours sur Ithaque. Village coloré, grimpant sur la colline, dans le fond d’une grande crique à l’eau claire et transparente, mais encore trop fraîche pour s’y baigner, à notre goût !
Voila les amis, Wadi Rum va quitter Ithaque pour Céphalonie ,(Keffalonia) malgré les nuages…
On pense à vous tous, bien affectueusement
A bientôt....Yassas !